Crédit image : Malek Khadhraoui | www.nawaat.org

C’est hier matin que le Forum Social Mondial a débuté en mettant directement les femmes à l’honneur avec l’assemblée « Femmes en lutte », un moment pour que les femmes expriment leur solidarité avec toutes les femmes en lutte et leur rejet « du capitalisme sauvage et de tout modèle du développement qui nous chosifie, nous marginalise, nous violente, nous abandonne au chômage et à la précarité et nous exclue des lieux de décision et des richesses. »

L’amphithéâtre qui accueillait l’ouverture était plein, hier matin et les interlocutrices se sont succédées lançant des messages de paix et de solidarité, appelant à lutter pour l’égalité, contre la violence, pour un monde plus juste. La salle était noire de monde et jusque sur l’esplanade les discussions continuaient.

Pour les militantes tunisiennes présentes sur place l’ouverture du FSM avec la mise à l’honneur des femmes est une symbolique très forte.

Saïda Garrach avocate explique que :

« Le slogan du FSM est : un autre monde est possible. Et il ne peut être possible que lorsque l’on conjugue les efforts et que l’on résiste à toutes formes de marginalisation et à toute tentative de faire taire les voix libres dans ce pays et dans tout le monde. Il y avait des appréhensions pour des raisons sécuritaires, nous avons donc lancer un énorme appel aux femmes de tous les pays pour qu’elles manifestent leur solidarité par leur participation au FSM et c’est magnifique de voir qu’elles ont répondu massivement, de voir qu’elles sont là aujourd’hui en provenance du monde entier. »

C’est une spécificité du FSM que de débuter ses activités par une assemblée générale des femmes durant laquelle les femmes du monde se rencontrent et toutes leurs luttes des femmes se conjuguent, ce qui, pour Saida Garrach est important au vu de la conjoncture actuelle : « Avec tous les défis et menaces que représentent la situation que nous vivons pour les droits des femmes en Tunisie et dans le monde arabo-musulman, au vu de la fragilité des acquis des femmes, puisqu’elles sont toujours la cible d’attaques politiques, l’objet de représentations rétrogrades, cette Assemblée fait passer un message fort : toutes les femmes sont solidaires avec les femmes tunisiennes et sont solidaires des luttes des femmes partout dans le monde. Nous sommes toutes là pour continuer les luttes que ce soit pour l’égalité, la justice sociale, pour la citoyenneté, la démocratie, contre la violence, contre l’exclusion, contre la marginalisation… dans le but de construire un monde meilleur. »

Fathia Hizem, du bureau directeur de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates tient à insister sur l’importance du FSM en Tunisie :

« Après la révolution du 14 janvier les droits des femmes sont souvent bafoués. Nous considérons que la tenue du FSM est un soutien énorme aux forces démocratiques et à la population tunisienne qui est en quête de liberté et de démocratie. »

Mme Hizem explique également que la tenue de l’assemblée des femmes en guise d’ouverture du FSM est un soutien particulier aux femmes tunisiennes qui sont en lutte au quotidien pour l’écriture de la Constitution : « Celle-ci ne consacre toujours pas les droits des femmes. Elles sont donc obligées de militer, de revendiquer leurs droits, d’utiliser tous les moyens de lutte, les manifestations, les sit-in… pour arriver à la consécration de l’égalité dans la constitution. »

Mme Hizem insiste également sur le fait que les médias ont un rôle a jouer pour la défense mais que malheureusement les femmes n’y occupent pas encore assez des postes de direction qui leur permettraient d’être plus libres dans le choix des sujets qu’elles traitent. Pour elle, c’est de là que vient le fait que les droits des femmes ne sont pas pris en charge correctement dans les médias tunisiens.

Pire, Ahlem Bousserwal, du Centre Tunisien pour la Liberté de la Presse témoigne du fait que les femmes journalistes sont encore victimes de violence sur leur lieu de travail, au sein de leur entreprise, comme sur le terrain.

« Les atteintes contre les femmes sont normalisées : qu’elles viennent des journalistes comme des organismes. Ce qui est encore plus grave c’est le fait que les femmes sont victimes d’atteintes cachées, comme de harcèlement et que c’est un sujet qui reste difficile à aborder. »