DU PROTECTORAT FRANÇAIS À LA DICTATURE SANS FARD

Ce mois-ci, la Tunisie célèbre le cinquantième anniversaire de son indépendance, marquée par une dictature implacable. Mais, en février, le président Zine El-Abidine Ben Ali a libéré 1657 détenus, dont 70 membres du parti islamiste interdit Ennahdha, le journaliste Hamadi jebali et des jeunes internautes, emprisonnés pour avoir surfer…De quoi encourager à la résistance collective qui commence à s’organier.

«  Naturellement à part les multiples humiliations infligées aux citoyens, je constate que du temps du protectorat français les opposants, Bourguiba en tête, avaient le pouvoir de s’exprimer. Ils avaient des associations, des partis, des syndicats et des journaux. Loin de moi l’idée de faire l’apologie du colonialisme, mail il faut constater qu’aujourd’hui nous n’avons plus rien de tout cela.  » Tel est le constat de Mohamed Talbi, historien et ancien doyen de la faculté des lettres de Tunis qui, a 84 ans, demeure d’une lucidité et dune combativité remarquables [1].

Rares sont les intellectuels tunisiens qui, comme lui, ont vécu l’époque française avant de voir leur pays accéder dans l’euphorie a l’independance, le 20 mars 1956, pour s’atteler avec enthousiasme à la construction d’un Etat moderne, longtemps présenté comme « exemplaire », et rejoindre finalement… les rangs des dictatures arabes. L’exercice de plus en plus personnel du pouvoir par le « Combattant suprême », Habib Bourguiba, puis, après l’éviction de celui-ci en novembre 1987, par le général Zine El-Abidine Ben Ali est à l’origine du naufrage politique du pays.

Cette marge de liberté qu’évoque M. Talbi, sans cesse rognée depuis l’independance, avait permis à Bourguiba de fustiger le régime du protectorat en vigueur depuis 1881 dans des journaux comme La Voix du Tunisien, avant qu’il ne fonde en 1932 L’Action tunisienne. Deux ans plus tard, il créait le Néo-Destour, une formation politique moderne structurée sur les modèles des partis socialistes et communistes européens, et déterminé à conquérir le pouvoir pour transformer la société.

C’est aussi durant l’époque coloniale qu’émergèrent, dès les années 1920, des syndicats autonomes et un débat public sans précédent [2]. La naissance en 1946 de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) dota le Néo-Destour d’un allié de taille dans la lutte pour la libération et la construction du nouvel Etat. Paradoxalement, les tentatives visant a mettre au pas par tous les moyens l’une des centrales syndicales les plus prestigieuses en Afrique et dans le monde arabe débutèrent dès les premiers mois le l’independance. C’était entraver du même coup le développement d’un contre-pouvoir qui aurait pu contribuer à protéger le pays de tant de dérives autoritaires et de leurs conséquences socioéconomiques néfastes [3].

Cependant, son passe de résistant à la colonisation, marqué par de longues années de prison, de déportation et d’exil, puis les mesures prises au lendemain de l’indépendance pour émanciper les femmes et combattre la pauvreté et l’analphabétisme, tout comme l’appel historique lancé en 1965 pour la solution du conflit israélo-arabe sur la base du plan de partage de la Palestine en deux Etats, l’un juif et l’autre arabe, adopté par les Nations unies en 1947, contribuèrent à affermir l’autorité de Bourguiba parmi les Tunisiens et sur la scène internationale.

En mai 1961, le recevant, le président John Fitzgerald Kennedy compara le président tunisien au Père fondateur des Etats-Unis, George Washington. En revanche, son successeur n’a jamais et convié à un dîner d’Etat à la Maison Blanche, et, lors de sa brève visite officielle à Washington en 2004, le président George W. Bush lui demanda, non sans arrogance, de desserrer l’étau autour de la presse.

Dans les années 1960, alors que toutes les institutions du pays étaient tenues en laisse par le parti unique, le Parti socialiste destourien (PSD) l’université de Tunis demeurait un véritable forum où les questions de développement et de démocratie étaient abattues, et les choix politiques de Bourguiba, y compris son soutien à l’intervention américaine au Vietnam, critiqués. Ce climat de contestation, alors rare au sein des universités arabes, suscita vers la fin de la décennie use répression farouche contre des jeunes qui ne rejetaient pas le projet de société moderne de Bourguiba, mais combattaient la mainmise de son parti sur le pays. De cette époque date aussi le virage du régime vers le libéralisme économique.

