Balancé vivant dans le feu, comme on se débarrasse d’une poubelle. Quel genre d’être humain fait ce genre de chose ?
Balancé vivant dans un feu et à peine soigné, la Présidence a besoin d’un devis détaillé. Quel genre d’être humain fait ce genre de remarque ? Quel genre d’être humain tente de chiffrer la souffrance et la douleur ?
Helmi Khadhraoui, 18 ans, une vie foutue. Il est là, posé sur le canapé, recroquevillé sur lui-même, et il fume. Beaucoup trop. Il est là et je me demande si, chaque fois qu’il utilise son briquet, il sent à nouveau le feu sur sa peau, si l’odeur de la chair qui brûle lui revient en mémoire, cette odeur qui donne la nausée, cette odeur atroce, âcre.
Helmi a été élevé par sa grand-mère à Kasserine. Comme beaucoup, il vient d’un milieu défavorisé. Il commence une formation professionnelle pour être technicien auto. Avec ses 10 doigts, il compte bien gagner sa vie honnêtement. En fait, il ne gagnera rien. Le 8 janvier 2011, à Kasserine, deux policiers l’attrapent et le jettent sur des pneus en feu. Il a 16 ans, son enfance s’arrête là. Il passera 8 mois à l’hôpital.
Aujourd’hui, il a le torse et le cou couvert de cicatrices, une oreille endommagée et des brûlures aux bras, aux mains et aux jambes. Le certificat médical émis à Ben Arous parle de lésions « du 2e degré superficielles au niveau de la face et du 2e degré profondes au niveau du tronc, des deux membres supérieurs et des deux membres inférieurs, évaluées à 33 % de la superficie corporelle. »
Été comme hiver, il porte un foulard autour du cou. Les gens qui ne l’ont pas vécu ne connaissent pas la honte d’un corps marqué : un évènement de notre vie qui nous suit partout, que l’on voit devant chaque miroir, que l’on voit dans le visage des autres quand leurs yeux s’égarent et insistent trop longtemps, scrutent la peau et cherchent à comprendre.
Helmi ne voit pas de lendemain, il a honte de lui-même. Il ne veut plus aller à l’école. Mais, pourra-t-il travailler un jour ? Aujourd’hui, Helmi risque de perdre un bras parce que la Présidence compte ses sous. Le 27 décembre, le ministre des Affaires sociales le reçoit. Khalil Zaouia est orthopédiste. Il explique que Helmi doit être rapidement pris en charge, il a une bride au niveau de l’aisselle et ses nerfs risquent d’être endommagés. Le ministre téléphone directement au Docteur Jmela, chirurgien plasticien, qui reçoit Helmi dès le lendemain. En deux mois, il peut lui offrir une nouvelle vie : réparer son oreille, ses cicatrices au cou, lui permettre d’utiliser à nouveau complètement son bras. Le docteur Jmela est prêt à opérer gratuitement.
Il aurait suffi que les frais de la clinique soient pris en charge. La Présidence avait dit oui. Alors, jeudi 3 janvier, Helmi s’est présenté à la clinique pour être soigné. Rien n’avait été reçu. Le lendemain, un devis a été envoyé à la Présidence. Samedi, celle-ci a exigé une version détaillée. Helmi attendra.
Quand il a été admis à l’hôpital des grands brûlés de Ben Arous, en janvier 2011, le certificat médical mentionnait que Helmi s’était immolé. Un mensonge énorme ; un crime… encore. Le cas de Helmi est pourtant cité dans le rapport Bouderbala, qui parle d’un jeune homme, violenté par des policiers à Kasserine, jeté dans le feu. Le nom de Helmi est cité dans la liste des blessés du rapport Bouderbala. Impossible donc de crier au faux blessé.
Alors qu’il aurait dû s’enregistrer au siège du gouvernorat pour bénéficier d’une prise en charge et de bons de soin, Helmi était à l’hôpital, incapable de se déplacer. Il n’a bénéficié ni de reconnaissance, ni d’indemnités. Certains au sein de l’ANC continuent de le dénigrer, prétendant qu’il s’est immolé, qu’il n’y a jamais eu de policiers, ni de pneu en feu et qu’il n’a jamais été balancé vivant dans les flammes.
