Si Ben Brik ne cesse de prêcher une littérature qui se veut couillarde, on lui doit quelques paquets de « texticules » méconnues. Le Bandit, qui vient d’être réédité aux Sud éditions, treize ans après sa première publication parisienne, en est un bon exemple. C’est l’histoire d’un Plagieur qui vole des bribes de livres entiers pour les recycler en un livre plein de tics, de trucs et de machins. Mais pour le « fou du paragraphe » qu’il est, on regrette qu’il le fasse en poseur. Faudrait-il lui taper dans le dos ? Un peu, oui, car ce serait dans tous les cas aussi efficace que de l’inviter à boxer.
Gilbert Naccache, l’intempestif
À l’heure du bilan, le militant a de l’énergie à revendre. Dans le dernier opus de sa quadrilogie, fraîchement paru sous le titre « Ana…chroniques » (Chama éditions, 2017), Gilbert Naccache remonte ses « souvenirs des dernières années du vingtième siècle et un peu au-delà ». Il prend tout ce qui remonte, depuis sa sortie de prison en août 1979 jusqu’à la révolution du 14 janvier 2011, en se livrant à une manière alerte d’historiciser le présent et d’actualiser l’histoire. Sur soixante-dix ans de distance, ces mémoires font vibrer chez lui deux cordes jumelles, celle de l’observation et celle de l’analyse.
« Journal d’un apostat » d’Anouar El Fani : de la littérature dispensable
Difficile de ne pas serrer les dents devant le « Journal d’un apostat ». L’actualité post-révolutionnaire servant de prétexte, cette fiction d’Anouar El Fani brasse les événements qui se sont déroulés du 17 décembre 2010 au mois de janvier 2016, du point de vue d’un imam mal dans sa peau, pour verser dans une démystification des impostures de l’islam politique. Mais on n’y voit que du feu : ce récit aux coutures lâches peine à ressembler à un journal intime.
ثورة الكيراتين واعتصام الست نجوم
ما العجب في عودة الطبيب النفساني فرانتز فانون إلى الرازي ؟ وأين الغرابة في عودة غريمه سليٌم عمار، الذي كان أبعده من المستشفى أواخر الخمسينات، إلى المشهد ؟ عاد سليٌم عمار بعينيه الزرقاوين ” محنطا ملفوفا كمومياء رفقة زبانيته لتهشيم عظام كل من يلتحق بفانون “. أما المفكر والمناضل الثائر على الاستعمار فعاد محملا بمشروع ” الكارتين الذي يهدف إلى تحويل أقسام المستشفى إلى معاهد تجميل ومنتجعات راحة “. مشروع بديل ضرب لوبيات الأطباء ومخابرالأدوية في الصميم. هذيان أيمن الدّبوسي الأدبي أشعل ثورة الضحك للإطاحة بمضادات الذهان الكلاسيكية وغير التقليدية، مستعملا كل مفردات الثورة.
Kamel Zaghbani, la littérature et son bordel
C’est un bordel, la littérature. Et un bordel signé Kamel Zaghbeni mérite qu’on y mette les pieds, ne serait-ce que pour les petites pilules d’ecstasy qu’il nous prodigue sans complexe. C’est que sa Machina Bona Hora remet au goût du jour un appétit de littérature dévergondé. Mais cette littérature, Zaghbani ne la porte pas en brassard. Ce qui l’intéresse, c’est une chose rêvée qui paradoxalement s’offre à la réprimande. Avec En attendant la vie, c’était la vie. Et avec son deuxième roman, placé sous le signe de Spinoza, c’est une machine à illusions qui nous fait baver.
Machina Bona Hora a obtenu le prix du roman de la 33 ème édition de la Foire internationale du livre de Tunis (24 mars-2 avril 2017).
Une autre lecture du roman de Mohamed Harmel « Les rêves perdus de Leyla »
Comme d’habitude, Elyes commence son jogging au début de la nuit. Cette nuit, il court et ne veux pas s’arrêter. Il est emporté par l’ivresse de la course. Au lieu de s’arrêter et reprendre son second souffle, il continue de courir et plonge encore dans le noir de la nuit.
