Il y a maintenant un mois révolu que Mohammed Amine Jaziri a littéralement disparu. En effet, c’est le 24 décembre 2006 que les siens l’ont vu pour la dernière fois alors qu’il se rendait à Tunis pour y passer un concours. Depuis tout a été mis en œuvre pour le retrouver, en vain. Son père, Mohamed Moncef Jaziri et sa mère, Marzouka Mliki, reviennent sur cette attente interminable et ces espoirs déçus.
– Monsieur, madame, comment vous êtes vous aperçus que votre fils avait disparu ?
On s’est aperçu de la disparition de Mohamed Amine d’abord par des rumeurs selon lesquelles il était arrêté par la police ; son téléphone ne répondait plus dès 12h.00 le 24 décembre 2006, puis des témoins oculaires de l’enlèvement ont confirmé son arrestation.
– Il avait fait des études de droit, que comptait-il faire par la suite ? Avait-il déjà exercé ? Comment s’est passée sa scolarité ? Quelles ambitions avait-il ?
Oui, Mohamed Amine est licencié en droit, il comptait devenir un huissier notaire et avoir un bureau à Sidi Bouzid auprès de sa famille. C’est juste au moment où il commençait la réalisation de ses projets que la police l’arrête, juste avant son départ pour Tunis pour passer le concours le 25/12/2006.
D’autre part, il a passé une scolarité normale à Sidi Bouzid, il était un brillant élève en primaire et en secondaire, il était aussi dans l’équipe de foot, avait de nombreux amis ; il est très populaire dans la ville et il rêvait d’être un grand nom dans le domaine juridique.
– Subissait-il déjà des pressions policières avant cet enlèvement ?
Oui, depuis un an déjà avant son enlèvement il subissait régulièrement et systématiquement des contrôles de police, des harcèlements, des intimidations et même des brèves arrestations (de une, deux ou trois heures). Et après son arrestation, c’est moi-même et d’autres membres de la famille qui subissons ces pressions.
– Votre fils venait de se marier. Sa femme a-t-elle subi le contrecoup de ce kidnapping ? A-t-elle subi des pressions ?
Oui, elle souffre énormément puisqu’elle est enceinte et désespère d’avoir une vie de famille normale comme tout le monde. Et sans parler bien sûr de l’intimidation policière.
– Vous avez tenté des recherches à tous les niveaux. Quelles ont été les réponses officielles ? Y a-t-il des contradictions, des incohérences dans ces discours ?
Toutes les réponses officielles étés ambiguës ; les autorités d’une part nient catégoriquement et officiellement l’avoir arrêté, mais d’autre part ces mêmes responsables admettent officieusement l’avoir arrêté.
– La disparition de votre fils a été médiatisée. Elle a eu un écho, y compris au niveau international. Des associations en Tunisie se sont mobilisées également. Quel appel souhaitez-vous lancer à tous ceux et celles qui luttent contre la torture, l’impunité, pour un Etat de droit ?
Je voudrais d’abord remercier toutes les personnes, organisations et associations qui ont évoqué le kidnapping de mon fils. Et j’adresse un appel à tous les hommes et femmes dans le monde qui croient en la dignité de l’être humain et au respect des Droits de l’Homme pour lutter avec nous pour libérer notre fils.
Propos recueillis par Luiza Toscane le 28 janvier 2007
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