Mais en dépit du dépôt d’une demande d’asile auprès du HCR et l’obtention d’une carte de séjour provisoire, Herbert n’exclut pas de quitter la Tunisie vers un pays européen. « Si toutes les conditions sont réunies, je resterais en Tunisie mais si je demeure dans l’instabilité, il vaut mieux poursuivre son chemin ailleurs », explique-t-il. En évoquant les conditions de séjour dans notre pays, le jeune homme déplore notamment la non-reconnaissance du travail des migrants. Ayant travaillé dans le domaine de la construction et le secteur agricole, Herbert raconte d’amères expériences avec certains employeurs qui ont confisqué son salaire. « Dans ces cas, tu n’as aucun droit te protégeant et te permettant de porter plainte contre ton employeur », regrette-t-il.
Selon Herbert Michel Ngweha, cette précarité de l’emploi favoriserait autant l’entraide que le communautarisme. «Question boulot, on en cherche d’abord pour soi, et une fois trouvé, on n’oublie pas de tenter de caser un compatriote », nous confie-t-il. Et pour cause : le droit d’asile en Tunisie ne garantit pas un accès à l’emploi, ni à la sécurité sociale. Il permet juste le non refoulement ou d’éviter l’expulsion du réfugié, précise Romdhane Ben Amor, chargé de communication au Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES).
Absence d’un cadre juridique
La Constitution tunisienne reconnait dans son article 26 le droit d’asile politique. La Tunisie est également dans l’obligation d’harmoniser sa législation interne avec ses engagements nationaux actés, notamment, par la ratification de la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés et son protocole. Dans ce sens, un projet de loi sur le droit d’asile a été préparé mais il n’a jamais vu le jour. « L’absence d’un cadre juridique dénote du fait que l’Etat est démissionnaire sur cette question et laisse la gestion des réfugiés et demandeurs d’asile au HCR principalement. Cet organisme aux côtés d’autres organisations internationales fournissent des services aux réfugiés et aux demandeurs d’asile. Mais ces services sont en deçà des attentes », regrette Ben Amor. Et de poursuivre : « La reconnaissance du droit d’asile nécessite une refonte des lois sur les statuts des migrants, notamment en ce qui concerne le droit du travail, afin de faciliter leur intégration ».