Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

1-Introduction.

Durant ce mois de mars 2006, les deux doyens de l’indépendance africaine, la Tunisie et le Maroc, ont célébré le 50ème anniversaire de leur indépendance. Le Maroc qui a célébré le 2 mars cette fête malgré les « enclaves » espagnoles de Ceuta et Melilla au nord de son territoire historique et une crise du Sahara dans le sud, est peut-être l’exemple de cette indépendance territoriale inachevée. Quant à la Tunisie, elle a eu son indépendance territoriale partielle le 26 mars l956. Et elle l’a achevée 7 ans plus tard, le 15 octobre 1963, avec l’évacuation du dernier soldat français de la base navale de Bizerte.

Mais. L’indépendance de la Tunisie se limite-t-elle à la libération du territoire tunisien du protectorat français, instauré en 1881 ? Il est peut-être inutile de rappeler que l’indépendance d’un pays se mesure à travers la liberté des citoyens qui forment et donnent à ce morceau de terre nommé patrie tout son sens. Comme le rappelle Marcel Khalifé « L’indépendance est la liberté absolue. » [1]. Celle qui exprime la liberté ultime de l’individu. Sans cette liberté individuelle il n’y a pas à parler de pays indépendant ni de peuple souverain. L’indépendance, dans son essence, consiste à se défaire d’une domination, à recouvrir une souveraineté et à s’affranchir d’un contrôle qu’exerce un tiers, qu’il soit concitoyen ou étranger, individu ou système.

Selon ce critère nous pouvons affirmer que la Tunisie en tant que somme d’individus n’est pas indépendante. Que cette indépendance est inachevée. Et même si nous admettons que la Tunisie est territorialement indépendante, son peuple ne l’est pas. Ses richesses nationales sont bradées, sa liberté est bafouée, ses droits violés, sa parole muselée, ses politiques socio-économiques dictées par les institutions mondiales telles le FMI, la Banque Mondiale, l’OMC et l’Union Européenne. Une société qui est systématiquement quadrillée, fliquée et humiliée par un Etat qui ne la représente pas et qui est en guerre permanente contre elle ne peut en aucun cas être qualifiée d’indépendante. Son indépendance est à acquérir, elle est inachevée. Sa souveraineté est chimérique, elle doit se concrétiser.

A ce constat s’ajoute un autre, plus amère. Le peuple tunisien, malgré ses ressentiments à l’égard du régime, parait ne pas se soucier de la chape de plomb qui le maintient dans un état léthargique, et se complait dans cette situation aliénante.

2-La logique des 2.

  • Durant ce demi siècle, la Tunisie n’a connu que 2 présidents qui se sont érigés comme des « pères de la nation » construisant un régime fort, policer et personnel.
  • La Tunisie a aussi connu deux dames fortes, Wassila Bourguiba et Leila Ben Ali, respectivement femme du premier et du deuxième président de la République. Elles se sont emparées du pouvoir comme d’un bien tribal.
  • La Tunisie a connu deux grandes vagues d’espoir qui se sont vites évaporées : l’espoir qui a précédé l’indépendance il y a 50 ans. Et un deuxième qu’avait suscité « le changement du 7 novembre » en mettant fin au règne du premier président de la république tunisienne Habib Bourguiba. Comme prévu, ces deux espoirs ont cédé la place à deux désenchantements affligeants.
  • Le voisin de l’Ouest, l’Algérie a connu deux guerres, une guerre l’indépendance et une autre civile qui avait suivit l’annulation des élections législatives de 1991. Les deux guerres ont influencé le petit pays tunisien et dicté, à deux reprises, la stratégie du tout sécuritaire. « Du point de vue de la politique intérieure de la Tunisie, la conséquence la plus directe de la guerre d’Algérie a porté sur la campagne anti-bourguibiste de Ben Youssef qui, exilé en Egypte et allié du FLN et de Nasser, était un cauchemar constant pour le combattant suprême.  » [2]. La guerre civile algérienne des années 90 opposant les militaires aux islamistes a légitimé la « répression préventive » qui s’est abattue sur les islamistes tunisiens.

