A cinq jours de la date fatidique légale de dépôt des listes électorales, la guerre des têtes de liste fait rage. Concrètement, peu de partis ont les moyens de présenter des listes sur l’ensemble du territoire. Al Massar fera liste commune avec l’UPT, tandis que le CPR mise sur de nouvelles recrues. Au gré des fuites et des noms quasi acquis pour figurer en bonne place, l’observateur de la vie politique a dès à présent un aperçu de quoi sera faite la campagne des uns et des autres.

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« Dans la famille Essebsi, je demande le fils »

A ce jeu-là, Nidaa Tounes confirme, si besoin était, son ADN patriarcal et dynastique, de la façon la plus décomplexée qui soit. Malgré les démentis publics du père à propos de la prééminence du rôle du fils au sein du parti, Hafedh Caïd Essebsi est propulsé à la tête de la liste Tunis 1 où il devrait affronter Ali Larayedh.

Dans la formation à référentiel destourien, rien n’a changé en somme depuis l’époque où Bourguiba nommait son fils ministre et ambassadeur. Depuis Sakher el Materi, aucun « fils de » n’avait siégé à l’Assemblée du peuple.

Aucune leçon ne semble avoir été retenue non plus du coût politique qu’avait eu la désignation du gendre de Rached Ghannouchi à un ministère régalien, ni plus généralement du rejet des pratiques népotiques en tant que demande essentielle de la révolution.

L’intellectuelle nationaliste Olfa Youssef, qui met « philosophiquement la dictature et la démocratie sur un même pied d’égalité », semble s’offusquer de cette dérive et a annoncé samedi avoir rompu ses liens avec Nidaa Tounes. Pour autant, aucun mea culpa de la « penseuse » pour son soutien inconditionnel au général al Sissi en Egypte.

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Présidentielles : la liste des candidatures loufoques s’allonge

Pas moins de 38 candidats ont annoncé à ce jour leur intention de se présenter aux élections présidentielles de novembre, dont 12 indépendants. C’est parmi ceux-ci que l’on trouve les individus les plus improbables, ceux qui ne doutent de rien…

Ainsi, après la bimbo économiste Leila Hammami et le va-t-en guerre « officier de réserve » Zied el Héni, l’homme des médias Tahar Ben Hassine, dont la chaîne TV est devenue à coup de monologues une sorte de Fox News local, a annoncé le 14 août lancer ni plus ni moins qu’une vaste « consultation populaire » à travers son numéro de téléphone. Optimiste, il promet de ne pas se présenter s’il reçoit moins de 100.000 sms.

Dans une séquence intitulée « justifications de la consultation » postée au lendemain du premier anniversaire du massacre de Rabâa Adaouia, l’homme revient sur les choix de politique étrangère de Moncef Marzouki, qu’il impute tous à son « allégeance à Ennahdha » (sic), déplorant la rupture des relations diplomatiques avec l’Egypte et la Syrie. Gageons que sous présidence anti universaliste Ben Hassine, la Tunisie reviendrait dans l’axe du régime génocidaire de Bachar al Assad et de la dictature militaire d’al Sissi, fraîchement épinglée par Human Rights Watch pour crime contre l’humanité.

Mais la palme du cynisme revient cette semaine à l’ex multi ministre de Ben Ali et ancien secrétaire général du RCD, Abderrahim Zouari, officiellement candidat du Mouvement destourien à la présidentielle, une décision prise samedi à l’issue de la réunion de l’instance politique du parti, présidée par Hamed Karoui, précise-t-on.

Interrogé sur ce qu’il pense de l’Instance Vérité et Dignité, ce dernier, optimiste également, avait déclaré qu’une fois partie prenante de la majorité parlementaire, son parti reviendra sur le texte législatif fondateur de l’instance et la fera annuler. C’est dire à quel point les velléités contre-révolutionnaires avancent désormais sans masques.

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Le gouvernement Jomâa épinglé par diverses ONG

« La suspension d’activité imposée par le gouvernement tunisien à plus de 150 organisations de la société civile à travers le pays pour des liens prétendus avec le terrorisme est une décision disproportionnée et arbitraire », a dénoncé cette semaine HRW, décidément vigilant sur la Tunisie, dans un rapport intitulé sans détours « Suspension arbitraire d’activité pour de nombreuses associations ».

Dans ce même dossier, l’Observatoire tunisien des droits et libertés déclarait que « le limogeage de Slim Briki est illégal », épinglant ainsi doublement Mehdi Jomâa. Contacté par téléphone, l’ancien directeur général des associations et des partis politiques, remplacé le 14 août par Karim El Mehdi, affirme toujours ne pas savoir les motifs exacts de son limogeage.