L’économie collaborative a le vent en poupe. Tout droit venu de la Sillicon Valley, le coworking connaît un succès grandissant dans le monde. Reportage à Tunis dans ces « tiers-lieux » qui entendent révolutionner le monde du travail.
C’est un nouveau-né. Deux semaines à peine. Le deuxième espace de coworking de Tunisie a trouvé refuge dans le quartier très bétonné du Centre Urbain Nord. En franchissant le seuil de la porte du Jasmine Hall, on ne s’attend pas à trouver un endroit aussi coloré et chargé d’histoire. On oublierait presque qu’il s’agit d’un espace de travail. Des fauteuils aux tissus fleuris. Des meubles qui rappellent ceux de nos grands-mères. Des tableaux qui invitent au voyage. Des lustres dénichés dans des brocantes.
Dès le départ j’imaginais un endroit qui soit en rupture avec le monde conventionnel de la bureautique. Je veux que les gens qui viennent ici se sentent chez eux, explique Akram Dhane, le fondateur du Jasmine Hall.
L’idée de créer un espace de coworking lui ait venue il y a un an alors qu’il était consultant en informatique à Paris. « Je faisais un burn-out et lorsque j’ai découvert le concept de coworking, ce fut comme une révélation », raconte-t-il. « J’ai tout plaqué, et je me suis installé à Tunis pour lancer ce projet ».
A une vingtaine de kilomètres de là, dans le quartier du Lac, est né en septembre 2013 Cogite, le premier espace de coworking de Tunisie. Depuis, ils en ont ouvert deux autres (un au Lac et un au centre-ville) et projette d’ouvrir un quatrième à Djerba avant la fin de l’année. A l’origine, trois fondateurs : Houssem Aoudi, Rym Bouendi et Zied Mhrisi. « On s’est retrouvés autour d’un rêve : celui de créer un espace où l’esprit de partage et de collaboration règne » raconte Houssem.
« L’Homme reste un animal social »
Car c’est précisément ça, le coworking. Loin d’être un simple espace de travail, le coworking a la prétention d’encourager le travail collaboratif, le partage et l’innovation. Il s’adresse principalement aux entrepreneurs, aux freelances, aux consultants ou encore aux étudiants. Ce qu’ils viennent chercher, c’est un lieu de travail qui leur permettent de trouver une communauté pour échanger afin de ne pas tomber dans l’isolement. Dans une interview, le philosophe français Michel Serres disait : « Je connais beaucoup de gens dans la Silicon Valley qui travaillent seuls parce qu’il est possible de le faire. Au bout de huit jours, quinze jours, trois mois, ils se sont presque suicidés. Ils ont besoin de partager leur expérience. L’homme reste un animal social ». L’ère numérique a engendré des formes de travail plus mobiles et la multiplication d’espaces de travail innovant. L’explosion d’espaces de coworking n’est donc pas une surprise : plus de 2500 espaces ont été créés dans le monde entre 2005 et 2013. La Tunisie ne fera pas exception. Pour au moins trois raisons : les synergies qui se nouent dans ces lieux, la flexibilité et les prix excessivement élevés de l’immobilier. « Nous sommes de plus en plus nombreux à n’avoir besoin que d’un ordinateur et d’une bonne connexion pour travailler », indique Akram Dhane. « La culture digitale a bousculé l’organisation traditionnelle du travail », poursuit-il. Ainsi, le travail n’est plus rattaché à un « lieu » mais à l’activité que l’on exerce. Cette tendance, Raouf Ghram, ergonome et psychologue du travail, l’observe avec intérêt : « Travailler dans une ambiance où l’idée de partage est au centre stimule l’individu et sa créativité ». Cependant, selon lui, il est nécessaire que ces espaces de coworking soient encadrés :
Comme dans tout espace partagé, il faut y avoir un règlement intérieur pour que chacun puisse se concentrer. D’où l’importance des animateurs qui vont garantir cette ambiance de partage dans un cadre propice au travail. Raouf Ghram, ergonome et psychologue du travail.