Suivant cette logique des 2 et partant du principe qu’« on a été colonisés parce qu’on était colonisables », et que « la liberté n’est pas soluble dans l’indépendance » [3] , on va s’amuser un peu à imaginer une sorte de plan Marshall à la tunisienne :
Pourquoi la France ne tenterait-elle pas de recoloniser une deuxième fois la Tunisie au lieu de sous-traiter la gestion de ce pré-carré à son comptoir colonial : L’Etat Tunisien ? Les conditions d’une recolonisation n’avaient jamais été aussi favorables. C’est peut-être une occasion historique pour concrétiser :

  1. Le vœu du général de Gaulle formulé à Tunis dans des termes très républicains : « Je déclarai que rien, maintenant, n’importait davantage que de resserrer l’union de la France et de la Tunisie. Une fois de plus, ce noble royaume s’associa à notre pays par son concours à l’effort de guerre et la valeur de ses soldats. » [4].
  2. La vison géostratégique bourguibienne résumée dans sa célèbre phrase lapidaire : « Paris et Rome me sont plus proches que Bagdad et Damas ! »

3-Quelques conseils pour la recolonisation de la Tunisie

A- Résident général :

La France fera bien de nommer Frédéric Mitterrand comme Résident général de la Tunisie Française. Surnommé « Monsieur Tunisie » au temps d’Antenne 2, et décoré par Ben Ali grand officier de l’ordre du 7-Novembre, Frédéric est capable de réaliser sa mission « La Tunisie chante et danse ». Il connaît parfaitement l’histoire du bled, son art, sa culture et les vertus du mâle tunisien mieux que le plus devin des Tunisiens. Il pourra ainsi redonner vie aux traités du Bardo et de La Marsa qui, depuis 1880, avaient régenté les rapports entre la France et son protectorat tunisien. Avec « sa voix de conteur et ses envolées lyriques » Frédéric Mitterrand sera capable de prononcer un discours d’investiture irrésistible, mieux que la déclaration du 7 novembre et meiux que toutes les directives présidentielle ennuyeuses de Habib Bourguiba.
Le palais de Carthage ne luis sera guère étranger. Frédéric connaît comme sa poche tous les environs d’ombre et de jasmin des banlieues chics du littoral tunisien. Il connaît les fins caprices de l’élite et les mœurs affables du peuple tunisien. En plus de tous ses atouts, Frédéric jouit des faveurs dans la cour des grands des deux rives. C’est un trait d’union idéal pour la réalisation du rêve gaulliste et bourguibien en Tunisie.

B- Colons :

Les touristes français (leur nombre vient de dépasser les 1.150.000 visiteurs par an.) en provenance de la métropole, premier marché émetteur de touristes pour la Tunisie, pourront recoloniser le pays. Et afin de mener à bien leur mission civilisatrice ils pourront compter sur le soutien de La direction tunisienne des biens des étrangers (ministère des domaines de l’Etat et des affaires foncières) pour leur faciliter le retour aux logements abandonnés par leurs pères au lendemain de l’indépendance. Le litige qui oppose la Tunisie à la France sur le dossier des immeubles urbains propriétés des étrangers pourra enfin être résolu de la façon la plus amicale. Chose qui consacrerait l’amitié exceptionnelle qui imprègne la relation entre ces deux partenaires de la Tunisie Française.

Et au lieu de répondre à l’appel de l’homme de la paix Ariel Sharon de venir s’installer en Israël, les juifs tunisiens pourront revenir chez eux en Tunisie et se mettre sous la protection de la France. Et pourquoi pas un retour des cadres d’origine tunisienne qui bossent ailleurs comme le ministre israélien des Affaires étrangères Silvan Shalom originaire de la ville tunisienne de Gabès ou Bertrand Delanoë, maire de Paris, originaire de Bizerte. La Tunisie pourra remplacer ses bureaucrates médiocres par des compétents notamment dans le domaine du maintien de l’ordre et de la sécurité. Juifs, Maltais, Italiens et Grecs qui ont quitté la Tunisie avec la France au lendemain de l’indépendance seront les bienvenus. Et puisque nous y sommes, ils pourront embellir la race tunisienne et lui rendre sa vraie splendeur méditerranéenne, lui otant la laideur du gène berbéro-arabe. Suivant la logique de la délocalisation de l’asservissement de la dignité humaine et des atteintes sexuelles, le législateur de la Tunisie française élaborera une loi, semblable à la loi 1972, pour réglementer les rapports sexuels entre les populations indigènes et les nouveaux arrivants. Nous pourrons ainsi en finir evec le tourisme sexuel qui fait ravage au sein de la jeunesse tunisienne.