”سهرت منه الليالي“ لعلي الدوعاجي : عن الأدب المرح والنقد اللاذع
إن المتمعن في أقصوصات “أبو القصة في تونس”، كما سماه الناقد توفيق بكار، يلاحظ أنه جعل نصوصه مطية لتضمين آرائه في السياسة الاستعمارية وانعكاساتها السلبية على المجتمع التونسي آنذاك. ولعل ما يميزه عن غيره وجعله رائدا من رواد الأدب التونسي هو قدرته على إضفاء بعد هزلي رغم جدية وحساسية المواضيع المطروحة في قصصه فهو لا يفضل الوعظ الثقيل فالقصة “صورة صادقة لمنظر شاذ” على حد تعبيره.
« Chroniques du Râzi » d’Aymen Daboussi : l’ordre psychiatrique mis à nu
À l’image des rapports sexuels dont ils sont pétris, les rapports textuels d’Aymen Daboussi avec ses lecteurs se méritent. Ses dédicaces aussi, semble-t-il. Sauf que l’auteur de ces Chroniques du Râzi a eu la très mauvaise idée de me dédier son dernier rejeton. Allez savoir pourquoi. D’ailleurs, je ne suis pas du tout sûr de mériter cet honneur. Mais rendre compte de ce recueil oblige à faire la part des choses. Ainsi, la déontologie sera-t-elle quitte, et ne fera pas de bourdes. Car d’un livre sur le mal, peut-on dire autre chose que le mal qu’il nous fait ?
منور صمادح : شاعر حاضر رغم التغييب
“إبتسم يا شعب” هي أولى الكلمات التي كتبها منور صمادح سنة 1948 والتي ستبقى كوصية للأجيال المتعاقبة وكدعوة للفرح والإقبال على الحياة. لقد توجه الشاعر إلى أبناء شعبه تماما كما صرخ فرحات حشاد من الأعماق “أحبك يا شعب”. ولأن صمادح من طينة الشخصيات الكبار فقد بث حبه للشعب وغيرته على الوطن عبر قصائده. لكن شعر صمادح إستهدفه النظام البورقيبي الذي عمق الهوة بين الشاعر والعامة من خلال منع دواوينه والتضييق عليه.
Ben Brik fait ses classes de dramaturge
Avec « Les frères Hamlet », Taoufik Ben Brik fait ses classes de dramaturge. S’il trouve son dérivatif dans Shakespeare, notre diablotin toutes catégories fait défiler Dostoïevski en coulisses, avec « Les frères Karamazov » sous les bras. En treize actes, il dresse un théâtre de forces où les questions ontologiques de l’être et de la jouissance précipitent le problème théologico-politique du pouvoir. Réinventant à plaisir ses personnages shakespeariens, Ben Brik ne lésine pas sur ses moyens pour les recycler en héros de « la tragédie arabe ».
Regard sur le livre « Le Cauchemar du Bathyscaphe » de Khaoula Hosni
Le Cauchemar du Bathyscaphe ne se lit pas à petites gorgées mais d’un seul trait. D’une part, le style est nettement travaillé, le langage est maîtrisé, apte à retenir l’attention du lecteur sur toute la longueur de l’ouvrage. D’autre part, une histoire cauchemardesque est tissée habilement, profondément habitée par des créatures imaginaires.
الشّاعر و القلق الوجوديّ : قراءة في مذكّرات أبو القاسم الشّابي
إنّ القلق الوجودي هو محرّك وركيزة لدى كثير من الأدباء والمفكّرين الكبار الذين تركوا أعمالا خالدة على مرّ العصور ( لعلّ أشهرهم الكاتبإ البرتغالي فيرناندو بيسوا بكتاب اللاّطمأنينة ) وأبو القاسم الشابي بمذكراته سجّل إسمه في قائمة الكتّاب الذين حولوا قلقهم إلى مادة إشتغلوا عليها ليخرجوا نصوصًا تستفزّ القارئ. و الحقيقة أنّ من يتتبّع مذكرات الشابي و يمعن في أدقّ تفاصيلها يكشف شخصيّة متفرّدة و متشائمة، تشاؤما يصل حدّ العدميّة في كثير من الأحيان
كمال الزّغباني و مغامرة البحث عن السّعادة
عندما شرعت في قراءة رواية “مَكِينَة السّعادة” لكمال الزّغباني، لم أستطع أن أمحو من ذهني صورة الفلسوف و أفكاره. فمؤلّف “أخلاط في البهيموقراطيّة و الثورة” فيلسوف و أديب في الآن ننفسه.فعلى القارئ – و منذ البداية و فى كلّ صفحة – ان يحاول إستيعاب التأمّلات الفلسفيّة من جهة و كذلك فهم الرسائل المضمّنة في طيّات هذه الرّواية.
