Par Nizar Gribâa,
J’ai cherché à maintes reprises des témoignages écrits sur ce qui s’est passé le 14 Janvier et même avant, mais il n’en existe que très peu. J’ai donc pensé qu’il serait utile de partager avec vous ce que j’ai vécu, car c’est notre mémoire collective que l’on se doit de transmettre aux générations futures, pour qu’elles n’oublient pas que des gens sont morts pour que nous puissions vivre en liberté.
Je m’appelle Nizar Gribâa, j’ai 29 ans, et je suis tunisien, oui « tunisien » et enfin fier de l’être car toutes ces années, ce mot n’avait pas vraiment de sens pour moi, ou du moins, il n’avait pas le sens qu’il méritait. J’étais comme un étranger dans mon propre pays, ce pays où tout semblait figé, maquillé, confisqué par une famille mafieuse que le dictateur Ben Ali protégeait et avec qui il magouillait et se remplissait les poches.
Comme beaucoup d’entre vous, je n’étais là que pour suivre et consommer et ne penser qu’à ma personne. Quand j’étais plus jeune, entre 15 et 20 ans, j’étais bien plus politisé car j’avais de grandes aspirations pour la Tunisie. J’étais sans doute trop optimiste, mais au fur et à mesure que les années passaient, je perdais espoir, la monotonie m’étouffait, et petit à petit je prenais du recul et me consolais en regardant la démocratie dans les télés françaises et je finissais par me réfugier dans la culture de ce grand pays par rejet de ma propre culture, de la politique en Tunisie, de la censure et de la répression. En fait, je n’avais de citoyenneté en moi que le nom, je ne décidais de rien et on ne m’avait jamais invité à participer à quoi que ce soit. Ben Ali avait tout fait pour tuer en moi mon appartenance à cette Tunisie.
« Enrichissez-vous ! », disait t’il un jour à ses proches, et ils se sont enrichis à nos dépens, à tel point qu’on se demandait ce qu’il leur fallait de plus pour épargner à la Tunisie une faillite économique.
Nous étions déjà dans une crise de l’investissement depuis plusieurs années, étant donné le mauvais climat des affaires et la corruption à tous les niveaux, en plus de la concurrence déloyale des sociétés fondées ou accaparées par le clan. Les hommes d’affaires n’avaient plus confiance et finissaient par mettre à l’abri une bonne partie de leur argent dans les banques européennes. L’Etat essayait malgré tout de limiter la catastrophe, mais face à un régime mafieux aussi puissant et un RCD gangrénant en profondeur nos administrations, c’était perdu d’avance, et ce n’est pas ça qui allait faire baisser le chômage. Ce même chômage qu’un certain Mohamed Bouazizi redoutait au point que lorsqu’il fut menacé de perdre son gagne pain quotidien et de façon abusive, il finit par se donner la mort, préférant ainsi ne plus vivre plutôt que de vivre dans un monde injuste où la dignité est bafouée.
Bien sur que le chômage existe dans tous les pays, mais ajoutez à cela un Etat policier, un système mafieux, une information verrouillée, une administration aux abonnés absents, et vous obtenez une bombe à retardement, car nous avions tous à l’intérieur de nous-mêmes une marmite bouillante qui attendait le bon moment. En fait, Ben Ali a causé sa propre perte.
La révolution aurait pu, selon moi, se faire lors des évènements qui ont eu lieu dans le bassin minier de Redeyef en 2008, mais ce n’étaient pas plus que des révoltes, et peu de fuites filtraient, le régime de Ben Ali avait fait un blackout total, il avait fini par « maitriser » la situation. Les morts de Gafsa n’avaient pas mobilisé les tunisiens, à ce moment là, peu nombreux sur facebook.
Ces deux dernières années, les scandales, c’est en veux tu en voilà ! et c’est peu dire puisque facebook est le nouveau vent de liberté qui souffle sur nos terres et apporte un peu d’oxygène et de réconfort à qui veut se venger de la censure et de la désinformation de nos médias traditionnels. Je croquais à pleines dents les articles que certaines pages de facebook relayaient, je discutais avec mes amis des dernières fuites de Wikileaks et j’imprimais la Régente de Carthage à ceux qui cherchaient ce livre, bête noire de Leila Trabelsi qui a tout fait pour interdire sa publication en France, mais la France n’est pas la Tunisie, elle ne lui appartient pas. Autant de scandales que les Tunisiens finirent par se raconter dans nos cafés mais qui ne suffisaient pas pour faire boom.
Décembre 2010, comme tous les jours ou presque, je me connecte, et là une vidéo circule sur facebook… une vidéo comme on n’en voit jamais dans cette Tunisie si tranquille… qu’avait t’elle de si spécial ? pour certains, ce n’était qu’un évènement banal, mais voir Sidi Bouzid se soulever de la sorte contre l’injustice ne pouvait passer inaperçue, en fait, on ne réalisait la portée du suicide de Mohamed Bouazizi que durant les heures qui suivirent. Un fait nouveau dans l’histoire de la Tunisie et même de l’humanité, une révolution qui se prépare sur Internet. Cette fois, ce qui était différent par rapport au bassin minier de Redeyef, c’est que nous étions plus de 2 millions de Tunisiens sur facebook, avec en prime le soutient du groupe Anonymous qui milite pour la liberté d’expression. Notre arme ? un téléphone portable et une connexion. La violence des images qui nous arrivaient peu après l’immolation de Bouazizi faisait qu’on ne pouvait que s’émouvoir et adhérer à la cause. Une grande partie des tunisiens ne partagent plus que les vidéos des révoltes. Ces dernières se propageaient progressivement aux villes et villages avoisinants puis aux régions traditionnellement contestataires, c’est-à-dire Gafsa, Kasserine, Thela etc… Hammamet et Nabeul quant à elles sont largement couvertes par les témoignages, Bizerte aussi, on se rapprochait de Tunis mais le pouvoir a tout fait pour que la capitale reste à l’écart.
Ceux qui n’avaient pas accès à facebook pouvaient suivre Al-Jazeera ou France24 (etc…) qui reprenaient les vidéos postées sur la toile, désormais les 10 millions de Tunisiens étaient au courant de tout, mais facebook relayait des vidéos trop violentes pour passer à la télé. Cela renforçait le sentiment de haine vis-à-vis du régime chez les jeunes, les langues se déliaient sur facebook et l’on commençait petit à petit à commenter les vidéos et critiquer le pouvoir car nous étions désormais des milliers à le faire, et l’on se disait que tout ce monde ne pouvait être jeté en prison et que le régime lui-même était occupé pour l’instant à réprimer les manifestations. Il se limitait ainsi à censurer Internet, mais les tunisiens excellaient dans l’art du contournement de la censure, notamment grâce à des logiciels tels que Hotspot, seul proxy qui fonctionnait à coup sûr.