C- Sécurisation de la Régence Tunisienne :

La France qui a de plus en plus une tendance manifeste à glorifier son passé colonial comme l’illustre si bien :

  • L’article 4 de la loi du 23 février 2005 portant reconnaissance du « rôle positif » de la colonisation «  notamment en Afrique du Nord  » [5]
  • Le recours à une loi d’exception instaurant le couvre-feu, datant de la guerre d’Algérie, pour « nettoyer au Kärcher » les cités révoltées et étouffer les émeutes violentes qui ont secoué les banlieues de la métropole durant le mois de novembre 2005.

pourra compter sur le “Patriot act” tunisien qui régit la Tunisie depuis le coup d’Etat du 7 novembre 1987. Si Les Etats-Unis d’Amérique avait profité du 11/9 pour élaborer leur “Patriot Act”, la Tunisie, comme on venait de le voir, s’était servi de la guerre civile algérienne pour instaurer son plan de « répression préventive ». La loi anti-terroriste qui a été adoptée en Tunisie le 12 décembre 2003 est venue consolider cette orientation. La France ne peut que se réjouir de l’existence d’une telle législation d’exception qui tolère une pratique systématique de la torture partout dans le pays : dans les locaux de la police, de la garde nationale et dans les centres de détention.

La Tunisie Française enrichie par l’expérience des centaines de milliers de policiers et des quelques centaines de milliers de rcdéistes et de informateurs n’aura aucun mal à sécuriser le pays et à le sortir une fois pour toute de l’ « en voie de développement »

D- Prisons et Tortionnaires :

La France pourra surveiller et punir sans plus se soucier de construire de nouvelles prisons pour accueillir les combattants tunisiens ni inventer des nouvelles techniques pour les humilier et les opprimer. Le régime fantoche tunisien s’en est chargé. Avec ses 253 prisonniers pour chaque 100 000 habitants, la Tunisie occupe la 4ème place parmi les pays les plus répressif de la planète. [6]. En plus de son classement honorable, la Tunisie est aussi fière de l’expérience acquise durant les 50 dernières années d’autonomie dans le domaine de la bonne gestion de la population carcérale que ce soit au sein ou à l’extérieur des prisons. La Tunisie de Ben Ali, dans son état sécuritaire mûr, offre une gamme variée de produits de contrôle administratif, de bannissement, de torture, de brimades, de quadrillage policier, de persécution des familles des ennemis de l’ordre.

E- Poches de résistance :

Les forces réelles qui autrefois avaient contribué à réaliser l’indépendance de la Tunisie sont devenues une caricature d’eux-mêmes. À à l’exemple de l’UGTT, et de l’école de la Zeitouna. Ces deux monuments de l’histoire tunisienne ancienne et moderne se sont transformés grâce à l’oeuvre de l’Etat tunisien en folklore. Des coquilles vides.

Pour ce qui est de la jeunesse, force de frappe de chaque nation, elle n’est plus à l’image de la jeunesse tunisienne d’autrefois qui formait le bataillant des fallaga et autres combattants de la résistance au sein des scouts, des syndicats et des cellules militantes disséminées sur le territoire tunisien. La France pourra se débarrasser de cette jeunesse locale en lui offrant une harga aux îles Canaries ou aux côtes siciliennes. Un grand navire fera l’affaire Quant à la jeunesse qualifiée et éduquée grâce au contribuable tunisien, elle choisira d’émigrer en Amérique du Nord ou en Europe pour s’installer et remplacer les populations vieillissantes locales. Ceux qui seront tentés par la résistance à la recolonisation de la Tunisie n’auront pas le courage de se soulever tant ils ont grandis dans une ambiance de peur et de démission. Puis, qui va rempplir les nombreuses prisons qui parsèment le territoire tunisien à part les téméraires et les terroristes. Ceux qui survivront la prison et la torture seront écrasés comme des cafards sous le poids des humiliations et des brimades de l’armée français et des forces de gendarmerie et de police mixte tuniso-française. La France et l’élite de la nouvelle Tunisie française appliqueront à la lettre les conseils d’Alexis de Tocqueville, ce défenseurs historique de la liberté et de la démocratie : : « J’ai souvent entendu en France des hommes que je respecte mais que je n’approuve pas trouver mauvais qu’on brûlât les moissons, qu’on vidât les silos et enfin qu’on s’emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui se voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre.  » [7]

