Avec ses dehors d’une immersion documentaire qui n’a rien à nous vendre, « Sous les figues » s’impose comme un long métrage de fiction d’une formidable santé. Erige Sehiri trouve aux côtés d’une poignée de récolteuses de figues, de quoi brosser, par délicates touches, le portrait d’une jeunesse désespérée de vie. Le film a remporté le Tanit d’argent, samedi, à l’issue de la 33ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage. Et il fait aujourd’hui sa sortie nationale.
Cinéma: « I and the Stupid Boy » de Kaouther Ben Hania, prête-à-porter
Film de commande, « I and the Stupid Boy » de Kaouther Ben Hania est son dernier court-métrage en date. S’il appuie sur ses partis-pris féministes, dans la lignée de ce que souhaite célébrer la marque du prêt-à-porter Miu Miu, son volontarisme finit par rattraper ses idées de mise en scène.
Sur Netflix : le ratage de Kaouther Ben Hania, une déception tunisienne
Que fait Kaouther Ben Hania avec une carte blanche pour parler de l’amour ? Elle accouche d’une comédie comme d’une souris. « Nuisette sexy et côtes d’agneau », qui prend place dans une série de huit courts-métrages arabes intitulée « L’amour, la vie, etc. », est visible sur Netflix qui l’a produite en mars 2022. Lecture.
Cinéma : Jilani Saadi, portrait du cinéaste en franc-tireur
En un mot comme en cent, c’est un cinéaste à part. Deux films déjà en montage, un troisième fraîchement sorti en salles, Jilani Saadi ne chôme pas. Il enfonce à chaque fois le clou, mais sans la moindre concession. Après avoir eu le Tanit de Bronze avec « Insurrection » lors des JCC 2021, Jilani Saadi a remporté le prix du meilleur long-métrage au festival Gabes Cinéma Fen, dans sa quatrième édition tenue du 6 au 12 mai.
Cinéma : Les migrations nocturnes vues par Younès Ben Slimane
Avec son deuxième court-métrage, « Nous le savions qu’elles étaient belles les îles », c’est sous le signe d’espaces et de gestes improbables que Younès Ben Slimane invite à imaginer les chimères qui naissent de la migration en pleine nuit enclose sur le reflux des éléments. Le film a été projeté au CPH:DOX Documentary Film Festival qui s’est tenu à Copenhague, du 23 mars au 3 avril 2022.
Cinéma : «Demain» de Dhafer L’Abidine, juste transitionnel
Entre l’intime et le politique, en s’élevant contre le déni de justice aux victimes du despotisme, «Demain » de Dhafer L’Abidine se distingue sans doute par une véritable sincérité. En revanche, il a les défauts de son ambition, c’est-à-dire un volontarisme du scénario couplé à une certaine naïveté. Actuellement en salles.
Cinéma : « Angle mort » de Lotfi Achour, nécessaire brûlot
C’est sans doute l’un des meilleurs documentaires de la décennie : animé, au propre comme au figuré, «Angle mort» de Lotfi Achour fait revenir Kamel Matmati de loin pour démonter le scénario de sa disparition forcée, en remontant les pièces d’une vérité privée d’archive. Ce film a été primé par la 44ème édition du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand, qui s’est tenue du 27 janvier au 4 février 2022. Lecture.
Cinéma: « Streams » de Mehdi Hmili, côté face côté pire
En cinéaste de la fracture, Mehdi Hmili met en scène dans « Streams » la trajectoire d’une mère aux abois à la recherche de son fils en chute libre. S’il fait un pas en avant par rapport à « Thala mon amour » (2016), il bute en revanche sur les graisses d’un naturalisme qui ramène sa peinture sociale à un cadre plus ou moins rond. Actuellement en salles.
Cinéma: «Manca Moro» de R. Temimi, démêler la pelote mémorielle
En offrant à ses interlocuteurs un espace de parole dépliée sur la durée, Manca Moro revient sur l’héritage des Siciliens de Tunisie dans un geste de cinéma de famille. Dans ce premier film documentaire, Rim Temimi a beau se mouvoir sur deux échelles, intime et collective, elle fait du surplace. Actuellement en salles.