Les jours se suivent, chacun apportant son lot de morts et de haine en nous qui passions des heures à courir derrière les vidéos… la charge émotionnelle était de plus en plus forte, le stress, la fatigue, le sentiment d’impuissance, l’envie de réagir, de sortir dans la rue, oui mais à Ariana, là où j’habite, il ne se passe encore rien, et j’ai moi-même peur de prendre le risque de me retrouver en prison. Je me console en suivant l’actualité, d’un côté je prie le seigneur pour que le massacre s’arrête, et d’un autre côté je me dis que la liberté s’arrache parfois avec le sang.
Début Janvier, tout le monde parle d’une vidéo qui se passe à Sfax, une vidéo de 8 minutes. En plein affrontement avec la police, un jeune filme avec son téléphone une jeep et un camion de l’armée qui traversent une rue à pleine allure et il décrit la scène : « c’est l’armée ! c’est l’armée ! ». En voyant cette première séquence, et comme de nombreuses personnes, je me dis : « merde, c’est foutu, l’armée va aider la police et va réprimer les révoltes dans le sang », mais la scène qui suit ramène en moi un espoir que je ne peux vous décrire. C’est la scène qui va changer la donne dans toute la Tunisie. L’armée est avec nous ! elle est du côté du peuple ! une colonne de camions de l’armée avance très lentement dans une avenue de Sfax, entourée d’une centaine de personnes qui chantent l’hymne national. A l’avant, un soldat qui s’avance vers les voitures de flics et leur demande de se replier d’un signe de la main, et en même temps, empêche les manifestants d’avancer, pour qu’il n’y ait pas de confrontation. Les policiers se replient, on apprend ensuite que la capitale du sud, ainsi que Gabès sont tombées aux mains de l’armée. Les gens fraternisent avec nos soldats, l’espoir s’est embrasé au sud.
D’autres vidéos nous parviennent de policiers qui lèvent les bras vers le ciel comme à Jebniana, rejoins par la population qui les applaudit. Le policier dit : « nous sommes du peuple, nous sommes avec vous ! ».
A Kasserine si je me souviens bien, une autre vidéo qui montre des manifestants courir pour se réfugier derrière les soldats. Les flics leurs disent : « donnez les nous ! lâchez les ! », et l’un des soldats qui pointe son arme vers le policier et qui dit : « hors de question, vous aurez affaire à nous si vous les touchez ! Retournez là d’où vous venez ! »
L’armée tunisienne, probablement la seule institution épargnée par la corruption et la main mise de Ben Ali, et qui était jusqu’à ce jour mise à l’écart et appauvrie, a refusé de tirer sur les manifestants, mais elle est restée neutre durant plusieurs jours, ces mêmes jours pendant lesquels nous continuâmes à regarder notre jeunesse tomber. Qu’attendait-elle pour chasser le dictateur du palais de Carthage ? ça reste à ce jour une question sans réponse. L’histoire retiendra cependant que c’est une révolution non encadrée qui se préparait. Il n’y avait ni parti, ni groupe religieux, ni organisation, il y’avait juste une nation à reprendre, une Tunisie à libérer. Ce n’était pas seulement pour le chômage, c’était aussi pour la dignité, pour la justice, pour la démocratie. 23 ans de dictature, les tunisiens ont dit d’une seule voix : « dégage ! ».
11 Janvier, Tunis se prépare enfin à entrer en guerre. C’est dans la cité Ettadhamen qu’on voit les premières images. Le lendemain, les snipers sont toujours sur les toits de Tunis, et l’on voit un homme tomber sous une de leurs balles à l’avenue Chedly Kallela. D’autres manifestations ont lieu devant le siège du RCD ainsi qu’à Lafayette, évacuée et vide vers 15h. On y est monsieur le président, cette fois, le point de non retour est atteint. Tunis que vous redoutiez tant, est désormais acquise à ce vent de liberté qui est à portée de main.
13 Janvier, troisième et dernier discours du dictateur, « je vous ai compris », disait t’il. Oui, nous aussi nous avons compris, nous avons surtout compris que c’est encore une comédie du RCD qu’on nous fait sur TV7 avec toutes ces voitures de location au quartier Ennasr et ces gens qui attendaient tranquillement dans des bus avant de simuler une manifestation soit disant spontanée pour remercier Zaba de cette soudaine générosité. Ces gens n’ont toujours pas compris que le tunisien n’est plus dupe, que le tunisien comprend tout. J’avoue quand même que Zinochet a réussi à m’émouvoir pendant deux secondes, car ce n’est pas tous les jours qu’on voit un président seul !
Eh oui, il était seul, il était lâché par l’armée, et même par la coiffeuse paraît t’il… 23 ans de dictature pour en arriver là, à presque s’excuser d’avoir été « dupé » par des gens qu’il n’a même pas l’audace de citer, quelle honte, quelle bassesse et quel déshonneur ! Durant un soir, il a été la risée de tout le monde. Mais au-delà du show, c’est l’avenir de la Tunisie qui se jouait le lendemain.
Ce discours télévisé de 6 minutes nous a montré une seule chose qui ait vraiment compté : Ben Ali est politiquement fini, l’armée a pris les reines de l’appareil sécuritaire, une chance incroyable s’offre à nous d’arracher enfin notre liberté, et une telle occasion ne se présente qu’une fois dans la vie. Allions nous donc rester de marbre ou se ruer vers Carthage ?
14 Janvier, à 1h du matin, je me reconnecte sur facebook, encore des vidéos de bain de sang, décidemment, Ben Ali ment comme il respire, la répression n’est pas finie, et ce n’est pas une pseudo libéralisation de l’Internet qui va nous calmer.
Je tombe sur une page qui nous invite à une ultime manifestation. En fait il y’avait deux pages, la première pour la manif à 9h place Mohamed Ali devant le siège de l’UGTT, la deuxième à 11h devant le ministère de l’intérieur, avenue Habib Bourguiba. Cette dernière, à 1h du matin regroupait 1500 personnes environ qui avaient confirmé leur participation. A 6h du matin, mes amis me réveillent, ils me disent qu’ils vont à la première manif, j’hésite un peu mais je me lève quand même. Je jette un coup d’œil sur mon pc, la manif a maintenant plus de 9000 confirmés.