Coup de force contre le syndicalisme.

PARMI les anciens prisonniers politiques victimes de cette répression se trouvaient les futurs fondateurs de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) et de la section tunisienne d’Amnesty International, les premières du genre dans le monde arabe.

Après la condamnation à une lourde peine de prison du ministre Ahmed Ben Salah, rendu responsable de l’échec de la politique des coopératives en 1969, vinrent l’épuration de l’aile libérale du PSD, animée par M. Ahmed Mestiri, puis la proclamation de Bourguiba comme président à vie en 1974. Ces événements n’empêchèrent cependant pas la société civile de se développer à petits pas et d’apparaître, au milieu des années 1970, comme l’une des moins enchaînées du monde arabe.

C’est dans ces conditions marquées par la libéralisation de l’économie et un léger desserrement de l’étau du PSD sous le gouvernement de M. Hedi Nouira, que l’UGTT avança sur le chemin de l’autonomie et de la liberté d’expression à travers son hebdomadaire Echaab (« Le peuple ») tandis que naissaient, en 1977, la LTDH et le journal indépendant Errai (« L’opinion »).

Même le coup de force sanglant contre l’UGTT en janvier 1978, qui fit des dizaines de morts, puis l’attaque contre la ville de Gafsa, en janvier 1980, par un commando d’opposants tunisiens venus de Libye, via l’Algérie, ne suffirent pas à museler la société civile émergente. Malgré le harcèlement de journaux indépendants comme Errai ou islamistes comme Al-Maarifa (« Le savoir »), de nouvelles publications, comme Le Phare, Démocratie, L’Avenir, Al-Mojtama’a (« La société », islamiste), 15-21 (islamiste progressiste) transformèrent le paysage médiatique.

En 1981, la restauration partielle du pluralisme politique, avec la levée de l’interdiction frappant le Parti communiste tunisien (PCT), suscita des espoirs, vite déçus. En novembre, le pouvoir falsifia les résultats des élections législatives auxquelles avaient pris part le PSD, le PCT et deux nouvelles formations non encore légalises : le Mouvement des démocrates socialistes (MDS) et le futur Parti de l’unite populaire (PUP). La même année, les dirigeants islamistes, qui avaient su tirer avantage des petits espaces de liberté, furent emprisonnés.

La répression sanglante des « émeutes du pain » (décembre 1983), la nouvelle déstabilisation de l’UGTT et l’arrestation de son vieux dirigeant Habib Achour, enfin le recours croissant à la manière forte face à la contestation sociale et islamiste contribuèrent à sonner le glas du règne d’un « Combattant suprême » influencé par les intrigants de son proche entourage.

Nombre d’observateurs estiment que la nomination du général Ben Ali comme premier ministre, en octobre 1987, qui resta à la tête du ministère de l’intérieur, fut la plus grande erreur politique commise par Bourguiba. «  II était intelligent. Mais, ce jour-là, i t fut d’une bêtise totale. C’est comme si un dictateur remettait la corde pour le pendre entre les mains de son bourreau », commente M. Talbi.

Le coup d’Etat du 7 novembre 1987 fit accueilli favorablement par une large fraction du monde politique. « Une erreur cuisante et désolante », reconnaît désormais le cheikh Rached Ghannouchi, dirigeant du mouvement islamiste Ennahdha (« Renaissance »), qui avait déclare publiquement que la confiance des islamistes «  en Dieu d’abord, et en M. le président ensuite, est grande ». L’arrestation de dizaines de milliers de membres de son mouvement, dont une quarantaine mourront sous la torture, et les multiples procès arbitraires des années 1990 poussèrent le cheikh Ghannouchi à choisir l’exil.

Les opposants laïques qui, comme lui, avaient pris pour argent comptant les promesses démocratiques du pacte national (1988) en seront également pour leurs frais. Ils mettront seulement plus de temps à prendre conscience de leur rôle de faire-valoir d’un président hostile aux droits de la personne comme à toute vie intellectuelle. Ceux qui avaient fermé les yeux sur la répression aveugle contre les islamistes et les autres contestataires, et sur la persécution de leurs familles, les ouvriront quelques années plus tard dans les locaux de la police, en prison ou en exil [4].

