Les collèges techniques sont les structures qui ont été créés afin de recueillir ces adolescents pour leur permettre de poursuivre leur scolarité et d’acquérir un savoir-faire essentiellement artisanal leur donnant ainsi les moyens d’intégrer l’un des nombreux centres de formation que compte le pays. Il est à noter qu’au début de la création des collèges techniques en 2008, on prévoyait aussi de créer des lycées techniques qui auraient donné à ces élèves l’occasion de couronner leurs études avec l’obtention d’un bac technique. Trop beau pour être vrai ? Vous avez raison ; l’idée de créer des lycées techniques a été vite abandonnée sans raison évidente et sans, bien évidemment, donner d’alternative.
Alors certes, les collèges techniques souffrent de nombreux maux ; certaines structures manquent de moyens, les programmes sont surchargés, dépassés et inadaptés aux besoins des élèves, les professeurs manquent d’une formation spéciale les qualifiant à gérer des adolescents difficiles et révoltés, etc… Malgré cela, l’enseignement technique a su mettre un bon nombre de ces brebis égarées sur le bon chemin leur évitant ainsi les affres du chômage ou la délinquance. En récompense, les collèges techniques voient leurs enseignants partir à la retraite les uns après les autres sans être remplacés. Par conséquent, certaines spécialités disparaissent offrant ainsi un prétexte en béton pour suivre une politique de regroupement qui rend les collèges techniques surchargés et difficilement accessibles à des élèves qui n’ont pas la possibilité de se déplacer sur de longues distances. C’est le serpent qui se mord la queue.
Comme c’est le cas aujourd’hui pour le collège technique d’Akouda dont l’existence même est menacée. En effet, la délégation régionale de l’Education de Sousse a pour projet de fermer ses portes, de déplacer ses élèves vers le collège technique d’El Kalaa Kebira et de fusionner le bâtiment avec celui du lycée le juxtaposant ; le lycée secondaire Salem Ben Hamida. Dans quel but ? Sacrifier tout le collège afin de créer une section technique dans le lycée. Qu’en adviendra-t-il des élèves du collège technique d’Akouda ? Personne aujourd’hui n’est en mesure de répondre. Leurs scolarités ne vaut-elle pas autant que celles des autres ? Apparemment non, puisque personne ne s’en préoccupe.
La campagne « L’école récupère ses enfants » semble bien lointaine aujourd’hui. Les élèves des collèges techniques sont poussés à la rue. Pour eux, il n’existe aucun projet, aucune alternative à part celle de devenir chômeur ou de quitter le pays. Le dernier rempart contre la précarité a été abandonné.
Tous les enfants de la Tunisie ont le droit à un enseignement qui leur permet d’avoir confiance en l’avenir et de réaliser leur rêve professionnel.
Ces enfants sont homogènes:des brillants,des moins brillants et ceux qui trouvent des difficultés d’éducation et préfèrent un apprentissage technique,cette dernière catégorie ne doit pas être défavorisée au détriment des autres car comme on a besoin d’un ingénieur pour construire notre Tunisie on a aussi besoin d’un maçon d’un plombier ou d’un menuisier ;il faut un tout pour faire un monde.
C’est une erreur de fermer les collèges techniques qui préparent ces enfants aux écoles professionnels.
C’est une erreur de laisser ces enfants devenir une jeunesse sans espoir sans avenir facilement influençable par la délinquance et le terrorisme et pourront même risquer leur vie pour une immigration clandestine afin de chercher un avenir ailleurs.
Il faut procéder à une réforme du système d’éducation technique et non son élimination et les collèges techniques sont la solution car les métiers techniques s’apprennent très tôt .
La démocratisation de l’enseignement, dès l’indépendance, a permis à bien des générations de sortir de l’ignorance. La Tunisie à pu former, peu à peu certains de ses cadres tout en faisant sortir bien des adultes de l’analphabétisme…
Avec la massification sont nés de nouvelles questions, et apparut du coup, un fait social contingent, celui des chômeurs diplômés. Mais, aussi, le phénomène que vous relevez, à savoir celui de ” l’échec scolaire” et son corollaire la nécessaire orientation dans des cursus adaptés aux besoins des enseignés qui ne parviennent pas à y valoriser leurs talents…
Les choix ayant conduit à seulement favoriser l’enseignement général rencontrent leurs limites. L’abandon ou le recul d’un enseignement adapté, technologique dans ses contenus mais aussi spécifique dans ses pédagogies serait un recul au regard des ambitions premières et un déni de droit à une éducation permettant à chaque jeune de trouver une place au sein de la société.
Ce serait un signe supplémentaire de déclin, source de conflictualites à verser au compte des espoirs déçus… depuis la révolution.