Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.
Le statut publié sur le profile Facebook de Soumaya Ghannouchi, la fille aînée de Rached Ghannouchi, leader du Parti Ennahdha.

Traduction du message :

Et qu’à chaque election vous soyez misérables, désespérés et déçus

Le peuple tunisien a le droit de fêter le 23 octobre comme étant l’anniversaire des premières élections libres et démocratiques en Tunisie, comme il convient aux perdants et les déçus de ces élections de mettre leur bannière en berne, de maudire leur sort et pleurer une journée noire, dramatique et poussiéreuse qui a mis à nu leur perdition et la marginalité de leur présence et a exposé leur vérité.

Une minorité exclue qui fait beaucoup de vacarme et d’agitation, qui travaille peu et peu impliquée dans la société. Mais qui a assez de moyens et outils de désinformation et de propagande, alors qu’elle est faible en nombre et a peu de soutien populaire.

C’est ce qui justifie la tension de ces élites flasques, étrangères à leur réalité et à la société. Des élites avec une grande amertume et beaucoup de haine envers un peuple qui ne se soucie pas d’elles et ne leur donne aucun crédit. C’est ce qui explique le désespoir de ces élites et leur recours aux méthodes de frustrés, incitant et provoquant des conflits et de la violence physique et morale.

Continuez sur ce chemin élites éclairées, progressistes et RCDistes. Que pour toute élection vous ayez les visages sombres, les mains bredouilles, les urnes vides. Soyez désespérés, déçus et misérables.

Chère Soumaya Ghannoushi,

Je vous admire pour votre note si courte mais pourtant si expressive, offrant aux lecteurs un concentré d’insultes et de médisances que votre frêle visage ne laisse soupçonner. Vous vous êtes mise au même niveau de ceux qui vous insultent, glissant admirablement sur une peau de banane.

Vous appelez « élites » ceux que vous insultez, mettant dans un même sac, réformistes, modernistes et RCDistes, divisant le monde en vous et les autres. Veuillez m’excuser, Madame, mais le monde n’est pas aussi simplement divisé en bien et en mal, en heureux (pour l’année de démocratie) et malheureux (pour l’accès de Ennahdha au pouvoir). Rappelez-vous que ce sont les hommes et femmes actuellement au pouvoir qui sont l’ELITE de ce pays, car ils ont été élus, choisis, préférés par le peuple, non point ceux pour qui vous nourrissez une haine viscérale, y mettant francophones et instruits.

Votre message dénote votre méconnaissance de ce peuple tunisien qui dans sa plus grande partie aujourd’hui n’a pas envie de fêter, et ce n’est pas parce qu’il est bourgeois et déteste les islamistes. Beaucoup d’entre nous n’ont pas envie de fêter – comme nous avions fêté l’année dernière pour les premières élections libres et démocrates – car la constitution tarde, le gouvernement a des difficultés à gouverner, l’opposition ne réussit pas à faire de l’opposition constructive et surtout parce qu’aucune justice n’a été faite, parce que nos jeunes continuent à vouloir se jeter dans la mer pour chercher un futur (s’ils ne trouvent pas la mort) et que la Police tunisienne continue à faire régner sa loi de régime dictatorial…Nous ne pouvons continuer à fêter, Madame, mais nous nous battons chacun dans son coin pour construire une Tunisie meilleure.

Nous ne voulons pas fêter car vous avez continué à répéter durant douze mois: « Laissez ce gouvernement travailler, laissez l’ANC travailler et puis parlons-en». Voilà pourquoi nous n’avons pas envie de fêter aujourd’hui. Parce que nous voudrions les laisser travailler, même aujourd’hui. Nous voudrions voir des résultats, croire en leur bonne-foi, désirer découvrir leurs compétences qui tardent à se dévoiler, car ces gouvernants ME représentent (les ayant voté ou pas) et devraient défendre aussi mes intérêts en tant que citoyenne, que je sois francophone, italophone, pauvre, riche, fille de menuisier, agriculteur ou industriel.

Et surtout, ne pensez pas que le monde tourne seulement autour de Ennahdha, de ce gouvernement ou de son opposition. Observez avant d’insulter, car vous nous insultez sans nous connaitre, comme l’avait fait notre futur Consul Général à Paris, et permettez-moi de vous le conseiller car votre message m’a été communiqué par des journalistes étrangers pour expliquer son contenu…Quelle honte a été la mienne dans la traduction de vos mots injurieux, pleins de ressentiment et de haine. Pour quelqu’un qui appelle à jouir de la démocratie en ce 23 octobre 2012, votre lettre est décidément incohérente et scandaleuse, insultant ceux qui ne veulent pas “chanter et danser” comme le disait Ghaddafi…et les traitant tous de RCDistes !

Je vous souhaite de pouvoir vous libérer un jour de toute cette rancœur…et s’il vous plait dites à nos élus de travailler, ils devraient être finalement habitués au bruit, ce merveilleux bruit de la démocratie.

Wejdane Majeri
23/10/2012