Femmes Tunisiennes 55

Le mlawi de la dignité : Portrait de Naima, mère courage de Djebel Jelloud

Entre les va-et-vient des véhicules poids lourds qui surplombent le paysage de cette zone industrielle de Djebel Jelloud, difficile d’apercevoir le petit commerce de Naïma, niché entre les usines. Seule une pancarte faite à la main indique l’offre. Naïma vend des « mlawi » qu’elle prépare elle-même, des mouchoirs et des bouteilles d’eau. Une petite affaire montée depuis un an.

Deena Abdelwahed : Ovni musical pour défaire les clichés identitaires

Encensée par la presse européenne, Deena Abdelwahed a connu une montée fulgurante depuis qu’elle s’est installée en France il y a presque 4 ans. Entre djing et compositions originales, cette artiste issue de la scène alternative tunisienne sillonne les clubs européens les mieux réputés et vient de sortir son premier album « Khonnar » en novembre 2018, après un premier EP « Klabb » en mars 2017 sous le label français de musique électronique InFiné. Sa démarche expérimentale, sa situation de migrante et son statut de femme artiste arabe suscitent notre curiosité. Nawaat l’a rencontré à Tunis quand elle est venue clôturer le festival Tashweesh, le 8 décembre, à l’invitation de l’association Chouf et l’institut Goethe.

« L’Amour des hommes » de Mehdi Ben Attia : regards inversés

Sans rien renier de ses deux précédents films, Mehdi Ben Attia poursuit avec « L’Amour des hommes » sa quête de désirs fragiles et de corps qui se cherchent. C’est une histoire de regards inversés entre une jeune photographe tunisienne et ses jeunes modèles masculins. Sauf qu’en renversant le schéma iconoclaste de ce rapport de force, bonne idée du reste, la caméra cherche à se caler moins aux côtés des personnages qu’à leur place. Le film est en salles depuis sa sortie le 11 avril 2018.

Reportage au Cap Bon : Pas de chance pour le zhar

Entre mi-mars et mi-avril, les bigaradiers sont en pleine floraison. Comme chaque année au Cap Bon, les femmes s’activent pendant une trentaine de jours pour la cueillette du zhar, la fleur d’oranger bigarade. Si les petites récoltes familiales sont transformées à la maison en eau florale selon les traditions, 80% de la récolte régionale est livrée aux unités industrielles pour en extraire la très précieuse huile de néroli. Alors que la fleur d’oranger est la plus ancienne plante aromatique et médicinale traitée par les Tunisiens, seuls les grands transformateurs profitent d’un marché en plein essor.

« L’exception tunisienne », impasse de la lutte féminine contre le patriarcat

La décision émiratie d’interdire les femmes tunisiennes d’entrée sur leur sol a suscité une immense vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Nombreux sont celles et ceux qui protestent à corps et à cris sur l’honneur bafoué de la femme tunisienne. Les réactions, souvent chauvines voire xénophobes, révèlent à quel point les femmes en Tunisie sont encore prises en otages par le nationalisme. La rhétorique de « l’exception tunisienne » tant mobilisée ces derniers jours, porte en elle tout ce qui fait l’impasse des femmes tunisiennes dans leur lutte contre le patriarcat.

Luttes féminines régionales & féministes de la capitale : convergence ou rupture ?

Le constat est partagé par la majorité des observateurs : les mouvements sociaux, surtout ceux menés par des femmes, sont marginalisés par l’élite établie. La divergence de leurs intérêts et les différences entre leurs ordres de priorités les séparent. Mais qu’en est-il des possibilités de convergence quand les dynamiques féministes de la capitale partagent les valeurs fondamentales revendiquées par les protagonistes des luttes sociales féminines en région ? Nawaat ouvre le débat.