En plus de devoir quémander les soins qui lui sont dus, en plus d’être laissé sans suivi psychologique, Helmi est traité de menteur. Pourtant, il est là le début de la guérison : la constatation des blessures. La reconnaissance de la vérité et les remerciements pour le courage.
M. Marzouki, seul dans votre palais et M. Jebali, chef d’un triste gouvernement, si vous ne vivez plus terrés, c’est parce que la chair de ce jeune homme a brûlé. C’est parce qu’en sortant dans la rue, il a effrayé l’ogre dont vous rêviez la chute. Aujourd’hui, vous êtes cet orge, ingrat et aveugle. C’est Helmi qui vous a permis d’exister autrement, Helmi et les autres. Aujourd’hui, votre mépris le tue. Ne soyez plus insolents Messieurs ! Helmi n’a pas peur des ogres.
Merci pour ce pamphlet apocalyptique où vous avez déclaré, en tapotant tranquillement votre clavier, que la vie de ce jeune de 18 ans était déjà foutue. Désolée de contrarier votre poussée lyrique, mais j’ai quelques précisions à apporter à votre bilan:
– La vie de Helmi a peut être mal commencé, mais elle est loin d’être foutue, il a assez de force en lui et est assez bien entouré pour reprendre ses marques et se bâtir un avenir.
– Ses cicatrices vous dégoûtent peut être, mais le peu qui en restera après sa chirurgie, il le portera comme une médaille de bravoure, un emblème de la volonté d’un peuple, un gage d’amour pour la liberté.
– La présidence ne compte pas ses sous, elle compte les sous du contribuable tunisien. Si la chirurgie s’impose, elle n’est pas urgente et c’est normal qu’elle prenne le temps de négocier les meilleures conditions, sous peine d’être accusée de dilapider les deniers publics.
– C’est grâce à la présidence et au ministère des affaires sociales, aux médecins et autres bénévoles de cette société “décadente” qui travaillent discrètement que ce jeune homme aura une chance, vos articles “dénonciateurs” qui se nourrissent de ses malheurs ne lui sont d’aucun secours.
Le temps des récriminations est passé, le temps est à l’action!
Je ne comprend pas les motifs de cette critique aigue de l’article, Sana a exposé l’état des lieux, justement, le reflet d’une sombre réalité, l’image qu’on veut pas voir. S’il était bien entouré comme on prétend, il n’aurait pas essayé de se suicider dernierement Helmi. Et puis “articles dénonciateurs qui se nourissent des malheurs” est un jugement d’intention ! En ce qui concerne l’appel à l’action pas aux dénonciations rappelez vous que si les blessés de la révolution ont un statut actuellement en ton que tels c’est grace à une certaine grève de la faim entamée par 2 journalistes de Nawaat, Imen ben Ghozzi et des blessés au local de Nawaat, mais peu importe actuellement, allons droit vers ce que vous considérez comme anomalique : on aurait pas du réveler que la présidence a exigé un devis détaillé ? et entre temps n’a rien fait pour prendre en charge psychologiquement le jeune homme ? Je sais bien que beaucoup d’activistes bénévoles comme Azza, Gilbert, Lilia Bouguira, Imen Ben Ghozzi, Mounir Ouakel, Jamel Mkadmi vous faites de votre mieux, en pérséverant, mais on ne peut dans ce contexte empécher une journaliste de révéler une vérité, c’est sa tache. On a les memes objectifs mais les manières d’agir différent, c’est pas une raison pour s’accuser mutuellement sur la base de jugements d’intentions.
