Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui.
Jean-Paul Sartre
L’hommage rendu à Mandela est planétaire et la Tunisie, le « Petit Pays aux trois Présidents » ne pouvait être en reste.
Dans une « saine » émulation, chacun des dits « présidents » y est allé de son hommage : M. Laârayedh, Président du gouvernement s’est fendu d’un jeu de mots digne des plus ludiques des slogans situationnistes : « Mandela était le leader symbole et le symbole du leader » ; M. Marzouki, Président provisoire de la République, spécialiste désormais de ce genre d’initiatives, a décrété le samedi 7 décembre jour de deuil national et la mise en berne des drapeaux au-dessus des institutions publiques et Mustapha Ben Jaâfar, Président d’une Assemblée Nationale Constituante dont la constitution se fait toujours attendre depuis deux ans, de surenchérir en ordonnant de mettre en berne le drapeau au-dessus de l’ANC non seulement samedi 7 mais aussi le vendredi 6 décembre ! Na !
Tant d’empressement et tant d’éloges auraient été touchants et crédibles, s’ils avaient été sincères et désintéressés et surtout s’ils s’étaient conformés à l’héritage moral du défunt… !
La grenouille et le bœuf
Même si comparaison, comme chacun le sait, n’est pas raison, mettons en parallèle l’œuvre de Mandela et les actes incohérents et désordonnés des dirigeants tunisiens actuels et plus particulièrement de Marzouki puisque le nain ose se mesurer au géant.
En effet, à la page 17 de L’Invention d’une démocratie, livre qu’il a commis aux Editions de la Découverte en avril 2013, le Président intérimaire pratique le name dropping, cette manie qui consiste à émailler ostensiblement son discours de noms de gens connus dans le but d’impressionner les interlocuteurs et affirme : « D’autres personnages m’ont marqué : Nasser […] ; de Gaulle […] ; Mandela, en raison de son combat, mais aussi de son incroyable capacité à pardonner à ses ennemis et à transcender la haine ».
Le combat
Mandela a mené une lutte d’abord pacifique puis violente contre le régime de l’Apartheid. Arrêté, avec l’aide de la CIA !, il est
condamné à perpétuité et a passé vingt-sept années de réclusion dans un horrible pénitencier sur l’île de Robben Island. Mais cet homme réservé et timide, malgré son immense charisme n’a jamais tiré gloire de cette épreuve…
Marzouki, après quatre mois de prison, part en France où il reste dans un exil doré, percevant 6000€ par mois en plus des royaux cachets d’AL-Jazeera et ne revient au Pays qu’après le 14 janvier 2011 : « A partir de 2006, j’étais à Paris. J’y ai vécu des années très difficiles, même si Paris est une ville magnifique, dont j’ai écumé tous les musées. » (Opus cité, p.28) La fatuité et la suffisance font encore écrire à Marzouki ceci : « …j’étais un professeur de médecine reconnu, en Tunisie et à l’étranger, j’étais l’ancien président de la LTDH : tout cela m’a sans doute permis d’échapper à la torture physique. J’ai toutefois immédiatement été placé en isolement et je peux témoigner que, pour passer quatre mois à tourner en rond dans l’équivalent d’un grand placard, il faut avoir les nerfs solides » (Idem, pp.20-21). Mais alors pourquoi ces nerfs si solides lâchent-ils si souvent depuis qu’il est le locataire du Palais de Carthage ?
Le pardon
Alors que Mandela, à partir d’un patchwork de groupes qui se haïssaient et se combattaient, a réussi à former une nation, Marzouki et consort sont en train de transformer une nation moderne, en factions qui se détestent, se déchirent et commencent déjà à se combattre : Islamistes, laïcs, salafistes, Sudistes, Sahéliens… Modernistes…
Alors que Mandela grâce la réconciliation et au pardon a réussi une transition paisible et a su mener son pays de l’Apartheid à une société normalisée et démocratique, les dirigeants tunisiens sont en train de détruire l’état et de préparer le lit à une dictature … théocratique.
Alors que Mandela, élu brillamment et démocratiquement, a exercé le pouvoir pendant quatre ans puis a refusé de se représenter permettant ainsi l’alternance démocratique, les dirigeants tunisiens ont été élus, par une minorité, de façon peu transparente et pour une période limitée…mais depuis, ils s’accrochent et ne veulent plus céder le pouvoir.