Représentation médiatique des femmes : La marginalisation en chiffres

Grandement impliquées dans la vie professionnelle, éducative ou encore dans les rendez-vous électoraux, les femmes restent, toutefois, mal représentées dans les médias audiovisuels. Le gap entre leur participation dans ces domaines et leur représentation médiatique est énorme. Le même déséquilibre qu’on peut constater dans la sphère politique décisionnelle. Le « quatrième pouvoir » est à l’image de la sphère politique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Harcèlement sexuel : Un jour… un combat

Au café-théâtre le mondial, lundi 9 novembre 2015 à 18h, plus d’une cinquantaine de personnes se sont rencontrées pour parler « harcèlement sexuel ». C’est dans le cadre de la campagne « un jour… un combat » de la Coalition pour les droits sexuels et corporels dans les sociétés à majorité musulmanes (CSBR) que l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates en partenariat avec l’Association Tunisienne de Lutte contre les Maladies Sexuellement Transmissible, We Exist (Mawjoudin), Chouf, Groupe Tawhida Bechikh, Rojainu, Waii et Withour Restrictions que ce rassemblement s’est tenu.

Femmes & Pub : la servitude standardisée…

La pub envahit notre quotidien, ce qui alimente la critique et l’envie de s’en protéger chez certains, tout comme, du reste, la consommation démesurée chez d’autres. Ceci est un constat qui ne cherche pas à faire une énième étude de l’image de la femme dans la publicité, jugée dégradante ; mais, plutôt, de formuler des interrogations par rapport à l’exploitation du corps des femmes et les inégalités de traitement médiatique entre les genres. Entamer un débat sur cette identité sexuelle démesurée, irréelle et hâtive qu’orchestre la publicité est nécessaire. Si cet article contient plus de questions que de réponses, c’est parce que, en Tunisie, cette sexualisation publicitaire est encore subtile. Par crainte de voir ce phénomène se développer, il convient de procéder à une sorte d’”arrêt sur image”.

Journée désillusionnée des femmes : Chronique des espoirs oubliés




Je n’aime pas les fêtes nationales. Toutes ces cérémonies auxquelles tout le monde prend part par patriotisme aigu, conformisme compulsif ou simplement par ennui, tout ce tohubohu facebookien provoqué par les éternels fêtards virtuels débordants d’énergie inutile, ce n’est pas ma tasse de thé. Et pourtant, en cette glorieusement banale journée du 13 août, qui me chatouille curieusement les tripes pour émerger de ma léthargie désillusionnée, je commence à m’intéresser à ce qui entoure ma conscience de naufragé intrépide dans l’immensité des abîmes de l’incompréhension.

Le bourguibisme paternaliste ne devrait-il pas mourir un jour ?

Le 3 août 2015, on commémorait la date de naissance de Bourguiba. De là, on flairait la nostalgie d’un temps révolu mêlé à une fausse conception de ce que Bourguibisme fut. Les hommages nationaux se répandent, les medias sont prolifiques et les réseaux sociaux sont inondes. Et au beau milieu d’un capharnaüm qui en général n’expose la femme que rarement et ne transmet son calvaire que de façon extraordinaire, surgissent soudainement les droits de la femme comme instrument de propagande. Il ne s’agit point de célébrer ces droits mais de remercier Bourguiba.

Mythes de la femme libérée par la Tunisie Progressiste

Non, ceci n’est pas un énième bouquet d’éloges des droits de la femme en Tunisie qui signe généralement avec un avertissement aux islamistes « Touche pas à mon CSP ! – code du statut personnel-. » Ceci est loin d’être une lettre de louange au “père du féminisme tunisien”, Bourguiba, ce visionnaire qui a décelé le potentiel tant caché de la femme comme être humain à part entière capable de lire, d’écrire, de contribuer au produit domestique brut –PIB- tout en s’étalant sur ses tâches domestiques nettes.

Eya, 13 ans, brûlée vive par son père : cela s’est pourtant passé en Tunisie… en 2014 !

Mercredi, 4 juin, à la Cité Ibn Khaldoun, un père a brûlé sa fille, Eya, 13 ans, après l’avoir vue dans la rue avec un de ses camarades. Le père qui s’est senti déshonoré a aspergé sa fille d’essence et a mis le feu à son corps. Il est actuellement en état d’arrestation. Admise au Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous, Eya a succombé à ses brûlures, après une agonie qui a duré des jours. Pour certains, ce crime terrifiant est un fait divers qui pourrait se passer dans n’importe quelle société et pas seulement en Tunisie. D’autres s’indignent en situant les faits dans un cadre plus général qui fait la lumière sur la posture de la femme dans la société tunisienne.