En arrivant ce matin vers les bureaux de vote, la calme était impressionnant. Des doigts bleus circulent, les gens parlent entre eux et ont visiblement très envie de débattre. Les hommes et les femmes font la queue tranquillement en attendant leur tour.
Un dispositif de sécurité spécial a été aménagé, 1000 soldats et agents de sécurité sont présents (aucun policiers). Beaucoup de sourires, beaucoup de monde. Les enfants jouent au milieu des cours d’école érigées en bureaux de vote pour cette journée historique.
Au bureau numéro 2, école anciennement appelée Thakafa, mais renommée, comme les cinq autres, du nom du martyr qui y étudiait. Celle-ci s’appellera Ahmed Yassine RTIBI. J’y croise des militaires qui sortent d’un bureau, avec un sourire béant sur le visage, l’un porte une petite caméra, l’autre un appareil photo. Ils m’interpellent et… me saluent, me demandent comment je vais et me souhaite bonne chance. Puis repartent gaiement.
Les habitants ont l’air de prendre très au sérieux leur possibilité nouvelle de voter.
Hélas, dans le troisième bureau, j’aperçois un rassemblement, on m’explique qu’un certain nombre de citoyens sont dans l’impossibilité de voter. Non inscrits, ils ont envoyé le sms demandé par l’ISIE pour savoir où se rendre, mais les réponses sont désopilantes, on dit aux uns et aux autres d’aller à des bureaux de Gasserine, Gafsa ou même Tunis. (voir par ailleurs)
Suite à un mouvement de foule en direction du gouvernorat, un bus de policiers débarque en ville, alors que les habitants n’en avaient presque pas (voire jamais) vus depuis la fin de la révolution. Ils sont entrés dans une école pour disperser un peu la foule (partie du bureau 3, eux sont entrés au bureau 1…), ce qui a immédiatement fait réagir les habitants. Encore sous le choc de leur infâme traitement pendant la révolution, des jeunes ont aussitôt lancé des pierres aux forces de l’ordre, la mère d’un martyr a voulu les chasser. Les militaires présents, sous l’égide de leur colonel (qui avait été le premier à réagir contre les BOPs pendant la répression de janvier dernier, lors d’un enterrement où la police avait tiré sur le peuple) sont rapidement intervenus, et ont fait en sorte que la police quitte la ville. Cette scène, qui na duré qu’une vingtaine de minutes, rappelle à quel point le spectre de la répression est encore présent dans les têtes, et à quel point la tension peut monter d’un coup.
Le cours du vote a repris son rythme halletant avant midi.
Agrandir le plan
iThere are no comments
Add yours