F- Aspirations aux droits et à liberté chez le peuple tunisien :

La situation actuelle du peuple tunisien n’est pas du tout alarmante. Le moral des Tunisien est bas et toutes les conditions sont favorables pour une deuxième aventure coloniale dans le pays. La France n’a pas à s’inquiéter des revendications tunisiennes. Jacques Chirac a très bien compris cela. Lors de sa visite en Tunisie en 2003 il a su que le Tunisien tient avant toute autre chose à « manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat  ». Ce «  premier des droits de l’homme », selon le dictionnaire chiraquien, est capable à lui seul de soumettre toute une nation et d’aliéner tout un peuple ; ce qui d’ailleurs a été fait, magistralement, par Bourguiba et ensuite par son successeur Ben Ali. Ils ont eu le flair de comprendre que afin de se maintenir tranquillement au pouvoir il leur fallait satisfaire le peuple tunisien et lui donner toujours du pain ; un peu de kif et d’ambiance par-ci ; un peu de vin et de bière par-là ; mais beaucoup, beaucoup de football ! Les festivités, les jeux et loisirs remonteront la quotte de la popularité des gouvernants. L’essentiel c’est d’offrir au Tunisien sa bouffe, à temps, avant qu’il ne se révolte. Le soulèvement populaire du 3 au 6 janvier 1984 suite à la décision du gouvernement tunisien de doubler le prix du pain et des dérivés céréaliers est là pour nous enseigner sur la nature de ce peuple. [8]

À l’instar d’Aljazeera, la France pourra aussi bourrer les têtes des jeunes tunisiens avec des émissions sur la situation dramatique en Palestine et en Irak et inciter les plus incorruptibles à rejoindre les résistants de ces causes « lointaines ». C’est très efficace comme ruse car l’être arabe adore se solidariser avec la cause de liberté des autres et tourne le dot à sa propre cause. Maître Mahomed Abbou, qui purge une peine de 3 ans et demie l’a su. Dans son article « Abou Gharib » « Abou Gharaib » de la Tunisie maître Abbou a invité la jeunesse tunisienne à s’engager dans la cause nationale et à s’armer «  du courage de dire non face au dictateur » tunisien. Au lieu de boycotter les produits américains il a exhorter la jeunesse à «  commencer par le boycott des produits et entreprises détenues par les familles soutenues par le pouvoir politique et qui ont ramassé des fortunes énormes dans peu de temps. »

Les hommes de la trompe, de l’intelligence et du courage de maître Abbou ne sont pas nombreux en Tunisie. Les rares personnes de cette clairvoyance et patriotisme sont ou bien en prison ou bien atomisés par l’oppression et les brimades. La France pourra donc manipuler à sa guise un peuple démuni de connaissances et de courage.

G- Langue et culture :

Le français, qu’on peut considérer comme langue nationale, ainsi que la culture françaises sont enracinés en Tunisie à un tel point que la France pourra mener sa mission civilisatrice beaucoup mieux que durant le premier épisode de colonisation. Et comme l’avait remarqé l’écrivain et sociologue tunisien Albert Memmi : « la culture française restant l’une des plus reconnues au monde, Paris continue à exercer sa despotique fascination sur quiconque parle français, et même sur ceux qui ne le parlent pas. » [9] Les forces archaïques qu’avaient alors formé la zeitouna et l’aile youssefiste du Néo-Destour ne sont plus présentes en Tunisie de ce début de siècle. Et tous ceux qui aujourd’hui se réclament de cette école sont tellement persécutés et épuisés qu’ils n’auront plus la capacité ni l’enracinement populaire suffisant pour s’opposer aux forces des Lumières que représentent la Métropole et l’élite tunisienne francophone, allié éternel de la France. Le Résident général de la Tunisie Française, Frédéric Mitterrand, pourra compter sur les supports locaux : artistes, cinéastes, intellectuels, anciens ministres, comités, ONG et même un bon nombre de partis politiques opérants sur le terrain. La ville européenne, les quartiers italiens, les bars, les activités culturelles et artistiques retrouveront toutes leur vivacité qu’ils avaient perdu durant le règne des indigènes. Et comme le veut l’adage : « les Arabes et les nègres ne sont pas faits pour administrer un pays. »

H- Richesse et fierté nationales :

Les symboles de la nation tunisienne ne représentent plus grand-chose.