La haine transcendée
En lieu et place de la réconciliation, du pardon, du dialogue et de la nation « arc-en-ciel » de Mandela, Les dirigeants tunisiens parlent de revanche et de vengeance.
Que l’on pense au LPR, cette milice fasciste, à l’immunisation de la révolution…Que l’on pense aux déclarations de Marzouki, à ses invectives et ses menaces contre l’opposition…
Que l’on se souvienne du lynchage de Lotfi Nagdh, des assassinats de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi… que l’on se souvienne des policiers et des militaires sacrifiés par laxisme et négligence, à la justice des deux poids deux mesures …
Que l’on pense enfin au livre noir où Marzouki, l’ancienne victime de la dictature, l’ancien militant des droits de l’homme, l’intellectuel qui appelait de ses vœux à la création d’ une Cour Constitutionnelle Internationale, … s’empare d’archives et dresse des listes, s’improvisant ainsi historien, juge, justicier et corbeau délateur…
Il y a fort à parier que que Marzouki fera le déplacement en Afrique du Sud pour assister aux funérailles de Mandela et surtout pour enrichir son press-book et élargir son réseau…afin de mieux impressionner ses interlocuteurs et ses concitoyens lors d’éventuelles prochaines élections auxquelles il se prépare depuis le jour où il a mis le pied au Palais de Carthage . Pour ce, il a établi un plan de communication effréné et au lieu de se comporter en Chef d’Etat, il passe son temps à édifier sa propre légende et à sculpter sa propre statue.
Alors que Mandela est adoré par son peuple et respecté universellement, les dirigeants tunisiens actuels sont la risée de leur peuple et méprisés au niveau international.
Bonjour,
L’auteur n’est peut-être pas “wahabisable”, mais avec cet article il est en passe de devenir lamentable. Cer instrumentaliser ainsi la mort d’un grand homme pour en rabaisser un autre, fût-il détesté, et sans aller au bout des choses pour comprendre les raisons profondes de cette détestation, et ce pour cause de déni de vérité (le livre noir), est d’une noirceur digne justement de tous ceux, coupables ou non, qui, comme des veaux, font dans le politiquement correct en dénigrant ce désormais fameux livre noir.
Monsieur Tahar,
Merci pour votre réaction qui, hormis la première phrase, reste courtoise, qualité qui à mes yeux est capitale par ces temps où dans notre pays l’on croit que la liberté et la démocratie consistent à insulter. Cela dit, permettez-moi d’y apporter deux trois remarques.
1. Sachez, de prime abord que je n’instrumentalise ni déteste personne. C’est plutôt M. Marzouki qui semble instrumentaliser à tout va : Il s’enorgueillit d’avoir connu Mandela et il revendique son héritage… Je vous renvoie à son livre l’Invention d’une démocratie et particulièrement aux pages 17 et 21. Or, admettez, cher Monsieur, que la coïncidence de la disparition de Mandela et la sortie du livre noir incite à faire le parallèle et à apprécier les dires et les actes de Marzouki, et plus généralement de la Troika, par rapport à ceux de Mandela. Ce que j’ai essayé de faire.
2. Quant au Livre noir, vous êtes libre de le défendre mais, convenez-en, je suis libre aussi de le condamner et je crois que ni votre attitude ni la mienne ne relève du « politiquement correct ». Nous sommes tout simplement deux citoyens et avons le droit de penser différemment et d’apprécier les choses chacun à sa façon.
3. En tant que citoyen, je considère que la publication de ce livre noir est un acte illégal, illégitime et immoral. Ce n’est pas le rôle d’un chef d’Etat. Il instrumentalise la fonction, les archives et ses conseillers. Tout devient un instrument pour séjourner le plus longtemps possible au Palais de Carthage quitte à se placer au-dessus de la loi, voire hors la loi.
@Slaheddine DCHICHA
Monsieur,
Je regrette ce “lamentable”, qui n’a rien à voir ni avec la démocratie, ni avec la liberté d’expression, et vous prie de m’excuser. Quant à savoir qui est de nous deux dans le politiquement correct, nous pourrions en discter. Recevez encore une fois toutes mes excuses.
Merci, mon cher Tahar, pour votre message.