Génération « co », génération post-capitaliste
Au-delà de la culture du « co », c’est-à-dire celle du partage et de l’ouverture, beaucoup se sont orientés vers les espaces de coworking car ils permettent de ne pas avoir des charges fixes trop lourdes lorsque l’on démarre. Chez Cogite le Pass d’un mois est entre 150 et 250 dinars tunisiens, au Jasmine Hall il est entre 185 et 285. Des prix tout à fait raisonnables lorsqu’on connaît le prix des locations pratiquées dans les quartiers d’affaires de la capitale tunisienne. C’est aussi le fait d’une génération confrontée au désenchantement de la scolarisation de masse et qui constate que la société ne leur a pas réservé de place à la hauteur de leurs qualifications et aspirations. Ainsi, beaucoup se sont lancés dans des aventures qui allient travail, autonomie et utilité sociale. « Je crois profondément que notre génération est de moins en moins à l’aise avec la hiérarchie et le salariat, il y a un besoin de liberté, d’indépendance et d’épanouissement très fort », affirme Akram Dhane. « Nous sommes en train de nous orienter vers une culture artisanale de l’entreprenariat ». Le coworking apporte une réponse évidente à cette nouvelle tendance. « Il y a un vrai partage de savoirs, de connaissances et d’idées », explique Fatene, animatrice à Cogite. « Les coworkeurs s’entraident, échangent leurs compétences, mettent en relation les uns et les autres », énumère-t-elle.
Cogite propose également de nombreuses formations autour de la question de l’innovation et de l’entreprenariat. Sans être un accélérateur de start-up en tant que tel, l’équipe de Cogite, qui compte trois salariés, est dans une dynamique d’accompagnement des coworkeurs. Le dernier atelier a eu lieu samedi 6 juin et s’est intéressé au « design thinking ». L’occasion pour la communauté Cogite qui compte aujourd’hui près de 1000 personnes de se retrouver et d’échanger autour de différentes thématiques. Car la dynamique évènementielle du lieu est très importante : c’est elle qui permet de faire vivre la communauté et de donner une identité à l’espace de coworking.
« Autofinancement »
Akram Dhane, ainsi que les co-fondateurs de Cogite, se sont lancés dans cette aventure avec leurs propres fonds.
Je n’ai pas voulu faire d’emprunts auprès d’une banque car les démarches sont tellement longues et compliquées que j’aurais certainement été épuisé avant même l’ouverture de l’espace. Heureusement j’ai pu compter sur mes économies et l’aide de ma famille, affirme le jeune fondateur du Jasmine Hall.
Quant à la viabilité économique, il est difficile pour Akram de se prononcer : l’expérience de son coworking space est encore trop récente. Pour Cogite, en revanche, la réponse est claire : « ça marche ! », s’exclame Fatene. Mais cela n’a pas toujours été le cas : « Quatre mois après l’ouverture, on n’arrivait plus à payer le loyer », se souvient Houssem. Et de poursuivre : « Mais très vite nous avons réussi à trouver un équilibre financier ». Pour le jeune cofondateur, c’est la force de leur réseau qui leur a permis de tenir. « Dès le départ, on a voulu proposer un modèle d’entrepreneuriat social où les bénéfices sont réinvestis dans la création de nouveaux espaces ou l’organisation d’ateliers gratuits ». Plus encore, Cogite propose aux étudiants un prix symbolique. « C’est important que toutes les catégories socio-économiques s’approprient cet espace », insiste Fatene. Car au final, l’écosystème proposé par le coworking entend bien replacer l’être humain au cœur de nos organisations. Un pied de nez au taylorisme.
Encore une tentative pour “réinventer la roue” ou “réinventer le fil à couper le beurre”. Et qui nous vient bien sûr des states (USA) l’eldorado de la créativité pour ceux quiy croient, comme certains croient aux miracles de l’Islam et au paradis dans l’autremonde. A defaut de revolutionner les conditions de travail dans notre pays, ce qui est plus simple voilà de jeunes gourous qui ont importé les idées des autres. C’est à croire qu’il n’y a plus personne d’intelligent dans ce pays. D’ailleur ça marche tellement bien pour cette équipe qu’ils n’arrivent pas ” à payer le loyer”. Dans notre pays il suffit d’appliquer les bonnes recettes de base et de la bonne volonté. Non. Pour la jeunesse actuelle, ils veulent tout ce qui est facile, et tout ce qui comporte du plaisir et de la joie. C’est pourquoi l’ambiance de travail tel que décrite est tres jolie et bon vivante. Et le travail, quand démarre-t-il? Personne ne le dit?
one Silicon Valley … and plenty of copycats …
Banglaore in India calls itself Silicon Plateau. Davos City in the Philippines purports to be Silicon Gulf, Ireland’s Dublin refers to itself as Silicon Bog , in Scotland it’s Silicon Glenn, in Egypt, it’s Silicon Pyramids and, most risible of all, the South American city of Santiago wants to be ‘Chilecon Valley’. The list is endless.
How about Tunisia ?? copying France, copying the US, it’s called … Pole Technologique …
Silicon Sahara would be better …
and the result of copying is just NOTHING .