Bien de surprises notées (voir plus loin), dans une région marquée par la rareté des pluies et ses sécheresses prolongées. La céréaliculture en sec constitue pour les paysans une pure perte et les dernières pluies abondantes n’ont fait qu’améliorer un peu le paysage des champs labourés tardivement où les semences n’ont pas germé à cause du manque d’eau. Les rendements demeurent cependant faibles pour ceux, plus chanceux, qui ont semé plus tôt que les autres.
Les terrains nus ont vu pousser et fleurir leur couvert végétal qui peinait à pousser, et des espèces soumises à une grande pression de la part du bétail pourraient monter en graines et se maintenir sans risque pour les années à venir. Bien de surprises en terme de diversité floristique ou paysagère si on observe attentivement le couvert végétal. Les espèces occupant les étendues d’eau temporaires repoussent comme par enchantement et des raretés tapissent ces espaces en peu de temps, jaillissant de l’eau et repoussant de leurs organes de résistance demeurés dans le sol. Des espèces peu communes arrivent à fleurir parce qu’elles sont entourées d’eau et que le bétail ne peut pas les atteindre là où elles sont (photo 1).
Dans ces paysages, certaines espèces peinent à survivre ou n’ont pas eu la chance de se maintenir au cours des saisons précédentes. C’est le cas notamment de plusieurs espèces fourragères comme les trèfles ou les vesces ou aussi d’autres qui se raréfient pour d’autres raisons, comme le coquelicot par exemple et dont les fleurs ont l’habitude de dominer plusieurs paysages. Remarquons au passage que ces constatations peuvent ne pas être valables dans d’autres régions du pays.
La profusion de fruits du chardon, bonne source d’alimentation pour plusieurs espèces d’oiseaux, permettra à nombreuses espèces d’élever leurs nichées sans crainte, sauf que l’espèce à laquelle il a donné son nom a disparu de nos contrées (Chardonneret élégant) qui n’a pas pu survivre aux pressions répétées des chasseurs qui ont fini par le décimer. Les enfants ne sont pas en reste, pour profiter de cette manne où ils passent une partie de leur temps libre à ramasser les graines du chardon, pour égayer leur goût et manger quelque chose qui ne fait pas partie habituellement de leur régime alimentaire.
La verdure de la végétation peut cacher des paysages tristes à voir. Ces derniers ne sont perceptibles qu’après le dessèchement des annuelles. En effet, certaines espèces pérennes couvrant des étendues plus ou moins importantes prendront le relais aux annuelles. C’est le cas des invasives exotiques, comme la morelle jaune ou l’Atriplex inflata. Cette invasive rarement signalée pourtant présente dans plusieurs petites dépressions à l’intérieur des steppes à salicornes. Le « Harmel, Peganum harmala ; photo 2 », même faisant partie de la flore locale, est indicateur de milieux sous grande pression du bétail. Toxique, elle n’est pas broutée par les animaux et pousse là où tout a pratiquement disparu. Les exploitants des parcours où pousse cette plante ne sont pas de sa signification écologique. Triste constat…
Les oliviers ont commencé à fleurir. Ils promettent une belle production en perspective. L’espoir demeure permis pour des lendemains meilleurs et de longues journées de travail, afin de récolter les fruits tant attendus. Les peines vécues par les paysans s’évaporent d’un coup et, même si l’immédiat est peu flatteur, la perspective reste prometteuse de lendemains moins pénibles. La chaleur aidant, la disponibilité de l’eau stagnante a permis aux moustiques de proliférer. Des nuées se forment au courant de la journée sous les arbres et dans la végétation basse. Les hirondelles, pourtant bien présentes, n’y peuvent presque rien, simplement parce qu’elles ne chassent pas dans des espaces fermés ou presque. La prolifération des moustiques est une conséquence logique de ces conditions de l’environnement, et l’on ne peut qu’espérer que les mares temporaires s’assèchent, pour réduire leur impact sur les humains. Autrement, l’été sera invivable…
La migration printanière des oiseaux est en cours, et combien il est agréable de les voir arriver ou passer. Comme signalé plus haut, les hirondelles sont déjà arrivées et se sont installées dans leurs anciens nids. Certaines s’affairent à en construire de nouveaux. On peut les voir même de très près ramasser la boue avec laquelle elles consolideront leurs constructions faites par un mélange de débris végétaux et de terre mouillée. Toujours actives, les hirondelles passent pratiquement tout leur temps à voler. Elles ne peuvent pourtant pas égaler les Martinets qui passent tout leur temps au ciel. Ils y chassent, s’y accouplent et y dorment. Ils ont pratiquement perdu la faculté de marcher et ne peuvent plus voler s’ils se posent au sol. Les Martinets sont très présents en ville où ils sont bien visibles en fin de journée, se poursuivant inlassablement et lançant des cris très stridents…
Les oiseaux de passage partent vers des contrées lointaines, situées dans des pays froids. Ils se ravitaillent en route pour se constituer des réserves. L’on est étonné de voir certains petits animaux parcourant des milliers de kilomètres pour atteindre leurs lieux de reproduction, comme c’est le cas par exemple de certains Pouillots ou des Gobemouches (photo 3). Triste sort réservé à certains parmi eux qui meurent écrasés sur la route, après une collision avec un véhicule. Leur aventure migratoire s’est soldée par une mort violente au bord d’un chemin qu’ils n’auraient pas choisi.
Les oiseaux qui passent l’hiver parmi nous sont tous partis depuis un moment déjà. En revanche, ceux qui viennent se reproduire et passer l’été dans notre pays ne sont pas tous venus. D’ailleurs, on a constaté depuis quelques années la raréfaction de certaines parmi elles. Il s’agit en particulier de la Tourterelle des bois qui, habituellement, construit son nid dans divers types de milieux, notamment les vergers, les oliveraies, les oasis… Victime d’une grande pression de chasse, elle a été protégée dans certains pays, mais pas encore chez nous où des milliers d’animaux continuent à être tirés chaque année. Comme il est bien difficile de changer les textes réglementant la chasse, ou encore les « habitudes » des chasseurs !
Les plus intrigantes créatures observées ce printemps sont les Triops (photo 4). Ce sont des crustacés d’eau douce vivant dans les mares temporaires. Ces petites créatures vivent dans des milieux éphémères, mais leur succès réside dans le fait qu’ils déposent leurs œufs dans la boue qui finit par s’assécher et peuvent rester sans se développer au-delà de dix ans. Par cette stratégie, ils ont pu échapper à l’extinction, mais sont restés primitifs, raison pour laquelle on les qualifie de « fossiles vivants ».
Inutile de détailler plus. Résumons pour dire que l’observation de la nature demeure une source d’émerveillement, aussi bien pour les néophytes que les connaisseurs. Elle offre de réelles chances pour se renouveler et se débarrasser des contraintes qui pèsent sur chacun parmi nous. Seule condition : la préserver non seulement pour les générations actuelles, mais également pour les générations futures !
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