A 8h30, je rejoins mes amis au centre ville, la présence policière est discrète mais elle est bien là. On est une dizaine, on se dirige vers le siège de l’UGTT, quand on arrive vers 8h50, il devait y avoir 200 personnes, et une dizaine de journalistes, reporters etc… mais pas de flics sur la place, du moins je n’en ai pas vu à proximité. C’était la première manif de ma vie, croyez moi ce n’était pas évident de crier comme ça dans la rue des slogans anti-Ben Ali, c’était d’un côté jouissif et d’un autre côté dangereux. Je me demandais si j’allais pouvoir revenir chez moi ce jour là où bien croupir en prison sous la torture. Néanmoins la présence des journalistes occidentaux me rassurait, l’armée quant à elle n’était pas si loin que ça, elle était comme tout le monde le sait, sous la statue Ibn Khaldoun. Bref, j’en profite pour parler à un reporter suisse une vingtaine de minutes, il me dit qu’il pensait qu’il y’aurait au moins quelques islamistes parmi les manifestants, je lui dis que nous ne sommes pas là pour défendre une religion, mais une nation. Je lui demande de faire passer mon message, de dire au monde entier que le peuple tunisien ne peut plus se contenter de manger et de boire, mais qu’il a aspire à vive en démocratie. Pour la petite histoire, le reporter me dit de faire attention car selon lui, les snipers privilégient les cibles qui comme moi sont corpulentes. Merci, ça me rassure…
Au bout d’une heure, nous n’étions pas plus de 400. Je me demandais pourquoi il y’avait si peu de monde, Plus on était nombreux, moins c’était risqué… je regardais au bout de la rue, mais personne ne nous rejoignait… bon sang, que se passait t’il ?
A 10h30, notre groupe se dirige enfin au ministère de l’intérieur pour rejoindre la deuxième manifestation, celle de 11h. On sort de la place Mohamed Ali, et au bout de la rue, je me rends compte qu’il y’a deux murs de policiers, un de chaque côté. C’était donc pour cela que personne ne pouvait plus nous rejoindre. Nous avançâmes coté Ibn Khaldoun, les policiers ne résistèrent pas longtemps, derrière eux, il y’avait l’armée que tout le monde s’empressa de saluer, d’embrasser, de remercier… je demande à un soldat : « vous êtes avec nous ? », il me dit : « oui, nous sommes là pour vous protéger ».
Ce qui se passa ensuite, je ne peux vraiment vous le décrire, il aurait fallu être là pour réaliser à quel point je vivais un moment fort. Plus notre groupe avançait vers le ministère, plus on était nombreux. Les gens venaient de partout, c’est comme s’ils nous attendaient. Lorsque j’arrivais devant le palmarium, on devait être 5000, les gens se parlaient spontanément, on se mêlait les uns aux autres, il y’avait des hommes, des femmes, des enfants, j’ai même vu une femme enceinte, il y’avait aussi une mamie, quelques barbus, quelques occidentaux, des rockeurs… il y’avait même un homme encore ivre, en fait il y’avait toute la Tunisie qui s’unissait le temps d’un jour autour d’une cause universelle, la liberté, la démocratie, cette fois, nous nous sommes donnés rendez-vous pour bâtir ensemble la première pierre de l’édifice pour qu’enfin le mal qui a régné pendant 23 ans soit chassé de cette terre.
Lorsqu’on arrive devant le ministère, on devait être 30 000, je perdis mes amis à ce moment là, et comme j’étais juste devant la porte du building, je ne voulais pas prendre le risque de les chercher car reprendre ma place plus tard aurait été difficile tellement on était serrés les uns contre les autres. Les policiers étaient là, inoffensifs à vrai dire, je lisais l’émotion dans leurs visages, ils semblaient vraiment tiraillés entre l’envie de se rallier au peuple, ou protéger le système, c’est un dilemme que je ne souhaite à personne. En tout cas l’un des policiers ne résista pas longtemps avant de s’effondrer en larmes, le sentiment de culpabilité était là, mais les manifestants le consolaient, et le prenaient dans leurs bras. C’était tout simplement surréaliste, et ça résumait parfaitement la situation : tout le monde était victime du système Ben Ali, et en premier lieu, les forces de l’ordre.
Il y’avait aussi des flics positionnés sur le toit du ministère, mais ce n’était pas ce qui nous préoccupait le plus. Nous étions surtout préoccupés par le fait que cette manifestation, bien que géante, soit la plus pacifique possible, aussi bien au niveau des gestes que des mots. Hors de question pour nous de provoquer les flics, nous voulions prouver que nous étions à la hauteur, contrairement à la logique du ministère de l’intérieur, que l’ont traitait de ministère terroriste. Les slogans s’enchaînaient, les idées ne manquaient pas, ça durait depuis des heures, j’en perdais ma voix à force de crier. Chaque fois qu’une personne montrait son visage depuis les fenêtres de l’immeuble, on la pointait du doigt avec en prime « dégage ».
Les journalistes et reporters, on aurait dit que c’étaient eux qui s’amusaient le plus, il y’avait parmi eux une femme que le sourire ne quittait jamais, elle était surement heureuse de couvrir la première révolution de sa carrière, elle qui assistait en direct et physiquement à une « indépendance » d’un pays. Les manifestants commencèrent à s’emparer un peu plus du ministère, en même temps que deux avocats montaient sur le toit de l’entrée, et qu’un jeune brandissait le drapeau.
Peu après, certains voulaient qu’on marche vers le palais de Carthage, pour virer le dictateur, d’autres étaient prêts, mais il y’avait aussi beaucoup de gens qui disaient que ce n’était pas possible de marcher autant de kilomètres, et que si on quittait le ministère, c’était foutu. On était loin de savoir à ce moment là que l’armée encerclait le palais.
