Abdelwaheb Abdallah, ministre des affaires étrangères tunisien. (AP Photo/Stephen Chernin)

Dans un dernier article j’ai formulé mes « sérieux doutes » sur l’honnêteté des déclarations de notre ministre des « affaires mensongères » sur le « statut avancé » que l’UE aurait accordé à la Tunisie.

La vérité c’est qu’il ne s’agissait qu’une candidature tunisienne qui sera étudiée avec « bienveillance » par l’UE. Il ne fallait pas enquêter pendant des mois, juste quelques vérifications de bon sens suffisent pour comprendre que notre ministre ne faisait que prendre nos « vénérables » conseillers pour des andouilles.

Et comme d’habitude dans ce genre de magouilles médiatico-propagandistes, c’est à une obscure agence de presse à l’indépendance douteuse de diffuser la bonne nouvelle. Après, il ne reste plus aux Médias officiels et autorisés qu’à reprendre « l’information » en faisant monter la sauce avec des analyses pseudo-objectives. Même l’opposition s’est faite prendre et a ressorti illico les déclarations de circonstances.

Mais voilà, mes « doutes » semblent avoir entamé la certitude des rédacteurs du site internet espacemanager.com, un des sites qui ont relayé les déclarations du ministre. 3 jour après la publication de l’article par l’express.fr, ils se sont fondus d’un article qui exprime leurs désarrois de « ne plus rien y comprendre » et se demandent : « ce qui retenait nos politiques à nous éclairer encore plus sur la question. ».

On ne peut qu’être de leur avis, surtout qu’ils ont repris une bonne partie des arguments pour enfin reconnaitre que « le communiqué de la partie européenne évoqué par l’agence APA et repris par plusieurs journaux s’avère être introuvable sur les supports de diffusion de l’Union européenne a-t-on appris du journal français l’Express. » Sans aller jusqu’à mettre le lien de l’article. Mais c’est peut être trop leur demander !

Pour le correspondant tunisien de JeuneAfrique.com les choses sont plus claires. En oubliant de revenir sur les déclarations du ministre, le journaliste nous rappelle la décision du dernier conseil d’association qui se trouve disposé « à étudier avec bienveillance » cette demande. « Mais l’on n’est qu’au début du processus de réflexion par un groupe de travail conjoint dont les travaux n’ont pas encore démarré » s’en presse-t-il de préciser.

Devant « les doutes » qui commencent à gagner des rédactions en général peu farouches, il fallait que quelqu’un vienne au secours de notre optimiste ministre. C’est le bimensuel l’Economiste Maghreb qui s’y colle et nous apprend que le chef de la délégation européenne en Tunisie est « très confiant quant aux chances réelles de la Tunisie d’accéder, dans les meilleurs délais à «un statut avancé » ». Tellement confiant qu’il a même déclaré que « la Tunisie est suffisamment avancée dans son rapprochement avec l’Union européenne pour accéder à ce statut ». Nous sommes donc « suffisamment » avancés pour obtenir le « statut avancé » ! Nous voilà donc à moitié rassuré !

Parce que, du coté des autorités, du ministère concerné plus précisément, toujours aucune réaction. Silence radio ! Pourtant notre ministre à beaucoup à nous dire. À commencer par s’expliquer à propos de cette « faute de gout » diplomatique. Mais surtout nous informer du déroulement et du contenu de ces négociations avec l’UE qui au cas où il l’aurait oublié, concerne en premier lieu les tunisiens eux-mêmes.

Il serait par exemple intéressant de savoir si le gouvernement tunisien s’apprête à engager les réformes nécessaires dans le domaine politique pour préparer la future accession au « statut avancé » dans le respect de l’esprit du plan d’action de la politique européenne de voisinage ? À l’approche des prochaines élections présidentielles qui, selon le dernier rapport de suivi de l’EU, posent « des enjeux essentiels pour le fonctionnement du processus démocratique tunisien », le régime en place a encore le temps de montrer sa « bonne volonté ».

Ou va-t-il plutôt profiter du « principe de différenciation », nouvelle invention européenne, qui consiste en des accords de coopérations « sur mesure » ? « Ce rapprochement d’intérêt mutuel pourrait concerner plusieurs secteurs d’activité comme par exemple le commerce, l’environnement, la politique maritime et de la pêche, les transports ou l’énergie. » aurait déclaré l’EU. Il est certain qu’on risque gère de se fâcher en parlant de nucléaire, d’énergies renouvelables ou de TGV. Même s’ils veulent parler poiscaille, l’UE aura du mal à donner des leçons à la Tunisie alors que deux de ses membres, la France et l’Italie, sont soupçonnés, autant que la Tunisie, de « pêche illégale » !

Malek Khadhraoui
stranger-paris.blogspot.com