Dr. Marzouki est un visionnaire, il a bien averti le POUVOIR tunisien sur l’escalade de la violence dans le pays ! Triste résultat, nous avons fini l’année 2006 et commencé 2007 par la violence armée en Tunisie !
La dictature internationale instituée par le « Bushisme » n’a plus le monopole des armes. Hier des jeunes Saoudiens de bonne famille ont fait sauter les tours jumelles du World Trade Center, aujourd’hui, des jeunes Tunisiens à la fleur de l’âge ont voulu franchir « la ligne Maginot » qu’a fortifiée un pouvoir international sanglant, inhumain, cruel et païen. Ils ne sont pas fous nos jeunes tunisiens, ils savent qu’ils n’ont aucune chance de réussir un changement du régime en Tunisie par la force.
Alors qui sont-ils ? Pourquoi ont-ils osé sacrifier leur vie pour un peuple qui ne veut plus de violence y incluse la violence de l’État ? Le gouvernement tunisien voulait nous faire croire à l’étiquette religieuse « salafiste » et leur appartenance au réseau « fantôme » de Ben Laden ? c’est du classique et du réchauffé. Y-t-il un honnête citoyen au pouvoir qui a vécu les événements à l’intérieur de la grande machine policière et militaire, qui peut nous dire la VÉRITÉ !
Le peuple tunisien y inclus l’opposition (Le Mouvement Ettajdid, le Parti Social Libéral (PSL), le Parti de l’Unité Populaire (PUP), le Parti des Verts pour le Progrès (PVP), l’Union Démocratique Unioniste (UDU), le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL)) ont publié, chacun de son côté, des communiqués dans lesquels ils dénoncent toutes formes de terrorisme et d’extrémisme et appellent les forces vives de la nation à contrer « l’obscurantisme ». Ce n’est pas une preuve de plus que l’opposition n’est pas l’ennemi de la Tunisie au contraire, ils ont démontré encore une autre fois que la Tunisie est leur patrie, ils sont prêts à la défendre.
Alors pourquoi le pouvoir tunisien n’organise pas des procès publics justes et équitables afin que le peuple entende les arguments de « son ennemi » pour mieux juger ses propres enfants rebellés ? La SÉCURITÉ de la Tunisie n’est pas le monopole du pouvoir politique en place ! Avons-nous oublié que c’est le peuple qui a pris les armes pour libérer la Tunisie du colonialisme français Y-t-il quelque chose à nous cacher ? Que gagne-t-il ce gouvernement tunisien de nous garder dans l’obscurité et la noirceur ?
Comment voulez-vous avoir confiance à un gouvernement actuel qui nous a toujours caché la vérité sur notre quotidienneté ? Comment peut-on croire à leur parole parce qu’il nous a toujours menti ? Comment peut-on coopérer avec lui parce qu’il nous a toujours trahi !
Alors que nous reste-t-il comme alternative politique en Tunisie ? Moi je continue de résister, je n’ai plus peur de la dictature, j’ai la foi que le peuple tunisien mérite mieux, il mérite la démocratie ! Je n’ai jamais caché mon identité parce que j’aime mon « pays d’origine » qui est la Tunisie ! Moi je continue de résister !! Pourquoi ? Parce que :
Résister c’est créer : Contrairement à la position défensive qu’adoptent le plus souvent les partis politiques de l’opposition ainsi que les groupes contestataires ou alternatifs, nous posons que la véritable résistance passe par la création, ici et maintenant, de liens et de formes alternatives par des collectifs, groupes et personnes qui, au travers de pratiques concrètes et d’une militance pour la vie, dépassent la dictature et la réaction.
Au niveau international, nous assistons aujourd’hui au début d’une contre-offensive à la suite d’une longue période de doutes, de marche arrière et de destruction des forces alternatives. Ce recul a été largement favorisé par la volonté de la logique néolibérale et le « Bushisme » de détruire une bonne partie de ce que cent cinquante ans de luttes politiques avaient construit. Dès lors, résister, c’est créer les nouvelles formes, les nouvelles hypothèses théoriques et pratiques qui soient à la hauteur du défi actuel.
Résister à la tristesse : Nous vivons une époque profondément marquée par la tristesse qui n’est pas seulement la tristesse des larmes mais, et surtout, la tristesse de l’impuissance. Les hommes et les femmes de notre époque vivent dans la certitude que la complexité de la vie est telle que la seule chose que nous puissions faire, si nous ne voulons pas l’augmenter, c’est de nous soumettre à la discipline de l’économisme, de l’intérêt et de l’égoïsme. La tristesse sociale et individuelle nous convainc que nous n’avons plus les moyens de vivre une véritable vie et dès lors, nous nous soumettons à l’ordre et à la discipline de la survie. Le tyran a besoin de la tristesse parce qu’alors chacun de nous s’isole dans son petit monde, virtuel et inquiétant, tout comme les hommes tristes ont besoin du tyran pour justifier leur tristesse.
