Le pire des criminels, même le violeur d’un enfant de trois ans, reste pour autant un être humain et son droit à l’intégrité physique reste sacré. Préserver son humanité, le traiter en tant que l’un de nos semblables même quand il commet les pires atrocités, c’est défendre notre propre dignité, notre humanité en somme. Que dire d’un individu appartenant à la communauté LGBT qui ne fait de mal à personne en pratiquant sa sexualité entre adultes consentants ?
Ne pas abolir l’article 230 du Code pénal qui incrimine l’homosexualité et légitime le test anal prend racine dans notre héritage religieux et socioculturel où les phallocrates règnent en maîtres dans une atmosphère d’hypocrisie sociale insoutenable. La Tunisie connaît cette loi inique et moyenâgeuse depuis des décennies mais ces dernières années, les arrestations et leur cortège d’humiliation se sont multipliées. Ce texte aurait pu tomber en désuétude, comme tant d’autres. Est-ce une affirmation de la Chariaa comme source du droit positif ? On chercherait à se baser sur le référentiel coranique où les versets qui voleront au secours des plus orthodoxes ne manqueront pas… et pour cause, ils sont interprétés sans aucun Ijtihad (réflexion, entendement). Or c’est grâce à l’Ijtihad que l’islam et la contemporanéité se sont conjugués des siècles durant. Autrement, on compterait encore dans notre société des esclaves, éphèbes et courtisanes ! N’est-il pas bon à rappeler à ce propos que le royaume de Tunisie avait aboli l’esclavage le 23 janvier 1846 ? N’est-il pas bon à rappeler aussi que la Tunisie indépendante et avant même la proclamation de la République, a interdit la polygamie, a légiféré sur l’adoption et a accordé à la fille unique d’être héritière universelle de ses parents ? Sans oublier que la peine de mort y est suspendue depuis 1991. L’abolition de l’article 230 s’ajoutera un jour – et ce sera la juste marche de l’Histoire – à cette liste qui fait la fierté des progressistes tunisiens.
Une guerre d’usure bien malicieuse et perfide où les forces réactionnaires et rétrogrades ne déclarent pas ouvertement la guerre à la modernité ni aux acquis de ladite « première République », où l’on évite de s’attaquer frontalement au Code du statut personnel qui garantit des droits uniques pour la femme tunisienne dans le contexte arabo-musulman, où l’on ne remet pas en cause ouvertement le droit de chacun de disposer de son corps et où l’on ne touche apparemment pas au principe de libre conscience. Néanmoins, dans la triste réalité, le glissement s’est opéré dans le lexique utilisé par les politiques et le vocabulaire de la rue s’est incliné à une pseudo-religiosité ambiante. S’interroger sur le bien fondé dans le droit musulman de telle ou telle prérogative ou clause constitutionnelle ou juridique devient un pain béni; être musulman s’érige dans les faits comme quasiment l’unique croyance tolérable en Tunisie. Et nous voilà face à une société qui accuse les violées de stimuler les violeurs ; nous voilà à écouter des fidèles nous raconter qu’un imam tunisien qui trouve que la place d’un jeune imberbe et charmant est dans les derniers rangs des fidèles dans une mosquée pour éviter qu’il ne représente une Fitna (source d’excitation) pour les autres prieurs ; nous voilà face à une Tunisie qui crie outrageusement son identité musulmane en interdisant l’alcool sur les vols ramadanesques de la compagnie aérienne publique; nous voilà face à un ministère public qui s’autorise la violation de l’intimité pour attraper des couples homosexuels en flagrant délit de sodomie ou encore l’arrestation d’un cinéaste à son domicile, sur délation d’un voisin, pour le même « crime ». Sans oublier ce jeune agressé et balafré pour homosexualité qui, au lieu d’être entendu comme victime, a été mis sur le banc des accusés. Et, hélas, ce ne sont pas des cas isolés.
Sommes-nous face à une bataille sémantique et symbolique qui bat son plein où le temps jouerait en la faveur du projet islamiste intégriste ? Les voix se réclamant du registre universel des droits humains ne s’estampent pas mais s’affaiblissent tant l’argumentaire prétendument religieux est la chasse gardée de cet islam politique intégriste. Un argumentaire séduisant face auquel les défenseurs des droits humains sont démunis et de plus en plus isolés notamment quand il s’agit de défendre la dépénalisation de l’homosexualité.
L’abolition de l’article 230 du code pénal n’est pas aisée. La COLIBE l’a suggéré dans son rapport à la présidence de la République sur les libertés individuelles et l’égalité, et un certain nombre de militants des droits humains la mettent acharnement en ligne de mire de leurs combats. A l’occasion de la fête de l’Amour, la Saint Valentin, et en cette année électorale en Tunisie, il est légitime d’espérer que les droits des minorités sexuelles fassent partie des thématiques de campagne des futurs candidats aux élections présidentielles et législatives. La Tunisie resterait fidèle à elle-même en s’inscrivant dans la lignée des esprits libres et réformateurs qui ont permis, entre autre, l’autorisation de l’avortement dès 1973. L’article 230 du code pénal est non seulement injuste mais il est infâme.Datant de 1913, ce texte n’a plus de place dans la Tunisie du 21ème siècle.
Trêve de baratin avec des mots creux.Le phénomène de l’homosexualité est un phénomène qui n’apparaît que dans les sociétés riches et en déclin. Et il signifie leur disparition proche. Tous les arguments pour justifier sa permission légale sont des faux argument.Ce qui détermine l’existence des choses c’est les contradictions du réel et de la dynamique social. Et le gagnant possède le pouvoir sous toutes ses formes. La majorité des sociétés se sont crées des tabous comme l’inceste par exemple, et ceci pour préserver la continuation de l’existence de de leur société. Le problème donc est un problème de rapport de force et non d’arguments