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«Forgotten» de Ridha Tlili: La représentation, un enjeu politico-esthétique

Forgotten de Ridha Tlili a été tourné sur trois ans, de 2013 à 2016 : la démarche, rare dans le cinéma documentaire tunisien, est celle d’un accompagnement des personnages dans la durée et la proximité. Il en résulte une impression d’immersion dans des parcours marqués du sceau de la marginalisation et de la crise d’une démocratie naissante qui peine à faire une place à des citoyens oubliés par les régimes qui se sont succédé depuis l’indépendance. Le souci du temps long dépasse l’attention qu’accorde le cinéaste à l’existence des quatre jeunes qu’il suit et accompagne pour scruter les points aveugles des politiques de développement et les territoires en proie à un oubli institutionnalisé. Forgotten sera projeté mardi 13 février à 19h30 au CinéMadart.

Arts en Tunisie: la création asservie par l’establishment culturel

Il n’est pas anodin que Ben Ali ait voulu bâtir la Cité de la Culture dans les propensions et l’architecture que l’on connaît. C’est enfin dans l’ordre des choses que cette immondice soit achevée alors que celui qui était chargé par Ben Ali de l’achever sans jamais réussir à le faire à ce moment-là, Mohamed Zinelabidine, est aujourd’hui ministre de la culture. Ce n’est point une ironie de l’histoire : c’est la résultante de la lâcheté, de la compromission et de l’embourgeoisement généralisés de l’élite artistique et intellectuelle du pays.

« Forgotten » de Ridha Tlili : la révolution, le temps d’après

Le dernier volet de la quadrilogie documentaire de Ridha Tlili nous ramène encore une fois en territoire de marge. Sur fond de désillusion ambiante, deux années après la révolution, « Forgotten » suit quatre amis à la vie ébréchée, oscillant entre le dépit devant tant d’espérances trahies et la possibilité encore de faire bouger les choses. S’il va dans le sens d’une suffisance formelle qui n’est pas étrangère à la démarche du cinéaste, ce dernier chapitre aurait mérité un coup d’aiguille pour marquer enfin une passation de regard qui s’impose. Le film a été projeté en avant-première le 23 décembre 2017, dans le cadre des Rencontres du Film Documentaire de Redeyef.

In a town where « nothing has changed »: Documentary Film Festival of Redeyef

This year’s Documentary Film Festival of Redeyef (RFDR) takes place December 20-24, in the town whose name is almost synonymous with Tunisia’s phosphate industry and its deleterious effects on the surrounding populations and environment. Although the mining basin revolt of 2008 is considered a precursor to the Tunisian revolution in 2011, in 2017 residents affirm without hesitation that here in Redeyef, « nothing has changed ». Now in its fourth year, the RFDR, funded by the Rosa Luxembourg Foundation, is pushing to establish a perennial film festival here, a so-called difficult terrain that is parched for sustainable cultural outlets.