Vers 14h, une colonne de motos se frayait un passage au milieu de la foule, suivie d’un camion, c’était apparemment une simulation d’un cortège funèbre, on m’informa plus tard que les flics ont tiré au gaz sur eux quand ils s’éloignèrent. Peu après, ça commençait à chauffer, et certains lançaient des bouteilles en plastique vides sur les forces de l’ordre, c’est là que ça dégénère. Les flics tirent au gaz partout, le bruit est assourdissant, et je ne vous raconte pas le mouvement de foule… nos jambes, on s’en servait juste pour rester debout, et on se laissait emporter par la vague, on n’avait plus aucun contrôle sur soi, on était comme des sardines, ne sachant où aller dans ce nuage de gaz toxique made in Israel et périmé. On est bousculés jusqu’à devant le Claridge, c’est là qu’on est confronté à un mur de policiers, pendant qu’on continue à nous gazer, c’était la peur de ma vie, je voyais la mort passer, le gaz faisait qu’on ne pouvait plus rester debout et qu’à n’importe quel moment, si on tombe parterre, on se fait écraser. Une fille de petite taille est juste collée à moi, elle a la tête en l’air collée au dos d’un homme, elle est presque évanouie, son amie à coté de moi ne cesse de l’appeler « respire ! respire ! » je la tiens par le bras pour qu’elle reste debout. Dès qu’à ma gauche, les gens se libèrent, je l’entraine avec moi et on court tout le long de l’avenue, c’est là que je la laisse. Eh oui, les flics nous ont gazés alors qu’on était des milliers, on aurait pu y laisser notre peau, en plus, on était encerclés sur plusieurs axes. Ca ne les empêche pas de nous pourchasser encore, je me réfugie alors sur le toit d’un immeuble près de la rue Farhat Hached, avec une douzaine de jeunes. Les voisins nous apportent gentiment de l’eau et nous proposent même de nous cacher chez eux, mais nous pensions que nous étions saints et saufs sur le toit du moment que nous restions discrets. Depuis le toit, je regardais une scène de chaos, toutes les rues étaient des lieux d’affrontements, et un peu plus bas, il y’avait un flic étendu parterre, ainsi qu’un manifestant qui ne bougeait plus, une ambulance est venue le secourir… un jeune homme me dit « bon, il faut redescendre maintenant », je lui dit « non, surtout pas maintenant, il faut attendre que ça se calme, et il faut descendre un par un, sinon on est repérés ».
Je reste le plus longtemps possible sur le toit, entre temps j’appelle mes amis, tous sont rentrés, il ne restait plus que moi, il était 16h environ. Je descends avec le jeune homme en question, j’avance vers le sud car il est impossible de traverser l’avenue Bourguiba. J’avance yeux baissés pour que les flics ne me tabassent pas. Plus loin, une policière nous ordonne de rejoindre d’autres manifestants dans une impasse, ce n’était pas méchant, c’était juste pour préserver notre sécurité, selon ses dires. Effectivement, on a pu ensuite s’en aller, mais en ce qui me concerne, j’aurais dû me retrouver de l’autre côté de l’avenue, coté rue de Paris ou rue de Marseille, car je devais rentrer chez moi à Ariana. Je n’avais pas le choix, il me fallait passer le temps. Je rejoins d’autres manifestants, du coup je me retrouve à la rue Ali Darghouth, devant la concession KIA de Sakhr El Matri, gardée par deux Hummer de l’armée. Les affrontements continuent du coté de la rue de Carthage, des fois ce sont les manifestants qui avancent, d’autres fois ce sont les flics. On m’a même dit qu’un flic a laissé son uniforme et a rejoint les manifestants. En tout cas, le gaz, on en était servis. Nous, nous avions la chance de le fuir, mais les soldats qui étaient devant KIA, eux, ne pouvaient pas quitter leur position, du coup les voisins chargeaient les jeunes de leur donner du lait pour s’essuyer les yeux. J’en profitais pour bavarder un peu avec les soldats. Ils m’écoutaient critiquer Ben Ali mais ils faisaient semblant de ne pas faire attention à ce que je disais, c’était marrant. Je revenais ensuite vers quelques voisins qui nous rapportaient les dernières nouvelles sur Al-Jazeera, et moi, j’en informais à mon tour les soldats… c’était un petit moment rigolo, mais ça devenait vite sérieux car aussitôt un homme me dit que l’aéroport est encerclé et que Ben Ali a annoncé l’Etat d’urgence pour 18h, or il était déjà 16h50. Comment faire pour rentrer ? il n’y avait plus aucun taxi qui circulait. Quelques minutes après, on me dit que l’Etat d’urgence est à 17h, à ce moment là je ne comprends plus rien, la seule chose que je sais, c’est que les rues se sont vidées, un peu après que la gare de train Barcelone ait été brulée et dévalisée. Entre temps, les membres de ma famille m’appellent les uns après les autres, ils ont eu peur pour moi, certains me proposent de passer la nuit chez leurs amis au centre ville etc… de toute façon, j’étais toujours de l’autre côté de l’avenue Bourguiba. Je réussis quand même à traverser du coté de l’assurance COMAR, en direction de Jean Jaurès, c’est là que je regarde de loin le ministère de l’intérieur, une vision apocalyptique, pas un chat dans la rue, uniquement des flics partout, des bus parqués à coté, et des blindés de l’armée qui encerclent le bâtiment. Un silence total, c’est incroyable de voir ainsi l’artère principale de Tunis. Je traverse Mohamed 5, et là un flic pointe son arme sur moi et crie : « qu’est ce que tu fais encore là toi, tu sais que j’ai ordre de tuer tous ceux qui se baladent lors du couvre feu ? » et je réponds « oui monsieur, il est 17h50 là, je vais me cacher dans un immeuble ». Je ne vous cache pas que j’ai eu la peur de ma vie.
J’atteins enfin le bureau dans lequel je devais me réfugier. L’immeuble est gardé par un vieil homme que je connais, il m’ouvre la porte. Je lui explique tout, et voilà, je suis enfin en lieu sûr. Le gardien écoute la radio, et semble imperturbable. Il va dans une autre pièce pour faire la prière, et en même temps, j’assiste à une scène incroyable. J’entends des flics courir derrière d’autres flics, et beaucoup d’insultes : « bande de déserteurs, vous trahissez Ben Ali, vous quittez vos postes ? tuez les avec de vraies balles ! », et là, l’un des flics tire, je ne sais pas ce qui s’est passé exactement… le gardien revient, je lui dis d’éteindre la lumière car on ne sait jamais, les flics pourraient peut être débarquer dans le hall de l’immeuble étant donné qu’ils vont s’apercevoir qu’il y’a des gens… et là il me répond : « pourquoi tu as si peur ? » je lui réponds que ce n’est pas tous les jours qu’un président prend la fuite et que les flics font des bavures… il me répond : « tu sais, moi quand j’étais plus jeune, je vivais au Cambodge, j’ai vécu l’époque des Khmers rouges », et là stupéfait je lui réponds que moi je n’ai rien vécu de tout ça et que je n’étais point habitué aux cartouches.