  • Le drapeau tunisien on le retrouve dans les cellule du RCD où la racaille tunisienne se réunisse ; il est aussi hissé sur les établissements sécuritaires où on torture et humilie ; sur les administrations publiques où on s’adonne à la corruption et au clientélisme ; il est surtout un décor présidentiel et un fétiche footballistique. Et les Tunisien le préfère un peu ancien, fade et en lambeaux.
  • La date très symbolique de l’indépendance 20 mars est devenue une marque déposée de cigarettes tunisiennes. Les mégots sont le lieu/objet le plus sacré des Tunisiens pour inscrire la date de leur indépendance. On les retrouve partout, sur les trottoirs, les poubelles et les cendriers. C’est ainsi qu’on honore les martyres et les anciens combattants. Une sorte d’encens à la Tunisienne ! L’indépendance ne veut plus rien dire pour les Tunisien. C’est une fable à laquelle personne n’a jamais crue. [10]
  • Le « parlement tunisien élu », l’une des revendications essentielle de la lutte nationale surtout au cours des grandes manifestations qui ont secoué la Tunisie le 9 avril 1938 est devenu le siège de tous les arrivistes et les béni-oui-oui à la remorque du pouvoir. Des vauriens avec chauffeur. Ils seront les premiers à troquer le parlement contre n’importe quel privilège que leur offrira la France. Et ça prendra à la Tunisie Française un siècle, peut être deux, pour voir naître un autre Ali Belhouane ou voir défiler des démonstrations comme celles du 9 avril 1938. D’ici là la France et l’élite tunisienne continueront leur travail d’aliénation de la population indigène. Les échantillons et les ingrédients de ce produit aliéné déjà sont disponibles sur le marché local.
  • L’hymne national tunisien n’a jamais impressionné personne. Si par marque de respect les autres peuples se mettent debout lorsqu’ils écoutent l’hymne de leur pays, le Tunisien se met à applaudir, à siffler et à dansotter.

Le pillage du musé du Bardo est une mission civilisatrice destinée à sauver des œuvres d’art rares exposées dans un musé guère visité par les populations indigènes. Ces objets ont leur place naturelle dans les meilleurs stands artistiques et historiques des capitales occidentales et dans les palais des collectionneurs et des connaisseurs. L’art, à l’instar de la richesse et de la liberté, est un privilège de la race supérieure au goût raffiné. La France pourra avoir recourt aux réseaux mafieux locaux qui se sont enrichis ces 5 dernières décennies. Elle pourra aussi solliciter le soutien des unités spéciales qui se sont occupées du musé de Bagdad le lendemain de l’invasion américaine.

Les ports tunisiens construits par la France entre 1881 et 1956 auront de nouveau un rôle à jouer dans la circulation des marchandises dans ce monde globalisé. Nos pauvres dockers locaux pourront enfin décharger l’huile d’olive italienne, les dattes israéliennes, le blé américain et les cigarettes gauloises. Car le 20 mars provoque le cancer.

4-Conclusion.

En un mot : le peuple tunisien est recolonisable.

Notes :

-1- Entretien exclusif avec Marcel Khalifé à l’occasion du 56ième anniversaire de l’indépendance du Liban, en 2005. Al-Oufok.

-2- La politique tunisienne face à la guerre d’Algérie, Giampaolo Calchi Novati. Confluences Méditerranée, N°29, Printemps 1999.

-3- Lire notre article : Indépendance et liberté. juillet 2003.

-4- Propos du général de Gaulle cités dans l’allocution prononcée par Jacques Chirac à l’occasion du dîner d’État que lui a offert le président Ben Ali lors de sa visite dans le pays en 2003.

-5- « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord » de la loi du 23 février 2005 votée par L’Assemblé nationale française.

-6- Selon diverses sources comme les Nations unies et le Conseil de l’Europe. Cité in : Le système carcéral en chiffres. Le monde diplomatique, juin 2003.

-7- Alexis de Tocqueville, Travail sur l’Algérie. in Oeuvres complètes, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p 752 cité in « Quand Tocqueville légitimait les boucheries », Par Olivier Le Cour Grandmaison, Le Monde diplomatique, juin 2001.

-8- Lire notre article : To eat or not to eat, that is the right…question ! 10 décembre 2003.

-9- La patrie littéraire du colonisé, par Albert Memmi, Le Monde diplomatique, septembre 1996.

-10- Lire notre article en arabe :الإستقلال : من البيت إلى الشارع