Par Ferid Rahali
Des rapports sécuritaires tunisiens ne cessent de reconnaitre une prolifération massive des armes, animée par des réseaux illicites,dont des intégristes seraient les principaux protagonistes (selon des sources officielles). Des kalachnikovs, des munitions, des mitraillettes et des grenades ont été interceptées dans divers dépôts au nord et au sud du pays dans un contexte de calme très relatif ; notamment après le 6 février, date de l’assassinat de l’opposant tunisien Chokri Belaid connu pour ses critiques aigües à l’égard des islamistes qu’il tenait pour responsables de la violence politique et de la remise en cause del’équilibre social en accroissant l’insécurité.
Depuis le 14 janvier, la scène politique en Tunisie a souvent été impactée par des manifestations idéologiques agressives ;les meetings de certains partis politiques ont été attaqués, des journalistes et des activistes de la société civile ont été sujets à des harcèlements et à des atteintes physiques et morales.Des « modernistes » pointent le doigt surdes forces « rétrogrades » composées principalement du parti islamisteEnnahdha et de ses dérivés,tenus responsables de semer la haine et la zizanie par l’instrumentalisation de la religion.
Cette dite bipolarisation est considérée par certains comme la racine politique de cette course à l’acquisition illégale d’armes à feu. Un enjeu majeur ou celles-ci se sont transformées aux yeux de l’opinion publique tunisienne en un instrument d’instabilité et d’incertitude orchestré par des « forces occultes » dont tout le monde parle sans en définir les origines et les intentions profondes.
Le ministère de l’Intérieur tunisien qui a longtemps nié la gravité de ce phénomènese trouve effectivement aujourd’hui face à l’édification d’une police parallèle sous forme de milices salafistes et des bandes de voyous et d’hors-la-loi feignant de garder les biens et les quartiers…L’État semble cesser d’être la seule entité disposant du monopole dela violence légitime.Est-ce donc lapremière mise en marche d’une période d’anarchie et de d’inconnu, remettant en cause une paix sociale et plongeant la Tunisie dans la sphère de flou ? Une sphère de flou qui entravera le développement et l’investissement en dissuadant les investissements locaux et internationaux ?
En effet, Standard and Poor’s a ce mois encore baissé la note souveraine de la Tunisie en raison de l’instabilité politique aggravée par l’attentat contre l’opposant Belaïd, notamment parce que le champ est de moins en moins fertile pour assurer la phase boiteuse de la transition démocratiqueet empêcher toute perspectivenécessitant un climat de cohésion sociale et de bien-être des individus. Selon l’opposition, le spectre de la guerre civile semble planer sur La Tunisie si un consensus politique n’est pas conclu en vue d’un gouvernement de salut public qui lutterait en premier lieu contre la brutalité et la criminalité politiqueen définissant les rouages et les facteurs incitant à la haine.
En effet, un nombre considérable de partis politiques et d’associations estiment faire appel à « un congrès national contre la violence » dans les prochains jours essayant dereplacer ce phénomène dans soncontexte social et politique et de trouver les remèdes à ce carrefour sécuritaire qui touche à tout le processus démocratique.
Il est certainement crucial de lancer un processus de lutte contre la violence nécessitant une intransigeance officielle à l’encontre des fauteurs de troubles et des instigateurs. Néanmoins, il est indispensable de prendre des mesures sociales et économiques au profit des couches populaires pour installer un climat de paix sociale nécessaire à toute transition démocratique capable d’unifier le peuple contre toute atteinte à ses acquis révolutionnaires et ses aspirations.
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