La consigne officielle depuis janvier, était de ne souffler mot des manifestations du bassin minier, jusqu’au débordement de vendredi où la police a commencé à tirer sur la foule tuant au passage un jeune et blessant cinq autres.

Ce sordide dénouement qui a commencé à attirer l’attention des médias étrangers a contraint enfin le gouvernement à se prononcer. Voilà comment ce que celui-ci communique les faits:

“conformément à la loi, par les forces de l’ordre, les éléments perturbateurs n’ont pas obtempéré, obligeant les forces de sécurité à intervenir.
Ces événements ont entraîné la mort d’un élément perturbateur, cinq autres ont été blessés, ainsi que trois agents de l’ordre.”

Notez cet euphémisme par lequel l’Etat justifie cet acte. Il ne s’agit pas de la mort d’un jeune homme, mais d’un “élément”, d’un atome, d’un électron. Ce terme, au delà de sa connotation déshumanisante exprime l’idée que l’atome en question n’était pas relié à une molécule ou à un corps social qui le soutenait. Ce n’était qu’un électron libre agissant par lui-même. Pas de volonté dans ce communiqué de suggérer l’idée d’une logique sociale ou d’un mouvement de masse ! non, juste un élément isolé qui par ses perturbations, conformément à la loi, a obligé les forces de sécurité à l’exterminer.

La reconnaissance d’un grand mouvement de protestation sociale n’est donc par inscrit à l’ordre du jour du gouvernement. Celui-ci se garde aveuglément d’assumer la responsabilité d’un échec politique.

Notez-le bien, Il ne s’agissait rien de plus que de la mort d’un élément perturbateur. Rien de grave.
Celui qui est isolé, qui agit par lui même, l’élément perturbateur, n’est peut être pas celui qu’on croit…

source: http://www.lapresse.tn/index.php?opt=15&categ=1&news=73270



Publié sur Le Blog de Z