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Le Larousse les définit comme ceux qui agissent, qui se comportent conformément à la justice, au droit, à l’équité. Chaque nation a ses justes, chaque époque a ses justes, chaque instant a ses justes…, heureusement que ces individus, en voie de disparition paraît-il, persistent à être là lorsque la vue devient tellement opaque et que le présent ne semblait rejoindre le futur que dans l’ignorance et la haine.

Ces justes se sont apparus le long de l’histoire de l’homme, leur présence maintient la dimension « humaine » de l’homme devant la sauvagerie et la barbarie que peuvent épouser certains de ses actes et de ses pensées. Leur existence permet le plus souvent d’alerter l’opinion, de secouer les consciences et de limiter ou contrecarrer les dérives et les déviations…Ces hommes et ces femmes qui ont manifesté à travers leurs écrits, leurs actions leurs paroles … le désir d’être juste envers soi et envers les autres, ces individus qui contre raz et marées et à leur risques et périls et sans chercher une contrepartie ont défendu l’autre entant qu’idée ou personne ou système, sans renier leurs identités leurs opinions ou changer de camps, leur souci majeur était d’être juste et être objectif et d’être là quand il faut y être !.

Etre juste ne se restreint pas à un fait, à une action, quelque soit son héroïsme.., un mot, une phrase pourrait dans certaines époques et sous des chapes de plomb générer des grands ennuis qui peuvent toucher la mort pour certains.

De nos jours, les musulmans et leur religion ont subit plusieurs manifestations de haine, disaient certains, d’incompréhension disaient d’autres, le cas récent des caricatures du prophète en est l’exemple idéal. De part et d’autres des deux rives des amalgames, des provocations, de l’exagération, de l’incompréhension surgissaient et assombrissaient un horizon déjà gris.

Plusieurs problématiques surgissaient : la place de la liberté, la primauté du sacré, le rôle du droit, l’universalité de la culture.., plusieurs débats intéressants se sont installés, certains évoquaient la liberté non négociable de la presse, en face brandissaient la primauté du sacré, la sélectivité et l’élasticité de la notion de liberté.

Toutefois une certaine méfiance de part d’autre couvraient certains discours et ébranle l’éventuel édifice d’une cohabitation saine et productive. Devant les amalgames et la provocation de certains, la réponse d’en face étaient aussi l’amalgame et la confusion, tout l’Occident avec ses auteurs, ses écoles, ses approches, ses hommes politiques et ses sociétés étaient mis dans « le même sac » et le critère d’horreur de lâcheté de haine de manque d’objectivité, d’iniquité semblaient le cataloguer dans le même registre !

Cette vision unique cauchemardesque de l’autre est révélatrice du fossé qui séparent les deux rives. Ceci ne datait pas d’hier, l’histoire nous enseigne sur cette confrontation qui a marqué les deux ensembles et qui s’est construite entre autre sur la méconnaissance et l’ignorance de l’autre, et la marginalisation des voies justes et objectives dans les deux camps.

De nos jours les mêmes causes produisent les mêmes effets, une entité de justes de part et d’autres est souvent délaissée, marginalisée et même écartée ! d’où la domination du discours de la haine et le jaillissement du concept de clash des civilisations et de la pensée unique.

Le monde musulman doit chercher ces justes qui l’ont soutenu et qui ont manifesté leur désapprobation de la provocation et leur respect et hommage à sa culture et à son prophète, et l’histoire ancienne et récente n’étaient pas avares, nous pensons à certains orientalistes, à Victor Hugo, à Lamartine, à Carlyle, à Tolstoï, à Grass, à certains écrivains et hommes politiques de nos jours…

Ces justes ont dit le mot juste, sans renier leurs religions ou leurs fois, ni mettre en cause leurs idéologies ou leurs approches, ni changer de camps.., une certaine objectivité et la recherche de la justice et l’équité les ont guidé dans leur synthèse et leur approche. C’est cette frange qu’il faut soutenir et mettre en relief, cet ensemble hétérogène qui n’a pas trouvé sa place réelle et méritée aussi bien dans l’imaginaire du monde musulman que dans ses discours et ses prises de position. Ces justes ne se limitaient pas à des individus solitaires ; en effet des écoles de pensée, des partis politiques, des associations civiles, n’ont pas eu le soutien et la place qu’ils méritaient.

L’occident n’est pas un, l’Occident est plusieurs et dans cette diversité qui est la leur et qui est la notre aussi, qu’il faut chercher l’objectif, le juste et l’équité. Et c’est surtout dans le calme et loin des vagues, des tourmentes et de vacarme, et avec ces justes, qu’il faut bâtir l’entente cordiale entre les peuples et les civilisations.. Carlyle… un autre juste, disait « le silence est l’élément dans lequel se façonnent les grandes choses », n’est ce pas juste !

Source : site du LIQAA