Bref, le gardien m’ouvre le bureau, et je passe la nuit au balcon, à regarder des scènes de pillage, et le reste des manifestants, avec tous ces hélicos qui survolent Tunis. C’est une nuit où on ne réalise pas encore ce qui vient de se passer, c’est une impression bizarre, où on se dit que c’est soit le chaos, soit la renaissance d’un pays. A 7h du matin, je sors dans la rue, et je constate les dégâts… stations de bus brulées, vitrines cassées, les pierres sont partout sur la chaussée, je me balade un peu dans l’avenue de Paris, là il y’a la boutique BATAM saccagée, et une partie de l’électroménager brulée dans la rue. Plus loin, c’est le centre commercial Médina qui a été attaqué le soir, surtout les boutiques d’opticiens et de chaussures. Tunis est une ville fantôme, il y’a très peu de gens, quasiment tous les commerces sont fermés, une seule boulangerie est ouverte à la rue de Ghana, avec une queue tel qu’on en voit au mois de ramadan. J’attends une demi heure pour trouver un taxi, je rentre à Borj Louzir, ma mère m’attendait, elle m’embrasse et me dit : « Nizar, vous avez réussi ! vous avez viré Ben Ali ! ».
Je prends mon petit déjeuner, et je vais dormir, cela faisait deux jours que je n’avais pas dormi, je me disais à ce moment là que je pourrai réaliser tout ce qui venait de se passer une fois que je me serais connecté sur facebook ou regardé les infos.
Nous avions vécu la révolution de l’intérieur même, nous n’étions pas au courant de tout, nous ne savions pas qu’en même temps que Tunis manifestait, d’autres villes partout en Tunisie vivaient la même situation, et que des dizaines de postes de police brulaient, et que l’Etat s’effondrait, et que le chaos avait remplacé l’ordre. Ce sont probablement tous ces évènements qui ont fait peur à Zinochet et qui l’ont amené à fuir son propre pays. 23 ans de dictature pour au final sa cacher dans un palais en Arabie Saoudite, 23 ans de règne sans partage, et tout ça pour l’argent et le pouvoir.
Monsieur Ben Ali, vous êtes entré dans l’histoire non pas de la Tunisie seulement, mais celle de l’humanité entière, comme étant le seul président des temps modernes à avoir été viré par son propre peuple, et cela à l’aide d’Internet, outil que vous avez tout fait pour étouffer, mais ça c’est retourné contre vous. Oui, c’est la première e-révolution, et ce n’est pas la dernière, regardez l’Egypte, le plus grand pays arabe avec ses 90 millions d’habitants, qui se sont libérés, et d’autres pays suivront. Il a suffit qu’un jeune s’immole pour qu’un pays entier s’embrase, vous nous avez volé notre argent, mais nous avions toujours gardé en nous le plus important, notre tunisianité.
Maintenant, et comme tous mes concitoyens, j’attends le moment où vous et votre clan mafieux serez jugés en Tunisie, pour que ce soit une leçon pour tous les tyrans de ce monde.
SERA RIEN changer:le 14 JAN reste un DOSSIER NOIR
* SI GADDAFI RESTE sera plus dangereux
* scandales de Ahmed EL-INOUBLI (PRO GADDAFI)
* sacandales de l’armee’ apres le 14 JAN.
Toujours des articles impressionnants en arguments et en taille sur nawaat … A mon tour de vous signaler, un nouveau blog sur la révolution tunisienne vu par un témoin et ami du peuple tunisien, critiques, analyses arrosées de satires sont au programme :
http://tunisieanun.wordpress.com/
Venez nombreux !
tears are pouring from my eyes.
I wish i was there and thanks for sharing
the experience.
though I left tunisia well past the mid fourties
years ago,I was navigating the event with you.
I had sleepless night listening to all world news,
surfing from channel to another plus the net.
from australia we thank you for putting it on paper.
good luck tunisia..
Merci pour ce récit, le votre !
Merci.
J’espère qu’à votre suite, le monde entier s’inspirera de vous.La situation économique est effarante dans tous les pays. Le Moyen Age dans les faits, le recul rapide des conditions sociales, la censure qui ne dit pas son nom (appelée ici et là “modération” ou autre cache-sexe qui ne leurre que les nombreux (en Europe) abrutis aliénés (à tel point que les seuls sites libres sont les … Tunisiens..)
Entre larmes (si Mohamed Bouazizi seulement avait pu survivre et voir…au-delà de son désespoir..), sang et sueur… Blood, sweat and tears… le prix de la Liberté.
Mais la Liberté n’a pas de prix!Et la dignité est intemporelle, universelle… Quel espoir vous avez donné aux peuples du monde entier (souvenez-vous de ce chinois seul défiant le pouvoir et la répression, seul, faisant reculer des chars… un emblème de la Liberté…un symbole à afficher)
Des signes épars de “guerre civile” éclatent ici et là en Europe (Pays-Bas ces derniers jours… immolation aussi, actes violents et desespérés, massacres de “petits” tueurs…)
Au Wisconsin, les citoyens ont maintenu leur opposition dans la rue (on n’en parle pas dans les journaux européens ou si peu.. car ils ont peur), les banquiers qui ont crashé les biens de millions de personnes, victimes punies à leur place par des mesures d’austérité, de recul social profond car il faut rembourser les erreurs cyniques des quelques individus omnipotents et non élus, continuent à affirmer leur amoralité et leur cynisme total (sans réaction politique d’aucune sorte, au contraire, le politique jouant le jeu) font vomir tout le monde.
Il est temps, grand temps…le monde est rempli de Ben Ali, de coiffeuses et de courtisans pathétiques…
Le peuple sature…
Merci encore des millions de fois… (les médias européens censurent énormément toute information venant de la planète révolte.. tout est ignoré..)
Internet est aussi sous contrôle en Europe (le prétexte étant droit d’auteur, propriété intellectuelle, etc. Tous ces concepts juridiques et moraux étant bien entendu instrumentalisés, utilisés et pervertis dans un sens aboutissant toujours au même résultat..)Heureusement, il y a Anonymous qui peut nous aider… “Nous n’oublions pas et nous ne pardonnons pas.” Cela devrait être le slogan des peuples du monde entier.
Merci, merci, merci…
Completement d’accord avec vous démocrate.