Nous pensons que le premier pas contre la tristesse (qui est la forme sous laquelle la dictature existe dans nos vies) c’est la création, sous de multiples formes, de liens de solidarité concrets. Rompre l’isolement, créer des solidarités est le début d’un engagement, d’une militance qui ne fonctionne plus « contre » mais « pour » la vie, la joie, à travers la libération de la puissance.
La résistance c’est la multiplicité : La lutte contre la dictature, qui ne peut se réduire à la lutte contre le néolibéralisme, implique des pratiques dans la multiplicité. La dictature a inventé un monde unique et unidimensionnel, mais ce monde n’existe pas « en soi ». Pour exister, il a besoin de notre soumission et de notre accord. Ce monde unifié qui est un monde devenu marchandise, s’oppose à la multiplicité de la vie, aux infinies dimensions du désir, de l’imagination et de la création. Et il s’oppose, fondamentalement, à la justice.
C’est pourquoi nous pensons que toute lutte contre la dictature qui se prétend globale et totalisante reste piégée dans la structure même du « Bushisme » qui est, justement, la globalité. La résistance doit partir de et développer les multiplicités, mais en aucun cas selon une direction ou une structure qui globalise, qui centralise les luttes.
Un réseau de résistance qui respecte la multiplicité est un cercle qui possède, paradoxalement, son centre dans toutes les parties. Nous pouvons rapprocher cela de la définition du rhizome de Gilles Deleuze : « Dans un rhizome on entre par n’importe quel côté, chaque point se connecte avec n’importe quel autre, il est composé de directions mobiles, sans dehors ni fin, seulement un milieu, par où il croît et déborde, sans jamais relever d’une unité ou en dériver ; sans sujet ni objet. »
Résister à la sérialisation : le pouvoir maintient et développe la tristesse en s’appuyant sur l’idéologie de l’insécurité. La dictature ne peut exister sans sérialiser, séparer, diviser. Et la séparation triomphe lorsque, petit à petit, les gens, les peuples, les nations vivent dans l’obsession de l’insécurité. Rien n’est plus facile à discipliner qu’un peuple de brebis toutes convaincues d’être un loup pour les autres. L’insécurité et la violence sont réelles, mais seulement dans la mesure où nous l’acceptons, c’est-à-dire où nous acceptons cette illusion idéologique qui nous fait croire que nous sommes, chacun, un individu isolé du reste et des autres. L’homme triste vit comme s’il avait été jeté dans un décor, les autres étant des figurants. La nature, les animaux et le monde seraient des « utilisables » et chacun de nous, le protagoniste central et unique de nos vies. Mais l’individu n’est qu’une fiction, une étiquette. La personne, en revanche, c’est chacun de nous en tant que nous acceptons notre appartenance à ce tout substantiel qu’est le monde.
Il s’agit alors de refuser les étiquettes sociales de profession, de nationalité, d’état-civil, la répartition entre chômeurs, travailleurs, handicapés, etc., derrière lesquelles le pouvoir tente d’uniformiser et d’écraser la multiplicité qu’est chacun de nous. Car nous sommes des multiplicités mêlées et liées à d’autres multiplicités. C’est pour cela que le lien social n’est pas quelque chose à construire mais plutôt quelque chose à assumer. Les individus, les étiquettes vivent et renforcent le monde virtuel en recevant des nouvelles de leurs propres vies à travers l’écran de leur télévision. La résistance alternative implique de faire exister le réel des hommes, des femmes, de la nature. Les individus sont de tristes sédentaires piégés dans leurs étiquettes et leurs rôles ; c’est pour cela que l’alternative implique d’assumer un nomadisme libertaire.
Résister c’est ne pas désirer le pouvoir : Cent cinquante années de révolutions et de luttes nous ont enseigné que, contrairement à la vision classique, le lieu du pouvoir, les centres de pouvoir, sont en même temps des lieux de peu de puissance, voire d’impuissance (Exemple récent : Saddam !).
Le pouvoir s’occupe de la gestion et n’a pas la possibilité de modifier d’en haut la structure sociale si la puissance des liens réels à la base ne le rend pas possible. La puissance est ainsi toujours séparée du pouvoir. C’est pour cela que nous établissons une distinction entre ce qui se passe « en haut », qui est de l’ordre de la gestion et la politique, au sens noble du terme, qui est-ce qui se passe « en bas ».
Dès lors, la résistance alternative sera puissante dans la mesure où elle abandonnera le piège de l’attente, c’est-à-dire le dispositif politique classique qui reporte invariablement à un « demain », à un plus tard, le moment de la libération. Les « maîtres libérateurs » nous demandent l’obéissance aujourd’hui au nom d’une libération que nous verrons demain, mais demain est toujours demain, autrement dit, demain (le demain de l’attente, le demain de l’ajournement perpétuel, le demain des lendemains qui chantent) n’existe pas. C’est pour cela que ce que nous proposons aux maîtres libérateurs (leaders politiques, dirigeants et autres militants tristes) c’est : la libération ici et maintenant et l’obéissance demain.
Abdo Maalaoui
Montréal / Canada
maalaoui@yahoo.com
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