Dans un article intitulé « Liste des journaux électroniques reconnus en Tunisie », le site Business News a publié ce qu’il a qualifié de « médias électroniques d’actualité générale, membres de la Fédération tunisienne des directeurs de journaux ou reconnus par elle comme étant des médias respectant les normes de la profession régies par le décret-loi numéro 115 réglementant le secteur de la presse ». Il ne s’agit donc clairement pas d’une quelconque reconnaissance « officielle », comme le titre de l’article le suggère, mais d’un blanc-seing accordé par cette « fédération ».
Contacté par Nawaat, Mohamed Laroussi Ben Salah, le directeur exécutif de la FTDJ a indiqué que l’initiative ne vise pas à monopoliser le professionnalisme ou la compétence. Selon lui, il s’agit plutôt de dresser une liste de médias œuvrant conformément à la loi. Nawaat a également appris que la liste publiée par Business News (dirigé par Nizar Bahloul, le vice-président de la FTDJ) s’inscrit dans le cadre de discussions menée entre la fédération et le gouvernement, en vue de subventions financières au profit des journaux imprimés et électroniques affectés par la crise du Coronavirus. Dans ce contexte, la FTDJ a dressé une liste de médias électroniques décrits comme étant des institutions respectant les normes de la profession régies par le décret 115 réglementant le secteur de la presse.
A noter que la plupart des médias électroniques figurant sur cette liste sont membres de la FTDJ. Or l’adhésion à cette fédération ne saurait guère constituer une garantie de crédibilité, d’intégrité, et de respect du décret 115. Et ce, d’autant plus que ledit décret, comprenant des articles réglementant la reconnaissance juridique des journaux papier et électroniques, ne mentionne aucunement une supposée appartenance à une quelconque fédération.Ainsi, la liste publiée comprend quelques médias commerciaux et exclut certains d’entre eux. Elle écarte notamment des médias électroniques associatifs, à l’instar de Nawaat, d’Inkyfada et de Barr al-Aman.
En somme, la FTDJ ne craint pas d’induire l’opinion en erreur, en assurant « informer le public » que les « sites internet douteux, propageant à longueur de journée des articles de propagande, de diffamation et de dénigrement » ne figurent pas parmi ses membres ou parmi les journaux qu’elle déclare « crédibles ». D’autant plus que parmi les sites cités, figurent de nombreux titres qui ont délibérément publié de fausses nouvelles et même participé à des campagnes électorales pour le compte de divers candidats et partis politiques.
Quant au décret 115 régissant la profession de journaliste, il stipule qu’un média électronique doit employer une équipe d’au moins six journalistes professionnels (article 20). En cas de violation de ces exigences, le responsable de l’institution est passible d’une amende allant de mille à deux mille dinars. Or les professionnels du secteur savent que la plupart des sites mentionnés dans la liste de la FTDJ ne répondent aucunement à ces exigences.
Par ailleurs, la FTDJ ne craint pas de relever dans son inventaire des sites web qui ne constituent guère une source d’information crédible pour la simple raison qu’il s’agit de supports actifs dans la communication et le marketing tels que Sayarti.tn et Destinationtunisie.info.
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