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Le qualificatif « International » est accolé à près d’une dizaine de festivals d’été publics. Un branding trompeur puisqu’aucune de ces manifestations n’a vraiment ce caractère. De quoi en faire une sorte de publicité mensongère éludant l’échec du ministère de la Culture à réaliser un des objectifs de ces manifestations : l’attractivité mondiale censée accroitre la visibilité de la culture tunisienne à l’échelle internationale et, sur le plan économique, promouvoir la destination Tunisie.

Il ne suffit pas de programmer des artistes non-tunisiens pour s’affubler du qualificatif « international ». Ces festivals, attirent-ils des flux de touristes venus spécialement pour y assister ? Non. Donnent-ils une visibilité médiatique internationale importante à la dynamique culturelle tunisienne ? Non. Constituent-ils un tremplin pour un meilleur rayonnement international des artistes tunisiens qui y sont programmés ? Non. Invitent-ils à une réflexion sur les artistes locaux ayant un potentiel à l’exportation ? Non plus. Rameutent-ils les opérateurs culturels actifs à l’échelle planétaire ou même régionale afin de faciliter la diffusion des œuvres culturelles nationales ? Absolument pas.

Nolens volens, l’impact des festivals étiquetés « internationaux » a du mal à dépasser les frontières tunisiennes. Difficile de parvenir à réaliser ces objectifs alors que des problèmes fondamentaux persistent dont l’inexistence d’un corps permanent au ministère de la Culture chargé de l’organisation de ces festivals. Une carence accentuée par l’instabilité politique, et donc, les courts mandats des ministres. Insuffisants, au cas où la volonté y serait, pour conduire les réformes nécessaires.

A titre symptomatique, la situation du Festival International de Carthage en témoigne. Mme Latifa Lakhdhar, ministre de la Culture au sein du gouvernement Habib Essid, a pris ses fonctions en janvier 2015 avant de les céder à Mme Sonia Mbarek en février 2016. Aussitôt nommée, la nouvelle ministre, ancienne directrice du Festival International de Carthage lors de ses éditions de 2014 et 2015, a désigné Mohamed Zinelabidine à la tête de cette manifestation, à six mois du début du festival.

Or, un tel événement, aspirant à atteindre les objectifs évoqués, devrait annoncer au moins une partie de sa programmation à ce moment. Le temps de communiquer de sorte à cibler les marchés touristiques potentiels en proposant des packages, commencer la vente des billets en ligne, inviter les professionnels non-tunisiens, identifier les projets artistiques locaux ayant du potentiel à l’exportation, décrocher des dates avec les artistes internationaux les plus sollicités et obtenir des exclusivités et des premières mondiales. Dans le cas présent, à six mois du festival, le nouveau directeur nommé a commencé à former son équipe.

Pour résumer, la continuité est une nécessité et non pas une préférence. Un programme annoncé le 28 juin à deux semaines du début festival et une billetterie ouverte juste après rendent le festival inapte à incarner la dimension internationale revendiquée. Il se retrouve ainsi condamné d’avance à échouer à réaliser ses objectifs « internationaux ».