Asthme, hypertension et troubles neurologiques
Naceur Hamdi, sous- directeur de la santé environnementale à la direction régionale de la Santé à Kasserine, nous explique que les plaintes des habitants victimes de la pollution sont de plus en plus nombreuses. « l’industrie de la fibre d’Alfa est consommatrice de produits chimiques de base comme le saumure de sel gemme, chlore, hydrogène, fréons, acide chlorhydrique, acide sulfurique, soude caustique, eau de javel et mercure. À cause d’une stratégie de protection hygiénique défaillante, ces produits ont contaminé les habitants, l’agriculture et l’environnement de Kasserine. Les agriculteurs utilisent les eaux usées de l’usine, illégalement, pour l’irrigation. Une dizaine de maladies, causées par cette pollution, touchent une grande partie de la population comme l’asthme, l’hyper-tension, les troubles cardiaques, les cancers et même des maladies neurologiques » nous explique Naceur Hamdi.
Imed Saihi, 32 ans, chômeur, père de deux enfants, habite la Cité Khadra, derrière l’usine de cellulose. Toute la famille est atteinte d’asthme. En plus des problèmes respiratoires, sa fille de 3 ans a développé une allergie cutanée. « Le bruit de l’usine nous empêche de dormir la nuit. Nous ne pouvons pas ouvrir les fenêtres à cause des mauvaises odeurs et de la fumée. Mes enfants ne peuvent pas sortir jouer comme tout le monde. Même l’eau, nous devons l’acheter pour boire et se laver » se plaint Imed. Le habitants de la Cité Khadra ont déposé plusieurs plaintes contre l’usine, encore sans réponses.
Aljia Dkhilali, 73 ans, mère d’une famille nombreuse, a perdu son mari, mort d’un cancer du poumon. « Je suis convaincue que l’usine est la cause principale de sa mort. Mais les autorités ne veulent pas réparer le préjudice. Avec les voisins, nous avons demandé que l’usine soit délocalisée loin du centre ville. Mais rien n’a été fait jusqu’à maintenant » regrette Aljia. Son fils Ahmed, 35 ans, au chômage, accuse des cadres « corrompus » de bloquer le dossier de restructuration de l’usine.
Il faut tout revoir de A jusqu’à Z. Pas seulement la pollution mais aussi l’infrastructure, la production et le développement de cette industrie. Nous sommes doublement punis par l’État. Victimes de la pollution mais aussi privés d’embauche,explique Ahmed.