Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Au moment ou nous vivons en Tunisie des chantiers ouverts sur tous les fronts : élaboration de la nouvelle constitution, des projets de développement qui peinent à avancer, énormes difficultés sociales…

Les acteurs politiques, en particulier le gouvernement et l’ANC (Assemblée Nationale Constituante), montrent une fois encore leur mauvaise foi en ce qui concerne la mise en place de l’ISIE. Les discussions de la nouvelle loi au sein de l’ANC traînent le pas.

L’ancienne équipe de l’ISIE a été responsable de la première opération électorale à Tunisie, et remporté le challenge avec la reconnaissance unanime des observateurs nationaux et internationaux. Au lieu de reconduire la même équipe et reproduire les mêmes conditions de réussite, le gouvernement veut encore une fois réinventer la roue, et perdre ainsi un temps précieux.

Au niveau juridique, l’ISIE a été créée par d’un décret loi numéro 27 daté du 18 avril 2011. Certes, il n’était pas parfait, mais il pouvait servir tout de même de base de discussion et faire l’objet de quelques retouches pour l’adapter au nouveau contexte électoral.

Au niveau opérationnel, l’ISIE a eu des difficultés de démarrage, mais elle a réussi malgré tout à garantir des bonnes conditions de vote le 23 octobre 2011. L’ISIE a bénéficié, et a su mobiliser, une grande implication citoyenne ce qui a facilité considérablement sa mission d’organisation, et donné ainsi l’occasion aux uns et aux autres de vivre le plaisir de l’opération électorale de l’intérieur.

Tout cela fait que l’ISIE a développé un capital de confiance auprès du peuple tunisien, qui garde dans sa globalité que des bons souvenirs de ce jour historique. On peut dire même qu’il était notre deuxième jour de fierté après le 14 janvier 2011. Le peuple tunisien a donné la plus belle image d’engagement citoyen, et de maturité politique. Il a même étonné le monde par sa conscience démocratique.

Après cette belle réussite, le pouvoir politique actuel veut tout remettre en question. Au lieu de se montrer pragmatique, capitaliser ce qui existe et continuer à construire, il cherche à réinventer tout par calcul politique faisant des débats et des polémiques inutiles.

La question n’est pas de garder Kamel Jendoubi à la tête de l’ISIE ou pas, mais dans l’approche elle même. Celle de créer tout un chantier autour de l’ISIE, et y consacrer des efforts, une énergie et un temps considérables pour le finaliser. Tout en sachant que ceci ne peut être qu’au détriment d’autres chantiers urgents ayant un degré de criticité beaucoup plus élevé. Ici on ne peut que critiquer les choix politiques faits à la tête de l’état, et on se demande pour quelle raison font t il ça ?

Le 13 octobre 2012, les trois présidents de partis formant la troïka se sont mis d’accord pour renouveler la confiance à Monsieur Kamel Jendoubi. Quelque temps après, Ennahdha fait machine arrière. En même temps, une compagne médiatique contre l’ISIE, menée par Mr Fathi Layouni sur des supposés abus, mauvaise gestion et actes de malversation, est lancée.

Cette manœuvre laisse transparaitre un calcul politique réduit de la troïka, particulièrement d’Ennahdha. Est ce cela est dû au caractère bien trempé du Monsieur ? A son indépendance et sa réputation d’homme solide et profondément démocrate ? Et si c’est vrai, peut-on conclure qu’Ennahdha songe à faire des pressions pour arranger les résultats des prochaines élections en sa faveur ?

Nous nous posons ces questions car nous savons pertinemment que les trois présidents ont eu une idée claire sur la teneur de ces accusations, du moins leurs conseillers respectifs ont eu à l’avance le rapport de la Cour des comptes et ont pu en tirer une conclusion globale sur l’intégrité de Monsieur Jendoubi.

Ainsi deux cas se présentent : Si les accusations sont bien fondées, on se demande pourquoi la troika n’écartent pas définitivement Kamel Jendoubi et laisser la justice trancher sur son cas ? Et si les accusations relèvent plus de l’existence médiatique du plaignant, ce qui est probable, pourquoi ne pas demander d’arrêter tout de suite ce lynchage et renouveler publiquement la confiance au Monsieur et à son équipe. De toute manière, cela ne choquera personne, ce sera une application du proverbe qui dit : on ne change pas une équipe qui gagne.

L’état global du pays n’est pas rassurant du tout. Certes l’ANC et le gouvernement font des efforts, mais ceux-ci ne donnent pas encore des résultats visibles et concrets. Au niveau économique, nous ne voyons pas de grands projets qui avancent et absorbent le nombre considérable de chômeurs. Au niveau politique, aucune visibilité n’est donnée quant à la feuille de route et la transition démocratique s’avère ainsi en panne. Et au niveau social, les régions marginalisées et la classe pauvres gardent le même état, voire pire.

En revanche, nous remarquons une énorme énergie dépensée dans le travail politique. On dirait qu’ils ne font que la politique politicienne, à la fois la troïka et ses membres, et l’opposition et ses bloques.
Hélas, cette démarche ne fera jamais avancer notre pays !