Pour l’édition tunisienne
Karim Ben Smaïl dirige les éditions Cérès depuis bientôt 30 ans. Il dresse ici un tableau de l’état de l’édition en Tunisie, et tire plusieurs sonnettes d’alarmes. La principale étant le dysfonctionnement des mécanismes de soutien de l’Etat à l’édition :
« Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de quémander encore et toujours plus de subsides auprès d’un Etat en quasi-faillite, mais d’exiger que les budgets existants soient gérés plus sainement. Les deniers publics destinés à l’édition doivent faire l’objet d’une attention et d’un contrôle accrus, il y a péril en la demeure ».
“عشيقات النّذل” لكمال الرّياحي : رواية عن عالم النّذالة
يجد القارئ نفسه في متاهة منذ بداية هذه الرواية إذ يقحمه الرياحي في شبكة من العلاقات المشبوهة و الأحداث التي تتسارع فيتبعها مُرْغَمًا بغية الوصول إلى الحقيقة لكن دون جدوى. ففي كلّ مرّة تعتقد أنك حللت لغزا و فهمت أحجية “الشخصيّات-الأنذال”، تعود الأمور إلى سيرتها الأولى و يعود التشويق إلى أوجه. ينقل لنا مؤلّف “المشرط” مجتمعا قذرا مليئ بالمكائد و الدسائس و الجنون و الجريمة، صورة قبيحة سوداء يجعلنا الكاتب نتتبع أهمّ الشخصيّات الفاعلة داخلها.
رواية ”سان دني“ لعلي مصباح : تاريخ جيل من المهاجرين
تبدأ الرواية في أولى فصولها بوصف دقيق لمشهد تكرّر آلاف المرات و موقف يعرفه الشباب المهاجر في سبعينات و ثماينات القرن الماضي إذ يسعى مصباح لنقل و رصد أهمّ الصراعات النفسيّة التي يعيشونها و الحالة المزرية التي يعاني منها شباب تونسي لم يمض على ستقلال بلاده سوى عشرين سنة. كأنّ الكاتب أراد تخليد الإحساس و الإمساك بهذا المشهد ليكون بمثابة شاهد على عصره يبعث برسائل تحذير وتذكير إلى أجيال ستأتي بعده.
« Baganda » de Chokri Mabkhout : Politique du ballon rond
On le savait critique d’une gauche très gauche dans Ettaliani. Le voilà journaliste faussement distrait avec Baganda. En se penchant sur le football, ce sport de manchot tant boudé par l’intelligentsia, Chokri Mabkhout joue-t-il une nouvelle partie ? Ceux qui ont lu Ettaliani seront plus ou moins en terrain déjà connu avec ce nouveau roman “d’investigation”. Car, qu’il se fasse redresseur de tort ou observateur partial, Mabkhout enfonce toujours le même clou : il écrit moins pour tourner la page que pour lever un coin du voile.
Fawzia Zouari, du féminisme à rebours
Que faire au chevet d’une mère hospitalisée, agonisant à petit feu ? Dans son dernier roman, « Le corps de ma mère » (mars 2016), la réponse de Fawzia Zouari joue avec les deux faces d’une même médaille idéologique : en faisant parler sa mère, son récit insinue que féminisme et tradition sont inconciliables. Ce parti pris idéologique ne colle-t-il pas à une psychose coloniale qui se vomit à gros bouillons ?