Réponse au commentaire de Imen Oueslati .Les “précisions” que vous dites apporter à ce bilan, n’en sont pas, elles ne sont qu’une interprétation un peu masochiste des souffrances de ce garçon ; parce que les cicatrices en forme de médaille de bravoure j’aimerai bien vous les voir porter.Vous avez donné, vous, des gages d’amour pour la liberté ? Et puisque que vous êtes si bien informé du travail “discret” fait par ceux dont c’est leur rôle pouvez-vous nous dire pourquoi il n’ont pas opéré Helmi? Mettez-vous à l’action donc, donnez des signes de bravoure et d’amour pour le pays et pour Helmi et allez leur dire que le temps presse.Je compte sur vous pour que bientôt(très bientôt)vous puissiez nous donner de bonnes nouvelles à son sujet.Peut-être que finalement cet article aura servi à quelque chose.
“La présidence ne compte pas ses sous, elle compte les sous du contribuable tunisien. Si la chirurgie s’impose, elle n’est pas urgente et c’est normal qu’elle prenne le temps de négocier les meilleures conditions, sous peine d’être accusée de dilapider les deniers publics.”
—> C’est aussi par l’argent du contribuable que Helmi a été blessé! C’est à l’état de prendre en charge les blessés, tout autre contribution est la bienvenue mais seule l’état qui est en obligaiton.
—> La présidence s’était engagé sur le dossier des blessés depuis le début et a manqué à son engagement. Je sais pas depuis quand tu suit le dossier des blessés mais moi je me rappel des promesses de Marzouki avant les elections et celles de son équipe juste après son accès à Carthage, rien de ce qu’ils avaient promis n’est fait!
Le temps n’est plus aux récriminations, le temps est à l’action !
—> C’est pas à quelqu’un de Nawaat que tu devrais adresser cette replique.
Sinon, Sana n’a fait que relater les faits sur la situation actuelle de la chose et c’est son travail de journaliste, les autres considérations ne lui servent à rien!
J’adore cet article. Je le trouve réaliste et touchant. Le dernier paragraphe est un petit bijou mais ce que j’adore par dessus tout c’est cette solidarité dont vous faites preuve à Nawaat quand l’un des vôtres est “attaqué”. je vous trouve sublimes les gars. Vous faites du super boulot. Continuez!
الشهداء والجرحى في سبيل الوطن منذ 1881 الى اليوم هم الأكرم منا جميعا . واجبهم على الشعب أن يكرّمهم ،ومهما بذل من أجل ذلك فلن يوفيهُم حقّهم. وجرحى الثورة الحديثة لهم في أعناقنا -حكومة ومعارضة وشعبا_إضافة إلى واجب تكريمهم واجب العناية بوضعهم -الصحي والنفسي والمادي- مهما كانت جراحهم كبيرة او صغيرة، حتى دلالهم مهما كان مبالغا فيه فعلينا أن نتقبله برحابة صدر كما يتقبل الاب من أبنائه .وعار علينا جميعا أيما عار أننا عاجزون عن لملمة جراحهم سواءا بالفعل المادي الملموس و بالكلمة الطيبة بالزيارة الائمة و بوردة تحملها لهم طفلة بريئة في كل عيد. والله لو تبرّع كل مواطن ب 100 مليم لكفيناهم بها هم وابناؤهم ولغيّرنابها حياتهم واوفيناهم بها بعضا من حقهم علينا . فيا أيها الحكام اليوم وغدا ويا أيتها المعارضة اليوم وغدا ماذا يكلفكم ان تقططعوا “…دينار ا” من كل مال تنفقوه في حملة او لقاء جماهري مع انصاركم وتهدوه لهم . تصوروا كم غُصّة تزيلونها من قلوبكم.
يقول المولى عزّوجل “ياأيها اللذين آمنوا لما تقولون ما لاتفعلون ،كبُر مقتا عند الله أن تقولوا مالاتفعلون”
Critiquer un article de Nawaat serait il devenu un blasphème? Comment se fait-il qu’un simple commentaire vous mette dans cet état? Ce n’est pas rassurant pour ceux qui voient en vous l’espoir d’un journalisme digne de ce nom. Helmi a été opéré hier, c’est ma réponse. Et c’est le résultat d’un travail acharné mais discret de moins d’un mois, alors que d’autres ont criaillé pendant deux ans sans rien concrétiser et se vantent maintenant sans honte d’un travail qu’ils n’ont pas fait.