Coupable… d’avoir fait son travail. Le journaliste Fahem Boukadous est recherché par les autorités tunisiennes depuis le 5 juillet 2008. Correspondant de la télévision privée Al-Hiwar Attounsi (dont le slogan est “La parole libre est l’essence d’un État libre”), il est officiellement poursuivi pour “appartenance à une association de malfaiteurs” et “diffusion d’informations de nature à troubler l’ordre public” et risque jusqu’à 10 ans de prison. Son “crime” ? Selon Reporters Sans Frontières (RSF), qui lance un appel pour que soient abandonnées les poursuites, il est accusé d’avoir couvert pour la chaîne des manifestations populaires dans la région de Gafsa (sud-ouest tunisien) et d’avoir mis en contact des médias étrangers avec les syndicalistes.

Correspondant dans la région, Fahem Boukadous a été le premier à pouvoir filmer les mouvements des ouvriers de Gafsa qui manifestent depuis le début de l’année pour dénoncer la marginalisation, la pauvreté et la corruption. Il a ainsi relaté les arrestations arbitraires de la police (de manifestants et de syndicalistes) et recueilli les témoignages d’une population fortement touchée par le chômage. D’après RSF, les autorités tunisiennes empêchent toujours la presse de se rendre en toute liberté dans la région.

LM


Grâce aux images filmées par Fahem Boukadous, d’importants médias panarabes ont pu montrer les manifestations dans le Bassin minier de Gafsa. Les vidéos tournent aussi sur Youtube, site censuré en Tunisie. Ce reportage a été mise en ligne en avril, alors que l’agitation sociale était à son apogée après que des centaines de manifestants se sont retrouvés encerclés par les forces de l’ordre à Redeyef.

Source : De Source Sure