Malheureusement l’histoire montre qu’elle est un eternel recommencement ou finalement c’est les forces de l’argents qui au final prennent le dessus..et les forces de l’argents ne sont pas propre..car elle sont cupide avide de pouvoir et récupératrice des causes nobles et libératrices pour lequels des hommes sont mort…
Cher ami, on dit le proverbe suivant
“l’argent est un bon serviteur mais un mauvais maître”
Sachez cependant qu’en Europe (et aux USA aussi), le peuple commence à saturer … tout doucement
Une fois de plus, merci les Tunisiens, vous êtes l’honneur sauvé des peuples.. du monde entier
Personne n’aurait j a m a i s cru qu’au Magreb (réputé jusqu’alors pour la soumission de ses peuples aux religions et aux dictateurs), un peuple allait se soulever. Dans la dignité!
Une leçon m a j e u r e, un espoir pour les peuples du monde entier.
Cette révolution porte un message u n i v e r s e l, dédié à tout être humain
La situation devient intenable en Europe aussi…
En europe la situation est intennable mais le peuple est annestesyé par les aides sociales.RMI, CAF, diverses allocations..
les hommes politiques et les patrons bref tout ceux qui ont un pouvoir s’en mette plein les fouilles a coté de ca le chomage accule des millions de gens qui sont condionné pour accepter leurs misérables conditions ..et qui ne bronche pas. pour canalyser leur révolte on leur cherche des bouc émissaire qui ne peuvent ni se défendre ni plaidé leur cause qui qui sont les musulmans, les arabes et les noirs accusé de volé leur travail et mis pour responsable de la mauvaise gouvernance et de la mondialisation…
Jusqu’a quand cela va tenir… l’avenir le dire !!!
@Nizar Gribâa
Votre récit est émouvant Nizar. Une belle vision de l’intérieur de cette belle révolution, que j’appelais de tous mes voeux, mais à laquelle, hélas, je n’ai pas participé.
Belle vision donc, mais qui, à mon sens, donne trop d’importance à l’internet et à ses différents réseaux de communication. Bien sûr, on ne peut nier le rôle que cette technologie a pu jouer, mais il ne faut pas trop vanter son mérite dans cette belle révolution. Car insister sur le rôle de l’internet, comme le font ici les médias français (comme les médias européens et américains), reviendrait à insinuer que c’est grâce à cette technologie -création US – que la révolution a pu avoir lieu. Cela reviendrait, par ricochet, à minimiser le rôle qu’avait joué l’accumulation des frustrations, des misères, bref, des raisons profondes -d’ordre économique, social et culturel – de cette belle et surprenante révolution…Faites attention donc: trop insister sur le rôle de Facebook et autres Twitter pourrait signifier que l’on veut occulter, consciemment ou inconsciemment, les vraies et profondes raisons de cet évènement.
Amicalement
Merci Nizar pour votre joli témoignage, nous l’avons tous vécu à notre façon, c’est partagé
Trés beau temoignage.
Pour chaque tunisien dans le monde ce jours fut historique et signe une nouvelle page dans l’histoire du monde arabe en particulier et de l’humanité en général.
Chaque tunisien épris de justice et de libérté a manifesté avec ces moyens pour libéré notre beau pays du joug du benalisme et de ces dérives qui n’ont que trop durer…
Mon cher ami, pas seulement les Tunisiens, croyez-moi…
Pour chaque citoyen démocrate (frustré dans le m o n d e entier au vu de la dictature de fait des banquiers qui ruinent un pays après l’autre et ses millions d’habitants, la dictature des spéculateurs fous qui ruinent chaque jour les besoins de b a s e de chaque individu), la révolution faite effectivement par les tunisiens dans la r u e, est un espoir pour les autres.
Oui, un peuple peut se soulever.
Oui, même sous la dictature (leçon majeure).
Oui, un peuple peut “baffer” les immondes..
Oui, un peuple peut se mettre d e b o u t.
Un avertissement aux a u t r e s …
Les autres peuples (en Europe y c o m p r i s) l’ont dans leur tête… et les tunisiens sont devenus une référence (si eux l’ont fait, pourquoi pas nous?)
Il est clair que les dirigeants européens (aveugles et sourds) continuent à servir l’omnipuissance financière et ne font plus que servir une soupe amère au peuple…
Jusqu’à quand?
En Espagne, dernière manifestation de jeunes :Pancartes : Sans boulot, Sans argent, Sans avenir, Sans retraite, et…
SANS PEUR!
pour une Tunisie démocratique et libre , où tout les citoyens doivent se sentir concernés pour un vrai changement.
Faites vos propositions et dites ce que vous en pensez sur http://tounes.x10.bz
depuis la revolution ,on assistent a un debat entre les religieux et les laic!le debat devrait ce tourner sur savoir comment remettre de l ordre au niveau de la securité et surtout economique!
La democratie est la dictature de la majorité !
Sauf si elle est participative (la démocratie) !
le systeme libyen, s’il est vraiment mis en oeuvre
Completement faux: La democratie ( la vraie) est le protection des droits des minorites.
an eye witness to a great event:
the tunisian story seen from within.
nizaa gribaa we thank on more time for the account.
this should be the text to give all high school kids to ponder
on and may even be a text for higher education exercise.
it is not pretensious,honest in capturing the essence of tunisian
thirst for liberty and dignity.
though vivid in our memory now,in future it will be have a higher
significance and gains more stature.
in a humble way how an individual sees the pursuit of liberty
and tells it in his own words. live and tell that they may learn.
Merci pour votre temoignage ! Nous avons tous vecus ces moments avec intensite et de les relire me fait monter les larmes aux yeux !!
@SBK-AUH je vous rejoins sur ce point car pour chaque vrai patriote tunisien qui aime son pays a du verser des larmes de joie et de bonheur de voir notre pays sortir de 23 années de plombs, de répression avec a la tete un flicard minable qui a pris en otage tout un peuple pour se mettre plein les fouilles lui et sa prostitué de femme ainsi que sa belle famille…
De toute façon cela est message que lorsque les peuples se soulevent les tyrans tombent , tot ou tard mais il finissent par tomber
pour ma part j’ai eu en songe sa chute bien avant que la révolte ne gagne tunis …et ma vision fut juste.. Dieu est grand .
Voila un excellent document d’histoire que je vais certainement conserver. Je voudrais saluer votre courage comme je salue celui des milliers de tunisiens anonymes qui ont libérés la Tunisie. Votre texte est un reportage précieux des événements vécus de l’intérieur et, en même temps une réflexion pertinente sur la dictature du clan mafieux et sur les facteurs et les circonstances qui ont aidé à sa chute. Je voudrais vous faire part des questions et remarques soulevées par ce texte passionnant.
