C’est l’approche de la date de la promulgation du décret de convocation des électeurs qui devrait se faire par le président de la République avant le 9 septembre qui a dépêché ces partis politiques de dessaouler. Avant de se rendre compte que l’été prend fin, il semble qu’ils se disaient que les échéances décisives du processus démocratique, ça peut attendre. Après tout, l’alternance, on peut lui substituer les consensus et les pactes aussitôt bafoués par leurs propres signataires, à l’instar du « Document de Carthage ». 5 mois sont passés depuis l’annonce de la date du 17 décembre. Pourtant, aucune action politique n’a été entreprise par ces partis afin d’alerter leurs électeurs sur le péril guettant la tenue des élections à temps.

Al Jomhouri, Al Massar, Al Watan, Al Badil Ettounsi, Tounes Awalan, Machrou Tounes, le Parti du Travail Patriotique Démocrate et Afek Tounes ont tenu aujourd’hui une conférence pour plaider leur revendication dans les médias. Hier même, Hamma Hammami, porte-parole du Front Populaire, a exprimé la même position sur Jawhara Fm. Si c’est un tant soit peu prévisible de la part de l’opposition habituée à la dénonciation du sens tordu des priorités de la coalition gouvernante, la manœuvre des autres partis -qui se complaisent dans leur proximité avec les partis dirigeants ou maintiennent le silence sur leurs exactions- témoigne d’une grande immaturité. Une attitude capricieuse.

Dans leurs déclarations aux médias, les responsables de ces partis invoquent le Code des collectivités locales non-adopté par le législateur, les sièges vacants dans le conseil de l’Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE) et la non-implémentation des nouveaux tribunaux administratifs. Que de bonnes raisons. Or, elles ne sont pas crédibles vu qu’aucun de ces partis n’a été éveillé de sa sieste estivale pour entreprendre une action. Aucun n’a tiré auparavant la sonnette d’alarme. Les plus sincères parmi eux avouent entre deux lignes de poudre aux yeux qu’« ils ne sont pas prêts ». Un peu de sincérité dans un monde d’artifices, en attendant une once d’autocritique et une désintoxication de cette dépendance à invoquer de bonnes raisons pour justifier des démarches fourbes.

Qu’assurent ces partis des fonctions à remplir par le type d’organisations qu’ils représentent dans une démocratie ? Échec total de la fonction programmatique, puisque depuis la révolution, aucun parti accédant au pouvoir n’a mis en application le programme qu’il a présenté aux électeurs. Ceux de l’opposition n’y travaillent pas non plus avec rigueur en portant des initiatives législatives et en les plaidant dans la rue et les instances élues. Depuis les dernières législatives de 2014, leur nombre est dérisoire. Durant la dernière session parlementaire, leur bilan est carrément nul. La fonction de la structuration n’est pas non plus assurée dans la majorité des cas. Il s’agit de cadres circonstanciels, comités instables et hiérarchies volatiles. Quant à la fonction de l’encadrement, il est clair que les partis politiques n’arrivent pas à mobiliser. Cette capacité a été extrêmement réduite depuis la coalition entre Ennahdha et Nida Tounes. Des alternatives au clivage sociétal n’ont pas été élaborées. De quoi plomber la diversité de l’offre. Ils n’arrivent à assurer que deux fonctions de celles attribuées aux partis politiques : la fonction tribunitienne et celle de la stabilisation du système politique. Parler, ils savent le faire. Conserver le statu quo, ils sont carrément créatifs en la matière.

Voilà ce qu’il en est : Les négociations d’alliances ont montré leurs limites. Le peu de coalitions scellées est plus que jamais à bout de souffle. Les perdants de la scission de Nida Tounes n’ont créé leurs partis que récemment.  C’est l’heure de demander un changement des règles du jeu, tel un enfant grincheux. Déjà 7 ans depuis la destitution de l’homme qui a infantilisé peuple et classe politique, et ils n’ont toujours pas atteint l’Age de raison. Résolument, ces partis politiques dévoilent ainsi leurs visages de pourris gâtés de cette transition. Ils ne s’acharnent pas à la porter à bon port. Ils attendent, dans leurs zones de confort respectives, qu’elle vienne jusqu’à eux.