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#Edito : Des agonisants, des morts-vivants et des revenants

Le président de la République a signé aujourd’hui la loi sur la réconciliation administrative. La journée du 24 octobre 2017 marque ainsi la date de capitulation de la Tunisie postrévolutionnaire face à la corruption et le clientélisme qui ont gangréné l’administration depuis des décennies au point de saper les fondements d’une économie saine. Une caste agonisante de la classe politique s’est trouvée des béquilles pour une dernière errance avant de tirer la révérence à ses nombreux rejetons menacés de disparaître.

Le Front Populaire à l’ARP: Au-delà de la contestation, peut-il être une force de proposition ?

Dans un contexte politique figé et sur fond de revendications sociales et économiques insistantes, l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) dominée par la droite ne constitue aucun espoir aux plus démunis. Le Front Populaire, détenteur du principal bloc de l’opposition, n’arrive toujours pas à s’imposer en tant que force de proposition législative innovante qui va au-delà de la contestation. Dans ce reportage, Hamma Hammami, Ahmed Seddik, Semi Ben Chaabane et Maher Hanin expliquent, chacun de sa position, les pourquoi de l’inertie de la gauche.

Assassinats politiques : L’amertume de Mbarka Brahmi, les craintes de Radhia Nasraoui

À l’occasion de la 4ème commémoration de l’assassinat de Mohamed Brahmi, le président de la République, Béji Caid Essebssi, a donné le nom du martyr à la Place d’Afrique, située au quartier du Belvédère à Tunis. Sa veuve, la députée Mbarka Brahmi, regrette, toutefois, la faible volonté des autorités politiques et judiciaires à dévoiler toute la vérité sur le meurtre de son mari, fondateur du Courant Populaire et un des leaders de la coalition du Front Populaire. En même temps, Maître Radhia Nasraoui poursuit sa grève de la faim entamée le 10 juillet en réaction à la levée de la protection sécuritaire permanente de son époux Hamma Hammami, leader du Front Populaire, réduite à un accompagnement lors des déplacements officiels.

La gauche contre Marzouki

Si cette gauche conteste aujourd’hui l’alliance gouvernementale dans toutes ses composantes, son principal ennemi ne sont ni les forces restaurationnistes, politiques, sécuritaires ou économiques, ni le libéralisme (quoi qu’elle prétende) mais toujours et encore Ennahdha ainsi que la nébuleuse qui a soutenu la Troïka, les courants qui ont appuyé la candidature de Marzouki à la présidentielle et ceux qui persistent à le soutenir. Or, nous ne sommes plus du tout dans la configuration qui était celle de la Troïka et de la Constituante.

Comment prendre le pouvoir sans être pris par lui

Que s’est-il passé réellement entre Youssef Chahed et Mongi Rahoui ? Peu d’informations intéressantes ont filtré à ce propos. Il en va de même, hélas, du premier congrès du Parti des patriotes démocrates unifiés (Watad) qui s’est tenu le weekend dernier. De quoi y a-t-on discuté, sur quoi ont porté les divergences, quelles résolutions et quelles décisions politiques ont été prises. Pour se faire une opinion, un Tunisien « normal » qui se renseigne à travers les médias devra donc lire entre les lignes, supputer le sens des mots et des silences, tenter l’interprétation de ce qui se dit ou, faute de mieux, interroger un voisin qui a une vague parenté avec un sympathisant des Watads.

Egalité dans l’héritage : les hommes du Front populaire ont décidé que ce n’était pas le moment

Une réponse autonome, c’est-à-dire localisée, contextualisée, populaire, à la question de l’inégalité dans l’héritage pourrait être apportée. Elle pourrait devenir une arme au service de la révolution et non pas un handicap ou un simple hochet que l’on agite selon les « moments » pour des objectifs qui n’ont rien à voir avec les droits des femmes.

Le mythe de la gauche putschiste, une survivance de l’ancien régime

Il est fascinant de constater l’aptitude des gouvernants tunisiens post révolution à reproduire les erreurs du passé. Il y a quatre ans, presque jour pour jour, le Premier ministre Hamadi Jebali ainsi que divers dirigeants d’Ennahdha accusaient sans les nommer des partis d’extrême gauche d’être à l’origine des troubles sociaux, et parlaient déjà d’« aide extérieure ». C’était un an après que le dictateur aux abois Ben Ali promettait de punir les fomenteurs des évènements de la révolution.

« Il faut prendre à César tout ce qui ne lui appartient pas »

Dans l’Etat tunisien, nous venons d’assister à la fin d’une première séquence de quatre années avec des élections législatives et présidentielle où les clans de l’ancien régime rejoint par une camarilla de renégats issus aussi bien de la centrale syndicale, UGTT, que des anciennes formations politiques se réclamant de la « gauche », ont remporté une manche. Avec une petite majorité à l’Assemblée Nationale et le presque nonagénaire à Carthage, la Destourie crie déjà victoire ! Mais c’est une victoire à la Pyrrhus.

Un échiquier politique en pleine mutation

Censée couronner la transition démocratique, l’intronisation du gouvernement Essid pose d’un point de vue socio-politique davantage de questions qu’elle n’en résout. Idéologiquement cohérente, la coalition entre un parti à référentiel destourien, deux partis néolibéraux, Ennahdha et des technocrates, correspond à une dynamique sans rapport avec l’esprit et les demandes de la révolution, renforçant l’impression d’une gouvernance sans réel fondement électoral.