D’aucuns vont pousser des cris d’orfraie ! C’est dans le jeu pervers de la politique. Mais moi qui ne suis pas politique, je n’irai pas par quatre chemins !Donc, rêvons d’avoir entre les mains cette… constitution !
Oui, rêvons ! En attendant cette arlésienne de constitution, dont tout le monde en parle mais dont on ne voit toujours pas le nez pointer devant le citoyen, et en vue d’éviter qu’elle ne nous fasse un pied de nez, au nez et à la barbe de tous, à nous naïfs et crédules citoyens, (le moins qu’on puisse dire !) on peut se permettre d’anticiper en présupposant cette énigmatique et tant désirée, convoitée et attendue constitution finalement accouchée !!!
Le temps de gestation d’une éléphante est de deux ans. L’intelligence humaine dans toute sa subtilité calculatrice machiavélique en demande plus pour accoucher d’un tel texte. Du moins chez nous.
Donc supposons que, WAlhamdou LIllah nous avons ce texte. Alors, quid des élections ? Le maître mot ! Comment les faire ? plutôt comment les « passer » sans encombres ?
Ne finassons pas et ne coupons pas les cheveux en quatre ! Les élections issues de la constitution ne se dérouleront pas à l’instar de celles post-révolution du 23octobre 2011. Le paysage politique n’est plus le même ; les motivations ne sont plus à l’identique et les ambitions partisanes totalement contradictoires entre les principaux pôles. Voire franchement détestables. Rien de nouveau… !
De nouveaux éléments cependant qui entrent en ligne de compte et auxquels nos esprits post 2011 n’y étaient pas disposés, quoique nos mœurs de l’époque d’avant le 14 janvier y étaient si familiarisés qu’on les considérait comme « naturelles » : la manipulation ; l’intimidation ; le passage à l’acte violent ; le meurtre ! Les vieux démons qui resurgissent ! Certaines bonnes âmes penseront que je commence à noircir le tableau, alors que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes des élections… Et qu’après tout attendons voir !… D’ici là…
Désolé, mais le mal est dans notre corps, le ver est dans le fruit ! N’en déplaise aux plus optimistes ! Il existe aujourd’hui, faut-il le rappeler, des mouvements, des groupes qui prônent ouvertement l’action violente, avec à leur actif un tableau de chasse des plus probants. Bâton de maréchal à la clé…
Qu’on se le dise : le seuil psychologique est largement dépassé et plus personne ne se fait d’illusion sur des élections neutres, transparentes et à la régulière comme en 2011. Or ces élections seront les premières issues d’une constitution préparée par des élus. De la réussite ou de l’échec de ces élections dépendra la crédibilité, l’autoritéet le crédit voire la viabilité pour les générations futures de cette constitution. D’elle dépendra l’avenir de ce pays et de la réalisation des idéaux de la révolution !
Aussi cette campagne électorale est-elle condamnée à se faire à la régulière et sans irrégularités, voire sans dépassements ni violence. Vœux pieux ! dira-t-on, si on ne lui donne pas les moyens pour faire réussir ce premier test démocratique après une longue léthargie tyrannique. Je n’en disconviens pas.
Les partis politiques roulent pour leur vision personnelle du pays et de son avenir, selon la ligne du parti, de son idéologie, du charisme de son chef, de ses directives, etc. Mais les OBSERVATEURS étrangers seront bien là pour contrôler, superviser, suivre, etc. le bon déroulement… Mais que peut servir la bonne volonté quand elle n’est pas dissuasive ? Alors pour la rendre dissuasive cette bonne volonté faudrait-il l’accompagner de moyens dissuasifs ! Il faudrait donc une tierce partie, neutre,réputée par sa rigueur et dont l’esprit républicain post-révolution a été maintes fois mis à l’épreuve.
Donc, pour réussir dans sa mission il faut lui laisser les coudées franches, bien plus larges qu’avec les dernières élections : la donne aujourd’hui est totalement différente (pour ne pas dire pis, s’il en est).Quelle autre institution autre que l’Armée pourra jouer ce rôle de neutralité,de haute sécurité et de rigueur ?
L’ARMEE ne roule pour personne d’autre que pour la République et ses valeurs ! Si l’on veut éviter les débordements, les dépassements, les tentatives de sabotage de la campagne électorale, si l’on veut éviter le bourrage des urnes, leur confiscation ou leur attaque, l’intimidation ou l’attaque des électeurs (tout préfigure ce scénario infernal, sauf à être niais ou à nous prendre pour des demeurés !) il faut absolument dès aujourd’hui se prémunir en demandant officiellement au MDN de se charger non seulement des élections proprement dites mais aussi et surtout du bon déroulement de la campagne électorale. Pour les raisons évidentes que l’on connaît et entrevoit !
Tous les partis politiques, et notamment ceux qui se sentent les plus concernés par les menaces doivent s’entendre sur un programme de “PROTECTION DE LA CAMPAGNE ELECTORALE” à soumettre au MDN et en coordination avec lui pour faire réussir ces premières élections démocratiques.
Encore faut-il donner les moyens juridiques aux Forces Armées d’agir et de réagir ! Moyens exceptionnels et d’exception !
Car au cours de ces élections, le contexte politique délétère et malsain (avouons-le) qui va prévaloir fera la part belle à toutes les formes de dérapages, de surenchères et de menaces : la violence fera rage. De la part de certaines parties contre d’autres, pour des raisons évidentes et connues. Ce n’est point un tableau sombre de pessimisme intellectuel que je décris, si je ne m’en crois !