– Depuis plusieurs décennies (le point de départ peut être situé à l’époque de Bourguiba), la Tunisie vivait sous une oligarchie oppressante que vous décrivez si bien. Il faudrait qu’un jour quelqu’un tente de d’expliquer les facteurs -sociologiques, psychologiques et autres – qui ont autorisé le maintien des tunisiens dans une si longue léthargie ?
– Vous avez très justement souligné la naissance du mouvement insurrectionnel à partir de l’intérieur de la Tunisie et vous précisez que le pouvoir a tout fait pour que la capitale reste à l’écart. Auriez- vous des informations ou arguments qui précisent cette thèse importante? Je pense que cette chronologie était une chance formidable et probablement décisive dans l’aboutissement de la révolte. En effet, au moment où le pouvoir, sous l’effet de mouvements couvrant plusieurs villes de l’intérieur, commençait à chanceler, la capitale est entrée juste à temps pour lui porter l’estocade. Si, par pure uchronie, le point de départ était à Tunis, le pouvoir, encore craint et crédible, aurait probablement mis tout de suite, tout son génie et ses moyens pour terroriser la population et écraser l’insurrection avant quelle ne fasse tache d’huile.
– Vous dites « je prie pour que le massacre s’arrête, et d’un autre côté je me dis que la liberté s’arrache parfois avec du sang ». Je pense que c’est cette dernière réflexion qui a fait son chemin dans l’esprit du peuple tunisien au point de devenir une évidence et un moteur de sa révolte. Quelques mois avant le soulèvement, un groupe d’intellectuels tunisiens anonymes ont signé un texte prémonitoire et très pertinent disait en particulier : «La sortie de cette situation ne peut en aucune manière être pacifique. C’est un leurre de croire que ce régime s’amendera tout seul, ou qu’une certaine pression internationale le fera lâcher prise. C’est aussi un leurre de croire que le combat avec ce régime est un combat politique portant sur des valeurs ou des programmes politiques. Sortir de cette situation exigera des sacrifices énormes, et nous devons considérer que la bataille contre cette mafia est une 2ème guerre d’indépendance.» (Groupe de citoyens libres http://nawaat.org/portail/2010/10/08/le-regime-voyou/). Ce Groupe était en rupture avec la stratégie des partis d’opposition. Trois mois après cet appel à l’insurrection violente, l’histoire a donné raison à ses auteurs . (Nawaat a publié leurs textes, et je n’ai jamais su qui ils étaient ni ce qu’ils sont devenus, si quelqu’un a des infos…)
– Le rôle de l’armée a été très important, mais les historiens auront à définir si son ralliement à la population était décidé par les militaires qui étaient sur le terrain ou décidé en amont par LES chefs des états majors. On ne le saura peut-être jamais à cause du fameux « secret défense ». A un certain moment vous avez espéré que l’armée aille « chasser le dictateur de Carthage ». Et ici je suis en désaccord avec vous. Une armée qui renverse un pouvoir, cela s’appelle un coup d’état militaire avec pour horizon inéluctable un régime militaire pour quelques années. Fort heureusement, ce ne fut pas le cas et la révolution est restée, comme vous l’indiquez, l’affaire authentique du peuple. C’est cette originalité qui a forgée l’admiration du monde.
Le Général de l’armée a été assigné a résidence pour avoir refuser de tirer sur le peuple tunisien
Le 14 Janvier avait 2 facettes, celles du mauvais et du beau temps. Vous les avez vécus tous deux et en un jour. Que dire pour ceux qui ont et continuent à les vivre encore et vous en faites partie ? Réponse absolue: le mauvais temps est cuit et le beau temps est à venir. Je n’en suis pas sûr car, justement après 3 mois ou presque, aucun indicateur positif et momentané n’a pu vraiment s’établir pour leur porter espoir: les médias ne cherchent que leur profit avec la même image des 2 vestons, le parti unique est déchiqueté et décomposé ou recomposé en une soixantaine de partis sans fonds et en multi-formes,le désintéressement et l’indifférence sont plus que présents et font de plus en plus mal, l’exode intérieure vers les grandes villes ou leurs faubourgs comme celle extérieure vers Lampadusa par exemple se multiplient sans cesse, des grèves par tout, des revendications par tout ailleurs, … on dirait que tout ce monde habitué à la consommation et à l’écoute devient à forciori surconsommateur et assez “bavard” tout en oubliant l’essentiel, régi par le maître temps, d’adsorber au plus vite ses à coups néfastes.
j’accuse l’Armee’ qui a arreter la REVOLTE et pourqoui n’a pas arreter ZABA et les TRABELSIS et les remettre au casernes????? TUNISIA IS FACKED by:
-RCDst,
-ISLAMISTES
-Polices
-Seriati
-l’Armee’
-et la presence de l’Islamistes RADICALE EN TUNISIE et l’existance du GADDAFI SERA PLUS DANGEREUX !!!
– ou es les enquettes de l’assasinat de manifestants ,les massacres au Tela et Kasserine, Werdanine, et de la saison de l’argent public ??
an addiction to nawaat or a search for democracy?
are we there yet?,the 14 th of january is tacked in bed,gone through
nany a dreams and night mares but the search for democracy is well
underway,she seems to be illusif and hard to get to.
first the addiction to nawaat is understandable:
tunisians like arguing among themselves and a platform like this
is a perfect convas to throw ideas,insults,counter points,a
justification to defend a cause or another but importantly a link
to vent love to tunisia and defend a side view or discredit another.
as for democracy,it is another cattle of fish,by asking a local
fluent in schlooh speak if he could locate democracy,his answer is
as complicated as ever.he thinks democracy is in algeria and to get
to it you have to be prepared to negociate lots of hurdles and travel arduous roads.
I posed the question to him what are the hurdles and can he deschlooh it to me?.
he pointed a road marker with three signs and said: that one
beji means to get to algeria you have to step on a beji,
the second mbazza he is not sure wheter it is a tunisian name
or a fat goat burp,then the third pointing opposite saying ghannouchi:he explained it as return to the future and a road to the saoudis way.
when i asked the schlooh desector about other possible hurdles,
he mentioned rcd debris,zibla droplets,corrupted cops and their
nucleaus families.
my last question to him is why has democracy chose algeria?
his reply they are content,then they must be enjoying the company
od democracy? they are not demonstrating as much.
he had the last word by telling me democracy shifts posts and I
need a lot of chasing to do to get to her.
