Accusé par une jeune fille de Nabeul de harcèlement sexuel, Zouhair Makhlouf, député de QalbTounes, est la cible emblématique de la campagne de dénonciation contre les violences sexuelles à l’égard des femmes. Lancée en réaction à cette affaire, le collectif #EnaZeda ne cesse de réclamer la levée de l’impunité du parti présidée par Nabil Karoui. Une revendication réitérée, hier, devant le siège de l’ARP. « Il est scandaleux qu’un député accusé de harcèlement sexuel soit aujourd’hui au Parlement pour représenter les Tunisiens », a affirmé la militante de #EnaZeda, Nawrez Elafi. La jeune activiste appelle à l’application de la loi 58, adoptée en 2017, sanctionnant les violences faites aux femmes. « Il est impératif de protéger les femmes et les enfants, de plus en plus, victimes de violences sexuelles », a-t-elle martelé. Et de poursuivre : « On a tous vu les photos de Makhlouf. Le Parlement ne doit pas donner de légitimité aux harceleurs pour qu’ils puissent légiférer », a insisté Nawrez Elafi.

Côté députés, les avis sont plus ou moins virulents. Pour le député d’Ennahdha, Osama Al Saghir, « personne n’est au-dessus de loi. Pour que le législateur soit un modèle et mette en place des législations, il faut qu’il soit avant tout respectueux des lois ». Cet élu islamiste regrette la non-ratification par l’ancien président de la République, Béji Caid Essebsi, de la loi électorale empêchant tout candidat ayant un casier judiciaire entaché de se présenter aux élections. « Nous souhaitons que cette loi soit adoptée pour qu’une personne, accusée de harcèlement sexuel, de corruption ou autres, ne puisse pas être présente dans le Parlement car elle déshonore le peuple tunisien et les députés. Ces derniers doivent veiller à garder les mains propres et à se conformer aux valeurs de la société tunisienne », a-t-déclaré.

Selon le député du parti Courant démocratique, Mohamed Ammar : « Tant qu’un député a bénéficié du vote du peuple, il doit aussi prendre ses responsabilités face aux revendications de ce peuple. Il doit présenter au moins des excuses et des preuves de son innocence ». Et de poursuivre : « La pression populaire doit continuer face aux nombreux corrompus présents à l’ARP. Malheureusement, une partie du peuple leur a donné sa confiance mais nous appelons les patriotes à mettre la pression sur toute personne portant atteinte à ce peuple, qu’il soit un voleur ou un harceleur », a-t-il ajouté.

Pour sa part, la députée de Qalb Tounes Mariem Laghmani estime qu’« il faut laisser la justice trancher dans cette affaire. Les procédures sont claires, s’il y a un député impliqué dans une affaire de corruption ou de harcèlement, la justice est à même d’agir pour la levée de l’impunité du concerné ».

Quant au député indépendant Sahbi Smara, il considère que « ce n’est possible d’un député ayant une affaire de mœurs et un comportement pervers légifère au nom du peuple ». Et il ajoute : « Outre mon soutien aux manifestantes, j’appelle à la mise en place d’une charte morale déterminant les critères d’éligibilité aux postes de pouvoir. La dénonciation des harceleurs est un devoir », martèle Smara.

A noter que Zouhair Makhlouf a été mis en examen suite à une accusation de harcèlement sexuel porté par une lycéenne de Dar Chaabane El Fehri (Nabeul), appuyée par des photos publiées sur les réseaux sociaux.