Le jour où nos compatriotes et surtout nos élus auront le courage de faire la même démarche et sauront reconnaître “avoir fait un faux pas “, ” mal apprécié une situation”, bref s’être. humainement. trompés, nous aurons fait un immense pas. Vers la démocratie, vers l’émancipation, vers la liberté.
Toutes mes salutations amicales et démocratiques..
Je tiens a remercier l’auteur de cet article. Il m’a ete assez facile, moi meme qui suit de loin l’actualite en Tunisie, de tenter de dresser naturellement ce comparatif entre la strategie de nos novices en politique et celle du grand Mandela. Mr Mandela a toujours voulu faire changer les choses en creant l’exemple par lui meme. Malheureusement nos leaders-novices, soit ils n’ont pas compris ces examples, soit ils sont ignorants de l’histoire de Mandela et vu les circonstances, ils s’improvisent…
Depuis quand Nawaat se livre-t-il à la diffamation publique et à la calomnie ? La phrase suivante en est typique et pourrait valoir à son auteur des poursuites judiciaires:
“Marzouki, après quatre mois de prison, part en France où il reste dans un exil doré, percevant 6000€ par mois en plus des royaux cachets d’AL-Jazeera”
Marzouki n’est pas parti en exil à l’issue de ses 4 mois de prison (1994) mais en décembre 2001 après avoir vécu 7 ans en résidence surveillée, traqué jour et nuit par la police politique et privé de passeport.
Son “exil doré” en France est une invention de ses ennemis politiques. L’université française ne lui a jamais versé 6 000€ par mois et les cachets d’Al Jazira n’ont rien de royal.
Que vous n’appréciiez pas Moncef Marzouki est une évidence, c’est votre droit. Cependant, Nawaat devrait veiller à ne pas se transformer en Business News de gauche et à ne pas alimenter rumeurs, propos diffamatoires et calomnieux.
Il me semblait que Nawaat valait mieux que ça.
@ Zenobie
Madame,
Que M. Marzouki ait perçu 6000€, c’est tout à fait « naturel » pour « un Professeur de médecine reconnu, en Tunisie et à l’étranger » pour reprendre ses propres paroles. Il semble même trouver cette somme insuffisante puisque lors d’une de ses dernières déclarations, il a justifié son salaire de Président de La République 30000 DT (15 000€) en disant que c’est l’équivalent du salaire d’un professeur universitaire ! Amnésie ou ignorance ?
De même, percevoir 250 dollars pour des piges, c’est royal mais cela reste « normal » puisqu’il s’agit de la contrepartie d’un service fourni par M. Marzouki, en l’occurrence la lutte contre le système Ben Ali et la défense des droits de l’Homme en Tunisie même si d’autres, au même moment, étaient payés autrement !
En revanche, ce qui est étonnant et « anormal », c’est qu’il prétendre avoir vécu dans le besoin, comme il le fait dans son livre cité dans l’article et dans nombre d’entretiens dont celui-ci, donné à Jeune Afrique (http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20110215184555/opposition-tunisie-election-torturemoncef-marzouki-en-tunisie-on-a-fait-la-moitie-du-chemin.htmlk) et où il déclare: « Moi, le réfugié politique, celui qui n’avait ni moyens ni argent, je suis rentré triomphalement dans mon pays alors qu’eux, les puissants, les indéboulonnables l’ont quitté. C’est une belle leçon de moralité ; à savoir qu’en politique aussi, le bien fini par triompher du mal. C’est un sentiment de bonheur et de revanche que je ressens aujourd’hui. »
Que vous appréciez Monsieur Marzouki et que vous acceptiez la légende qu’il a édifiée de lui-même, c’est votre droit le plus absolu, mais admettez que vous témoignez d’un drôle de sens du droit et de la justice : d’un côté, vous semblez absoudre Le Magistrat Suprême, l’incarnation de la loi, le Président de la République lorsqu’il ne respecte pas la loi en publiant son livre noir ; d’un autre côté, vous brandissez la loi pour intimider un citoyen lorsqu’il avance des informations de notoriété publique et que M. Marzouki n’a jamais démenties.
Salutations respectueuses et démocratiques.
Monçaiphe Marzoucquie, le francophile … “ne respecte pas la loi en publiant le livre noir” ??
quelle loi ?? celle des nostalgiques de Ben Ali Baba et ses 40+ voleurs, ou de l’islamophobe arabophobe Bourguiba ??
n’importe qui peut publier un livre, y compris le président.
si les noms cités sont innocents, ils peuvent l’attaquer en justice pour diffamation. Sinon ils ont intéret à se taire pour pas aggraver leur cas.