Juste un message pour félicité les createur du site jai vu l’un d’entre vous a la télé, jsais plus quand après soprano,et j’ai appris que la révolution en tunisie c’était grace a vous! etseulement car les autres pays du arabe on suivi j’en suis très content j’esère vraiment que ça va changer pour tous ces pays!!!!
encore bravo jsais pas comment avec un simple site vous avez réussi a faire ça mais bravo
ALLAH AKBAR POUR LA LYBIE QUI CE BAT ENCORE
Une façon de dire les choses…
POUR L’HISTOIRE
Ecrit par A4 – Le 21 Janvier 2011 – Tunis
J’écris pour l’Histoire, afin qu’elle n’oublie pas
Que je suis debout, j’ai fais mon premier pas
J’écris pour l’Histoire, afin qu’elle s’en souvienne
Que chasser un fou, ne me pose aucune gêne
J’écris pour l’Histoire, qu’elle prépare ses statues
Car c’est à mains nues, que je me suis battu
J’écris pour l’Histoire, pour lui crier encore
Qu’elle se rebiffe vite et qu’elle change son décor
J’écris pour l’Histoire, dans la langue de voltaire
Pour dire bien fort, que je ne sais plus me taire
J’écris pour l’Histoire, même mille et une fois
Pour dire que je ne suis plus, comme autrefois
J’écris, j’écris, je ne sais plus m’arrêter
Je lui écris tout, pour ne rien regretter
J’écris, même avec des yeux pleins de larmes
Pour ceux tombés, sans jamais porter d’armes
J’écris sans encre, sans crayon ni plume
Pour ceux restés couchés, sur le bitume
J’écris sans recherche, j’écris par instinct
Pour ceux qui ont pu seuls, forcer le destin
@ A4
Magnifique poème. Décidément beaucoup d’intelligences et de génies étaient étouffés sous le joug de la dictature!
Pourquoi utiliser un pseudo? Ce poème mérite d’être identifie par le vrai nom de son auteur.
@Bob
Merci. En voilà un second.
REV…
Ecrit par A4 – Le 17 Février 2011 – Tunis
Ai-je bien rêvé trop fort, plus fort que d’habitude
Pour la voir briser les chaînes de sa lassitude
Ai-je bien rêvé trop fort, plus fort que tous les temps
Pour la voir en Janvier nous offrir le printemps
Je l’ai vue se lever, se dresser comme un roc
Dans l’immense oliveraie de toutes les époques
Face à moi, la tête haute, le poing vers le ciel
Pour qu’ébahi je l’admire, mon dieu qu’elle est belle!
Je l’ai vue avancer seule, marcher vers l’avant
Sans jamais se retourner, toujours face au vent
Avancer à pas sûr, sans jamais hésiter
Avancer et puis se dire qu’il faut résister!
Je l’ai vue courir, sauter, plus rien ne l’arrête
Ni pluie, ni grêle, ni rude froid de la tempête
Courir encore plus vite, le cœur plein de courage
Pour accélérer encore à chaque virage
Je l’ai vue se battre dans toutes les avenues
Protéger ses enfants, des gamins aux mains nues
Dresser la tête, crier fort, implorer les cieux
Pour ceux qui ont déjà, hélas, fermé les yeux
Je l’ai vue, je le jure, vaincre tous les barbares
Toutes les bandes de voleurs et tous les pillards
Tous les vilains sanguinaires, toutes les bêtes de somme
Et tous les malfrats qui se prenaient pour des hommes
Je l’ai vue gracieuse, gravir les marches une à une
Aller très loin, très haut, du côté de la lune
Je dois vous avouer, quitte à perdre la tête
Je n’ai jamais vu une aussi belle silhouette
Je l’ai vue voler, planer comme une colombe
J’ai prié le ciel pour que jamais elle ne tombe
Fière et digne, vers une étoile elle tend la main
Pour planter comme une brave son bouquet de jasmin
J’ai prié pour elle tous les dieux, toutes les déesses
J’ai prié pour que jamais mon doux rêve ne cesse
Puis j’ai fermé les yeux, m’emportant vers les nues
J’ai fermé les yeux pour que mon rêve continue…
@ A4, Cher Poète,
Y-a-t-il un espoir de trouver un jour, dans le commerce, votre recueil de poésie? Je le souhaite! Encore merci et bravo!
@Bob
Je vous propose de jeter un coup d’oeil sur les commentaires de l’article “Autour des mentalités maghrébines: post-islamisme et esthétique de la présence” de Monsieur Lotfi Aïssa.
Encore merci.
Thank you for this gift of your lived experience. We are all Tunisians.
On a à peu près le même âge et je me suis toujours dis que ce jour arrivera. Finalement il est arrivé et je l’ai raté, ça me frustre tellement. Mais merci pour cet émouvant témoignage, mon frère.
Bonjour,
Le 8 JANVIER 2011 j’ai organisé un rassemblement devant FRANCE TELEVISION và 13 h.Les journalistes n’ont pas voulu nous filmé ensuite quand j’ai montré les vidéos de mort de kasserine et Tella et que j’ai dit on est pas des opposants et on est pacifistes notre révolution c’est la révolution du jasmin ils sont desendu avec la caméra et c’est ainsi que que FRANCE3 la Tunisie est passé sur le Journat de 20 h le soir même.Le lendemain elle etait sur les 3 autres chaines en premier titre.J’ai millité pour que l’info sort de facebook en un premier temps vers la page de FRANCE24 et donc j’ai demandé sur leur fenêtre de nous ouvrir un espace pour la Tunisie et j’ai mis le lien pour que les facebooker mette leur témoigniage en premier temps ensuiet c’etait BFM jusu’a bien sur ce famuex jour de 8 janvier.Demain le 16 AVRIL 2011 j’organise seule et avec tous les indépendnats comme moi un hommage à la mémoire des martyrs comme le 8 janvier.AU è eme arrondissement.Merci d’avoir pensé à ça.Tounssia Hourra lafidéle et pas celle qui avolé mon nom et qui essaye de me faire passer pour une traitre et ex RCD .
Dhekra slama.!!
Bonjour,
j’écris mon mémoire de fin d’année sur l’impact de Wikileaks sur la révolution tunisienne.
Attention, je ne dis pas que Wikileaks a eu un impact, cela reste à débattre.
Si vous voulez donner votre avis détaillé sur le sujet cela me rendrait service car j’aimerais ajouter des témoignages de tunisiens dans mon mémoire. Merci.
l.hirtzberger@my.westminster.ac.uk