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L’espoir suscité par ce qu’on a convenu d’appeler la révolution serait-il en train de virer au cauchemar ?!

En observant comme tous les Tunisiens ce qui se passe dans la capitale et dans d’autres localités de la Tunisie, on est en droit de se demander pourquoi avoir fait cette révolution ! Pour quelle raison ces jeunes ont-ils donné si généreusement leurs vies ?

Est-ce que l’empreinte de l’ancien régime est si forte que les Tunisiens sont devenus les champions des slogans ?! Doit-on donner raison à Bourguiba d’avoir parlé d’une poussière d’individus en lieu et place d’une nation tunisienne ?!

Autrement, comment expliquer les batailles de quartiers, les « Ouled Ayar » contre les je ne sais qui, les « tribus » de M’dhilla et de Metlaoui, les bagarres de Bab Alioua.. Ou encore Menzel Bourguiba livré aux bandits, la nuit tombée. Où allons-nous ? Y-a-t-il un pilote dans l’avion ? y-a-t-il un décideur, une autorité pour arrêter tout ce désordre ? Peut-on penser que tous les Tunisiens sont devenus des fauteurs de troubles ?!

Pourtant, tout au long des premières semaines de la révolution, les jeunes et les moins jeunes mettaient en avant le civisme, la maturité, la culture et je ne sais quels autres attributs dont on affublait des Tunisiens qui n’en demandaient pas tant. Qu’est-ce qu’on n’a pas dit de la démocratie et de la liberté que le peuple tunisien était supposé mériter et dont il a été privé des décennies durant !

Dans cette ambiance, il suffisait de flanquer le qualificatif révolutionnaire à n’importe quoi pour obliger au silence le plus contestataire des opposants aux actions entreprises.

Les gouvernements successifs formés depuis le 14 janvier croyaient s’inscrire dans l’esprit de la révolution en fermant les yeux et en laissant faire la rue et en autorisant certains discours largement permissifs.

Ainsi, les actions menées par la rue supposée, au début, parachever la révolution, ont-elles viré, au gré des « mondassine » ou d’une minorité de pilleurs et de bandits, à des émeutes, puis à des mises à sac et incendies d’entreprises, de locaux commerciaux et autres biens publics et privés.

Pourtant, à aucun moment, il n’y a eu un discours pédagogique et encore moins une mise en garde ferme ni de la part des politiques ni des médias, ni –et pourquoi pas- une action musclée pour stopper tous ces dérapages. Tout au plus, a-t-on fait quelques timides remarques au sujets de ces agissements et essayer de flatter l’ego des Tunisiens pour obtenir un répit.

Aujourd’hui, trois mois après la révolution, il est urgent de changer de cap en matière de gestion des affaires publiques. Le gouvernement serait bien inspiré d’organiser une journée de débat avec les différentes forces politiques, sociales et sécuritaires pour mettre chaque partie devant ses responsabilités et pour parvenir à l’adoption d’une feuille de route permettant, en accord et avec l’engagement de toutes les parties, de rétablir la stabilité et la sécurité sur tout le territoire, de relancer l’économie et d’œuvrer à mener la Tunisie jusqu’au lendemain du 24 juillet.

Mais, l’essentiel doit venir de la rue. Les jeunes et les moins jeunes qui ont conduit cette révolution doivent se montrer au niveau de leur responsabilité historique et comprendre que vouloir tout et tous en même temps n’est pas possible dans la situation actuelle. Chacun doit hiérarchiser ses priorités et se dire que pour éviter le chaos, il est urgent de discipliner son comportement. Car on ne peut pas vouloir la liberté et la démocratie et un niveau de vie semblable à celui de l’Europe avec une économie en panne, des institutions paralysées par les manifestations et une sécurité incertaine.

Autrement, il est fort à craindre que personne ne puisse maîtriser la suite des événements. Et il serait vraiment regrettable que la révolution devienne une malédiction.

Mondher HAMDI
Fonctionnaire
Tunis