Petites bonnes, enfants au travail, ouvriers agricoles mal payés, travailleurs de sexe… la traite des êtres humains est un phénomène courant en Tunisie, un phénomène tabou dont tout le monde s’accommode. Sous couvert d’aider son prochain, en donnant de petits boulots à des personnes dans le besoin, la plupart des Tunisiens exploitent une main d’oeuvre bon marché et sans défense.
La traite et l’exploitation des personnes sont définies dans le Protocole visant à Prévenir, Réprimer et Punir la Traite des Personnes, additionnel à la Convention des Nations Unies contre la Criminalité Transnationale Organisée de 2000 :
« L’expression “traite des personnes” désigne le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation.
L’exploitation comprend, au minimum, l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou le prélèvement d’organes »
Aucun texte de loi n’existe en Tunisie pour lutter contre ce phénomène, aucun article du Code pénal n’incrimine ce type d’acte.
Pour pallier ces manquements l’étude S.H.A.R.E. a été lancée il y a quelques mois par l’Organisation internationale pour les migrations, avec le soutien du Département d’Etat des Etats-Unis d’Amérique, Bureau de contrôle et de lutte contre la traite des personnes.
Un comité de pilotage réunissant plusieurs ministères et associations tunisiennes a vu le jour.
L’étude a été menée sur le terrain pour clairement identifier le phénomène et proposer une liste de recommandations pour lutter contre le problème. L’action doit tourner autour des “4P” : Prévenir la traite, Protéger les victimes, Punir ce crime, et développer des Partenariats.
Le représentant du ministère de la Justice a expliqué qu’un projet de loi est à l’étude depuis 2007. Reste à espérer que l’aide d’experts accélérera le vote et la mise en application de cette loi. Une loi qu’il ne semble pas juger prioritaire. Étrange quand on sait que la révolution a été faite pour une vie plus digne.
Bonjour,
“la plupart des Tunisiens exploitent une main d’oeuvre bon marché et sans défense. la plupart des Tunisiens exploitent une main d’oeuvre bon marché et sans défense.” Une étude “sociologique” s’impose pour montrer quelle(s) classe(s) de la société tunisienne recourent le plus à cette exploitation éhontée, bon marché ou pas. De par ma propre expérience du terrain, qui n’a rien de scientifique, c’est dans les quartiers huppés de Tunis, de sa banlieue chic et dans certaines autres grandes villes, que l’on peut observer ce phénomène. Et ce qui est paradoxal – mais est-ce un paradoxe? – ce sont des familles et des personnes – “modernistes” et “islamistes” confondus – qui ne cessent de se réclamer “révolutionnaires”, “humanistes”, “démocrates”, “bons croyants”… qui, “Sous couvert d’aider leur (son) prochain”, pratiquent cet esclavage.
Il ne faut pas oublier les bureaux de recrutement qui envoient des filles, sous couvert de contrat pour les pays du Golfe, et ce pour prostitution.