Pour expliquer la crise de la biodiversité au niveau global, les principales raisons invoquées sont:
- La destruction des habitats, qui concerne en particulier les régions les plus riches en biodiversité, notamment les forêts tropicales,
- Les changements climatiques qui affectent les zones les plus sensibles (pôles, calottes glacières, hautes montagnes, littoral…),
- L’utilisation immodérée des pesticides et autres polluants notamment dans les agroécosystèmes et les espaces soumis à de telles agressions (espaces urbains…),
- L’exploitation excessive, par les humains, des ressources biologiques, notamment les stocks de poissons et les forêts, pour leur bois…
Sans énumérer toutes les causes, la Tunisie n’échappe pas à ces tendances. Mais les explications ne concordent pas nécessairement avec les causes globales de raréfaction des espèces. D’ailleurs, les changements climatiques sont souvent invoqués pour expliquer certains phénomènes, comme si cela nous dégageait de nos responsabilités. Autrement, plus d’un phénomène (manque d’eau, incendies des forêts, émergence de nombreuses maladies…) est plus lié à une mauvaise gestion des ressources et à un retard technique plutôt qu’à un quelconque phénomène global. Si les hausses des températures estivales favorisent la propagation des incendies par exemple, ces derniers sont souvent provoqués par l’homme (non spontanés). Ils se propagent vite simplement parce que nous ne disposons pas de moyens efficaces pour en venir à bout en peu de temps…
Diversité des espèces
Parmi les Vertébrés terrestres, seuls les Oiseaux sont migrateurs. Les autres groupes (Amphibiens, Reptiles, Mammifères) sont sédentaires. Cependant, des espèces des pays voisins peuvent passer en Tunisie lorsque les conditions le leurs permettent, ou quand elles se sentent menacées (incendies, guerres). Ces passages concernent essentiellement les Mammifères qui répondent par le déplacement aux agressions subies par leur environnement. A titre d’exemple, le singe magot qui vit au nord-est de l’Algérie entre parfois en Tunisie. Lorsque cela arrive, il est tellement dérangé qu’il n’est guère parvenu à s’installer dans notre pays.
Pour ce qui est de la migration des oiseaux, on distingue deux types :
- La migration post-nuptiale, a lieu à la fin de l’été et donne lieu à l’installation de nombreuses espèces qui passent l’hiver en Tunisie, comme la plupart des Canards, la Grue cendrée… De nombreuses espèces ne font alors que passer par le pays pour atteindre leurs quartiers d’hiver, situés souvent au sud du Sahara…
- La migration prénuptiale, survient à la fin de l’hiver et au début du printemps. Elle nous amène des espèces qui s’installent en Tunisie durant l’été pour se reproduire, comme les Hirondelles, les Martinets, ou d’autres qui passent pour rejoindre leurs lieux de reproduction situés au nord de la Méditerranée…
Concernant la diversité des espèces, les Amphibiens sont les moins diversifiés, avec seulement sept espèces. Suivent les Mammifères et les Reptiles. Le nombre d’espèces représentant ces deux groupes n’est pas précis, simplement parce qu’aucun inventaire exhaustif et régulier n’a été établi au cours des dernières décennies. Un seul exemple pour illustrer ce fait, celui de la gerbille de James qui été décrite pendant les années 1970 de la région de Hergla. A notre connaissance, aucun essai de recherche de l’espèce n’a été entrepris. C’est aussi le cas d’autres espèces appartenant aux autres groupes cités plus haut.
Endémisme
L’endémisme désigne une aire globale de répartition restreinte à une région donnée. Une espèce endémique d’une zone géographique n’existe que dans cette partie du globe, et nulle part ailleurs.
Pour la Tunisie, les espèces décrites du pays et non encore signalées ailleurs comprennent la gerbille de James et la vipère de Boehm, de la région de Béni Khedeche.
Mais dans notre pays se trouvent aussi des espèces dont la répartition globale se limite à l’Algérie et à la Tunisie (rainette de Carthage, seps de Mertens…), au Maghreb (rat rayé, crapaud de Maurétanie…), à la Tunisie et la Libye (gerbille de Lataste)… Concernant ces espèces, la Tunisie assume une responsabilité -totale ou partielle- quant à leur conservation au niveau global.
Espaces et espèces en péril
La raréfaction des espèces est provoquée tant par la transformation de leurs habitats que par leur destruction. Ces actions ne ciblent pas des sites particuliers, mais finissent par éliminer les conditions nécessaires pour l’existence des espèces en ces milieux. Le dessèchement d’une zone humide (pour la mise en culture par exemple), ou l’altération de ses qualités (dépôt de déchets, pâturage excessif…) provoquent la disparition de l’ensemble des espèces qui les habitent, notamment celles ayant des exigences écologiques strictes.
Bref, sans demeurer dans les généralités, exposons le cas des espèces qui déclinent et présentons les causes directes du déclin constaté.
Les espèces qui subissent une pression directe sont celles recherchées par les chasseurs. Nous citons en particulier la Perdrix gambra, l’Outarde houbara, les Pigeons ramier et biset, les Gangas (unibande et cata), la Tourterelle des bois, le lièvre… Certaines de ces espèces ont été décimées entièrement de plusieurs régions. C’est notamment le cas de la Perdrix gambra et du lièvre.
D’autres, en revanche, sont considérées comme rares au niveau global (Outarde houbara, Tourterelle des bois), pourtant cette dernière espèce continue à être chassée « légalement » en Tunisie. Pour ce qui est de l’Outarde, le braconnage a décimé des populations entières. La chasse pratiquée par des notabilités des pays du Golfe a souvent été évoquée pour expliquer la raréfaction de l’espèce. Si le braconnage des pétrodollars est une réalité (on ne sait pas encore par qui ils sont couverts en Tunisie), cela ne justifie point les pressions exercées par les locaux (surtout au sud du pays). Il y a lieu de rappeler que l’Outarde occupait au début du 20ème siècle tout l’espace situé au sud de Kairouan. Actuellement, elle est confinée à quelques parcs et à des zones inaccessibles ou difficiles d’accès.
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