Le peule a le droit de savoir les noms de ceux qui l’ont volé, baillonné, torturé ….
@ Slaheddine Dchicha
Je vais me répéter: non, M. Marzouki n’a jamais touché 6 000€ par mois de l’université française. Ceci est une affirmation diffamatoire et calomnieuse.
Vous prenez pour acquis n’importe quel bobard au prétexte que M. Marzouki ne l’a pas démenti. Ne vous est-il pas venu à l’esprit qu’il a autre chose à faire que de se précipiter au tribunal chaque fois qu’un quidam invente n’importe quelle rumeur à son sujet ?
Vous vous prétendez démocrate mais utilisez toutes les méthodes de l’ancien régime, à commencer par la diffamation.
Encore une fois, je m’étonne que Nawaat qui, jusqu’à présent publiait des textes plutôt intéressants, se mette à accepter ce type de discours.
Madame,
Qui êtes-vous pour être si sûre et vous livrer à des affirmations aussi péremptoires ? Pour décerner ou retirer des attestations de démocratie ? Pour décréter si une personne est du nouveau ou de l’ancien régime ? Pour décider de l’intérêt ou non d’un discours ? Et pour déterminer enfin le Vrai et le Faux ?
Etre démocrate, c’est se poser par exemple ce genre de questions.
Meilleures salutations.
Etre démocrate, cela commence par ne pas colporter de rumeurs infondées sur les personnages politiques mais les juger sur leurs actes et leurs prises de position.
Vous êtes, vis-à-vis de M. Marzouki, dans une attitude de dénigrement de sa personne à partir de ragots sans aucun fondement, je le répète et l’affirme.
Avez-vous déjà vu des personnes raconter des bobards de cet acabit sur F. Hollande ou N. Sarkozy ? Non, il y a bien des critiques contre eux mais jamais de rumeurs aussi fausses que celles qui circulent sur M. Marzouki.
Encore une fois, “l’exil doré de M. Marzouki” est une expression qui a été lancée par les sbires de Ben Ali et serinée pendant des années, sans aucune réalité. Reprendre mot pour mot cette assertion dont vous êtes bien incapable de prouver la véracité fait de vous quelqu’un qui fonctionne dans un mode autre que démocratique.
Vous trouvez “anormal” le fait qu’il dise avoir vécu dans le besoin: et pourtant, c’est vrai, ses amis français en ont été les témoins.
Encore une fois, je pose la question de l’éthique et de la déontologie de Nawaat à propos de cet article qui, de mon point de vue, déshonore ce site et le travail journalistique intéressant qu’il essaie de mener.
Madame,
J’ai fait preuve d’une grande naïveté et je vous ai prise pour une lectrice curieuse et exempte d’a priori. Je vous ai répondu sincèrement et sans méfiance, pensant que l’échange serait fructueux pour chacun. Peine perdue.
En surfant, j’ai pu lire un peu plus de vos posts et je viens de me rendre compte de ma méprise. De deux choses l’une, soit vous êtes une personne très proche de M. Marzouki, soit vous êtes une militante fanatisée. A moins que vous ne soyez, et c’est plus plausible, une mercenaire missionnée pour sévir sur les forums. Dans tous les cas, vos paroles perdent en crédibilité et relèvent plutôt du terrorisme intellectuel que de l’échange et du dialogue. En effet, votre discours présente des constantes symptomatiques :
1. Vous ne déviez jamais d’une ligne de défense/attaque « aveugle et enragée ».
2. Vous assenez vos dires comme si vous connaissiez intimement M. Marzouki ou comme si vous teniez vos informations /affirmations directement de lui.
3. Afin de dévaloriser et intimider l’interlocuteur, vous utilisez toujours les mêmes arguments violents et totalitaires : intoxication par la lecture de Business news, appartenance à l’ex-RCD, regret et nostalgie de l’Ancien régime, accusation de diffamation…
Je vais mettre fin à cette polémique inutile ne vous répondant plus :
1. Parce que je n’ai pas que « ça » à faire
2. Parce que c’est peine perdue
3. Parce que vous avancez masquée.