La Tunisie est l’un des trois premier pays dans le monde qui ont vu le nombre de leurs utilisateurs Facebook croître le plus ces trois derniers mois avec 260 pour cent. Il y a, à peine cinq mois, le phénomène commençait à se dessiner. Le 14 aout 2008 le célèbre réseau social ne comptait que 28 313 tunisiens inscrits, le 24 août le site est censuré par les autorités, une procédure courante dans ce pays mais qui soulève un tollé sans précédent cette fois obligeant le pouvoir à faire marche arrière.
Aujourd’hui, d’après le service statistique de Facebook 223 955 tunisiens sont inscrit au 6 janvier. Le chiffre s’est presque multiplié par dix en moins de cinq mois. Il y a trois semaine le nombre n’été que 166 927 le 11 décembre dernier, presque 50 000 nouveau inscrit en moins d’un mois. Les jeunes tunisiens représentent l’essentiel de cette vague d’immigration vers le virtuel, 205 142 des 223 955 inscrits ont moins de 35 ans.
Indépendamment de la lecture dont on peut donner aux chiffres, on ne peut que voir se dessiner une véritable fracture entre la dictature qui cherche en vain de tout contrôler et de tout bloquer et les nouvelles générations résolument engagés dans l’ouverture et la liberté d’expression. Chaque matin, on peut consulter ces derniers jours les vidéos pris par des jeune lycéens des rassemblements et des manifestations survenus la veille dans les cours de leurs lycées en solidarité avec Gaza.
Un hyper activisme communautaire est en train de prendre forme, les slogans et les revendications se transmettent sur le web et se propagent dans tous les lycées et universités du pays. Bloqués par la police qui assiège tous les établissements d’enseignement, directeurs et administration tentent de gérer la situation calmement face à des élèves qui n’arrêtent pas de scander chaque jour « لا دراسه لا تعليم حنى تتحرر فسطين » (Pas de cours, pas d’enseignement jusqu’à la libération de la Palestine)
Aujourd’hui des groupes sporadiques de jeunes se sont constitués dans divers points de la capitale Tunis sillonnant les rues et scandant leur solidarité suivis par la police politique en civil et des agents en uniforme sans trop les impressionner. Une fois le groupe commence à se dispersait, la rafle prend la relève et les agents en civil se jettent sur les meneurs qu’ils ont identifiés pour les arrêter provocant panique et fuite de leurs camarades cherchant à s’enfuir désespérément. Un nombre impressionnant de jeunes ont été ainsi étés arrêtés vers la fin de la matinée aujourd’hui, des voitures civile de passage ont étés réquisitionnés par la police et leur propriétaires ont étés obligés de servir en moyens de transport pour les conduire vers les centres d’arrêts.
Cette vague d’arrestation qui cherche à tronquer ce mouvement de contestation lycéenne et estudiantine qui s’est développé ces derniers jours autour du thème de la solidarité avec Gaza risque fort de l’attiser d’avantage et de la recentré sur la malaise général face à la situation de répression intérieure.
Un blogeur fait dernièrement l’annonce prémonitoire de ce qui est en train de se passer ainsi :
« Même dans d’aussi malheureuses circonstances où l’on constate l’impunité de l’ennemi extérieur, je suis convaincu que nous serions plus constructifs si nous ciblons aussi nos critiques envers notre ennemi intérieur.
N’oublions pas que de toute façon, notre seule action citoyenne possible reste confinée dans les limites de ce que l’on appelle Tunisie. Nous n’avons aucune possibilité d’agir sur ce que l’on appelle “monde Arabe” (si tant est que ce monde existe) tant que notre parole reste confisquée par le régime. Cessons donc de nous lamenter sur le sort des arabes et agissons d’une manière conséquentes d’abord sur notre parcelle.
J’ai envie d’être cynique et de proposer même que l’on récupère à notre tour Gaza comme le fait le régime, pour dénoncer cette chape de “plomb durci” qui pèse sur nous aussi! »
La liberté virtuelle que la jeunesse tunisienne est en train de s’approprier risque de se trouver frontalement opposée à « la main rouge de la dictature » qui n’a jamais imaginer qu’on peut trouver des solutions autres que la répression.
Mokhtar Yahyaoui– Le 9 Janvier 208
Via Tunisia Watch
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