Nawaat 2021–Moment forts : Expo «Black label» de Malek Khemiri
Pas plus qu’il ne convient de traverser les photographies de Malek Khemiri au pas de course, il ne faut chercher dans Black Label une pratique du compte rendu. Sa démarche, soumise à l’autorité de l’actualité, n’en tend pas moins à la dépasser. Ces images prises entre janvier et février 2021, seraient-elles plus que des petits cailloux laissés derrière soi, des instantanés de mémoire ? Une expo tenue du 10 au 12 décembre dans le cadre de Nawaat Festival.
Cinéma : « Communion » de Nejib Belkadhi, descente aux envers
En prenant prétexte d’un contexte pandémique qui le dépasse, « Communion » de Nejib Belkadhi mise sur ses moyens du bord pour considérer la maladie mentale de biais. Si l’idée ne manque pas d’intérêt, sa réalisation bute sur un programme délivreur de sens qui le prive du décollement escompté. Cette fiction est en salles depuis le 15 décembre 2021.
Tanit de Bronze JCC 2021: «Insurrection» de J. Saâdi, délires en partage
Sous ses contours de fable picaresque, « Insurrection » de Jilani Saâdi ne déplace pas tout à fait les coordonnées de sa filmographie déjantée. Mais plus que ses films précédents, il oscille entre l’heureux défoulement abâtardi qu’on connaît et une certaine simplification nerveuse à laquelle le cinéaste semble de mois en moins résister. Le film a remporté le Tanit de Bronze, hier, lors de la cérémonie de clôture des Journées Cinématographiques de Carthage 2021.
JCC 2021: «Papi, qu’as-tu fait de ta jeunesse ?» d’A. Adouani, l’heure du bilan
En faisant dialoguer à distance Gilbert Naccache et son fils, « Papi, qu’as-tu fait de ta jeunesse ? » sait obtenir du militant de l’énergie à revendre et du dramaturge de la lucidité à défendre. Mais il pèche par son didactisme qui embue un peu ce qui se joue d’intime dans une filiation comme dans un engagement. Ce documentaire d’Akram Adouani est en compétition officielle dans le cadre des Journées Cinématographiques de Carthage 2021.
Cinéma : « Li(f/v)e » d’Ismaël, montage à l’œil-prothèse
Film de montage, « Li(f/v)e » d’Ismaël renoue avec l’expérimentation de ses travaux vidéos autour des images opératoires d’une intervention militaire. Il s’en distingue en faisant jouer à contre-emploi le biotope de la déréalisation. Le court-métrage sera projeté en ligne, sur la plateforme Aflamuna, du 27 au 31 octobre 2021.
Photographie : «Cimetière des Inconnus » de K. Moussa, au purgatoire
Toujours sensible aux questions de la migration, Kamel Moussa revisite dans son « Cimetière des Inconnus » une nécropole dédiée aux migrants noyés en Méditerranée tout en documentant la vie en suspens des autres déboutés. La série est exposée au Musée de la Photographie d’Anvers, dans le cadre du Tiff 2021 qui se poursuit jusqu’au 12 septembre.
Littérature : «En pays assoiffé» d’E. Belhaj Yahia, version bourgeoise
Avec une petite histoire personnelle sous le coude, le roman « En pays assoiffé » d’Emna Belhaj Yahia (Éditions Déméter, Tunis 2021) pèse les tourments du présent, sitôt vécu, et les consigne comme blessure de la grande histoire. Lecture.
Photographie : « En Tunisie » de Jellel Gasteli, haltes en territoire
Au-delà du réchauffé qu’il propose, « En Tunisie » de Jellel Gasteli (Éditions Lalla Hadria, 2021), nous en dit davantage sur son nomadisme chevillé au corps, et sur un pays natal où il est possible, pour le jeune photographe qu’il était, de se perdre et de se retrouver. Lecture.
Photographie: «Les Enfants de la Lune» de Z. Ben Romdhane, lumières alliées
Voici un livre poignant, de photographies qui ne le sont pas moins : avec « Les Enfants de la Lune » (Éditions Lalla Hadria, 2021), Zied Ben Romdhane nous fait délicatement percevoir ce que la maladie génétique XP empêche de voir. Lecture.