Certains problèmes viennent du fait que certaines eaux usées ne peuvent pas être traitées dans les stations d’épuration, telles que celles provenant des industries textiles, ou d’autres. Il est clair que la législation en vigueur en matière d’environnement est très laxiste face aux contrevenants, et que sa mise en application rencontre énormément de résistance, que dire de la faiblesse (structurelle ?) des instances de contrôle. Bref, il semble que nous sommes tous concernés par le sujet, et que le fait d’avoir rejeté ses eaux usées dans le réseau de l’Office National de l’Assainissement (ONAS) ne signifie pas qu’on a résolu le problème. Une des solutions adoptées quant au devenir des eaux usées est leur utilisation dans l’irrigation en agriculture, sans que cela ne pose pour nous d’autres types de problèmes de santé ou d’environnement, malheureusement encore loin d’être affrontés pour être résolus.
Le problème qui sera évoqué ici est celui du rejet dans le milieu récepteur d’eaux usées non traitées. Cela se passe à Sbikha, dans le gouvernorat de Kairouan. Depuis déjà quelques mois, une entreprise a réalisé des travaux de raccordement des ménages à un réseau destiné à acheminer les eaux usées vers une future station d’épuration. Le problème est qu’aucun chantier n’a encore été ouvert pour monter la station projetée ! Même si nous supposons que les crédits sont disponibles, l’on se demande pourquoi les travaux n’ont pas encore démarré, au vu des conséquences de ces rejets (voir plus bas). Les eaux usées du village (8 036 habitants selon le dernier recensement de la population) sont déversées dans le lit de l’oued Nebhana, situé en bas du village et ce, depuis la fin 2017 ou le début de cette année. Les eaux déversées parcourent l’oued et échouent quelques kilomètres plus bas, dans un milieu naturel couvert de tamarix et de lycium.
Le problème est que les eaux usées charrient des éléments chimiques qui ne peuvent pas être épurées par le milieu récepteur. Les conditions qu’elles ont créées ont permis à la végétation herbacée de pousser sur le bord de l’eau. Le problème réside à ce niveau, car des paysans en mal de trouver des pâturages pour le bétail, le font paître au bord de l’eau, et certains animaux assoiffés boivent de cette eau !
Cela ne peut pas être sans conséquences sur la santé du bétail, et par la suite, celle des humains qui consommeront la viande des animaux qui seront un jour abattus. Même en parlant à ces bergers, ils font signe de ne rien entendre et continuent à amener leur bétail vers les sites qui leurs sont accessibles, surtout que l’année est sèche, et que la région a vécu une série d’années déficitaires en terme de pluviométrie.
En dehors de ce qui précède, la présence d’eaux usées non traitées n’est pas sans conséquences. En effet, nous avons pu observer des oiseaux d’eau qui ont adopté ce milieu pour y vivre et se reproduire. C’est le cas de plusieurs couples de canards colvert et de poules d’eau qui vivent dans des eaux polluées et semblent s’y reproduire. Nous avons également noté la présence de l’émyde lépreuse (Mauremys leprosa), une tortue d’eau douce habituellement absente de la région. Cette tortue a été amenée par les crues de Nebhana en mai dernier.
Le problème évoqué ici ne semble pas pouvoir se résoudre dans un avenir proche. Comme les eaux usées sont dans le milieu naturel, personne ne se soucie de la situation ni n’interpelle les autorités sur ce problème, surtout que les élections municipales viennent d’avoir lieu, et que le nouveau conseil municipal n’est pas au fait de ces détails…
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