Aussi, et si l’on veut que de tels drames soient prévenus, du moins limités (et elles sont inévitables, ne nous leurrons pas !!!) l’ARMEE doit disposer de droits exceptionnels qui lui permettront d’accomplir dignement cette mission historique, hautement symbolique pour l’avenir des institutions de notre pays et donc de l’avenir de nos futures générations.
Ainsi elle doit disposerd’une liberté absolue d’arrêter et de faire juger séance tenante par un tribunal militaire exceptionnel quiconque tente de SABOTER d’une manière ou d’une autre cette expérience unique dans notre histoire et dans l’histoire de tous les peuples arabes ! Que les juristes et les hommes de droit aidés des hommes politiques trouvent les textes de lois qui y conviennent. A situation exceptionnelle il faudrait des mesures exceptionnelles pour faire réussir cet évènement exceptionnel.
Charger l’Armée de s’occuper de la protection puis de la répartition des urnes à travers tout le pays alors que la campagne électorale aura été bafouée, bouleversée c’est jouer tout seul au tri-trac avec des dés pipés. Encore une fois les conditions qui ont entourées les élections d’octobre 2011 c’est bel et bien révolues !Peine perdue. Et on peut imaginer les scènes à venir !… Un cauchemar !
Volonté de militariser la vie politique ! s’insurgeront certains hommes politiques ; mieux : Risque de politiser l’institution militaire – Mais ils ont eu largement le temps depuis, de revenir sur leurs déclarations après les redoutables évènements, chargés de lourdes menaces, de ces derniers mois. Elections à l’ombre des baïllonnettes pourront titrer à la une certains journaux, qu’à cela ne tienne : mieux vaut une haie armée de protection dans chaque région prête à intervenir contre quiconque essaie de faire le malin (euphémisme !) que voir le sang des candidats puis des électeurs couler!!! Car à c’est à ce tragique scénario que l’on s’achemine si l’on ne prend pas les devants !
En fait il s’agit de charger une institution nationale, républicaine, réputée pour sa rigueur et son esprit légaliste et aujourd’hui protectrice de l’Etat de droit, d’une lourde responsabilité historique parce que c’est la seule institution vers laquelle se tournent les regards de tout notre peuple quand frappé par l’inquiétude, l’incertitude, la sinistrose, ou l’angoisse. La seule institution où la communion s’opère naturellement dans la confiance réciproque entre le peuple toutes tendances confondues et son institution militaire quand pris par les tourments de la peur des incertitudes des lendemains de crise.
Et nous ne sommes pas les seuls à connaître ou à faire cette expérience. Le Portugal, les pays de l’Europe de l’Est qui ont connu cette forme de transition et échaudé par une longue tradition despotique ont mis à contribution cette seule institution autour de laquelle l’unanimité nationale n’est pas à démontrer. Or notre Armée est dans la même ligne intellectuelle, morale et professionnelle des peuples civilisés ! C’est à dire DEMOCRATIQUE !
Donc confier à l’ARMEE cette mission, et certains partis en seront peut-être frustrés, mais la majorité du peuple tunisien toutes tendances, toutes idéologies confondues en sera satisfait. Pour des raisons sur lesquelles il serait inutile d’y revenir !
Par Sami Kourda
@l’auteur:
C’est peut être la seule solution.
Reste que c’est pas facile que les types qui ont les pleins pouvoirs laissent en échapper un.
Même si de telles dispositions sont prises pour que les élections se passent sans encombre, reste le problème du financement des partis qui n’avait pas été résolu avant le 23 octobre.
Nous savons tous qu’en guise de campagne électorale, Ennahdha organisait gracieusement des mariages collectifs, des circoncisions collectives à grands frais, sans compter les billets distribués pour que de pauvres gens votent pour eux.
Depuis, nous avons chaque jour la preuve que de l’argent d’origine douteuse circule pour financer des opérations non moins douteuses.
Le dernier événement en date : les billets de 50 dinars trouvés dans les poches d’un groupe d’individus soudoyés pour perturber le déroulement du meeting de Nidaa Tounès à Gafsa.
Nous sommes d’accord pour dire que “le ver est dans le fruit” depuis longtemps, mais ce “ver” aussi petit soit-il peut orienter le sens de l’Histoire de notre pays dans un sens plutôt que dans un autre.
Un autre problème de taille se pose, du moins à mon sens, celui de l’assassinat d’un opposant et chef de parti, Chokri Belaïd. Si bon nombre de Tunisiens s’attache à connaître la vérité, c’est bien parce que ces mêmes Tunisiens redoutent de voter pour un parti-assassin.
Attention la neutralité de l’armée est un leurre. La troupe obéit à ses commandants qui, eux, peuvent ne pas être neutres. Considérés individuellement nos soldats, sous officiers et officiers sont le reflet de notre peuple. Ils ont eux aussi leur préférence et peuvent être exposés à des pressions familiales ou partisanes. Le mieux est de faire appel à des observateurs étrangers. Leur neutralité est plus assurée. Ne tombons pas dans le piège d’une armée super neutre et insensible aux courants politiques qui traversent la société tunisienne. Cramponnons-nous sur de vrais neutres par sur de « supposés neutres ».