Les conseillers du nouveau président ont évidemment su profiter de cet aveuglement pour porter un coup au crédit de la plupart des chapelles de l’« opposition » en les associant à des mascarades électorales alimentant l’illusion d’un pluralisme. Leur influence croissante, ainsi que celle des hauts fonctionnaires du ministère de l’intérieur, et surtout la politique de main de fer contre toute opposition authentique entraînèrent une désaffection rapide des Tunisiens à l’égard de la politique.

Même des personnalités politiques et syndicales, des avocats, des journalistes et des universitaires qui avaient brillé par leur esprit critique et leur courage se retirèrent sur la pointe des pieds. Un exemple le plus frappant est celui de M. Mestiri, fondateur du MDS, qui tourna le dos à la vie politique au lendemain des élections truquées de 1989.

Appuyé par des hommes de confiance qu’il avait connus dans les rangs de l’armée et les couloirs du ministère de l’intérieur, M. Ben Ali put ainsi faire main base sur les institutions. Les mesures annoncées à cor et à cri au lendemain du coup d’Etat – abolition de la présidence à vie, promesses de démocratisation – apparurent bientôt comme de la poudre aux yeux, surtout après les mascarades électorales successives et la reforme de la Constitution de 2002. Celle-ci accroissait les pouvoirs déjà excessifs du président et lui permettait de briguer de nouveaux mandats à partir de 2004, mass aussi de bénéficier d’une immunité judiciaire à vie.

En septembre 2005, la Chambre des députés, réunie en session extraordinaire, adoptait un texte de loi accordant des avantages aux «  présidents de la République dès la cessation de leurs fonctions » et à leurs familles en cas de décès. La hâte avec laquelle la loi a été votée, signée par M. Ben Ali et publiée au Journal officiel en toute opacité [5], n’a pas manqué d’intriguer, à un moment où les rumeurs persistantes sur l’état de santé du président redoublaient d’intensité. Entre autres aberrations, cette loi place les enfants du couple présidentiel au-dessus de la Constitution, qui garantit dans son article 6 l’égalité des citoyens : ils continueront d’être pris en charge par le contribuable jusqu’a l’age de 25 ans, et non jusqu’a 20 ans comme le reste des enfants des retraités de la fonction publique.

Le principe d’égalité des droits, des devoirs et des chances n’a jamais eté aussi malmené depuis l’indépendance. Les principaux bénéficiaires de la privatisation des entreprises publiques, des créances bancaires douteuses et du marché noir florissant se recrutent de plus en plus parmi les membres de la «  famille régnante », comme on appelle les parents, frères, soeurs et allies de M. Ben Ali et de son épouse Leila Trabelsi.

Plusieurs d’entre eux ont un pied dans le public et l’autre dans le secteur privé. Ils utilisent leur influence pour devenir encore plus riches en jouant les courtiers dans différents domaines, y compris celui de l’emploi, alors que le marché du travail est incapable d’absorber un flux croissant de jeunes. Selon Hassine Dimassi, professeur d’économie et ancien doyen de la faculté de droit de Sousse, le nombre réel de chômeurs diplômés est deux fois plus important que l’évaluation des statistiques officielles (quarante mille). « La société dépense un argent fou pour former des quasi-analphabètes réduits au chômage. Cela crée une tension terrible dans les ménages et l’ensemble de la société », explique-t-il. Et de mettre en garde contre les risques de rester les bras croisés face à la dégradation effarante de la qualité de l’enseignement, et de voir se transformer des centaines de milliers de jeunes chômeurs en « bombes à retardement ».

La plupart des jeunes ne partagent avec leurs parents ni l’engagement au service du pays au lendemain de son indépendance, ni la soif de savoir et de principes qui étaient les leurs à l’époque. Ils fréquentent des établissements scolaires gérés par des individus proches du pouvoir pour faire plaisir à leurs parents et, comble de l’ironie, ils y tournent souvent en dérision les rares éléments assoiffés de connaissances. « A quoi vos diplômes et vos principes vous ont-ils servi ? », demandent parfois des jeunes, éblouis par l’étalage insolent des richesses accumulées rapidement par des parvenus, à leurs parents bardes de diplômes mais qui ont du mal a joindre les deux bouts comme a défendre leurs valeurs.

Le système éducatif, qui a contribué énormément à améliorer le niveau de vie des Tunisiens et à faire la force du système politique, au cours des premières décennies de l’indépendance, semble s’acheminer, selon des enseignants et des parents d’élèves et d’étudiants bien informés, vers la banque route [Lire aussi le texte de Naziha Réjiba : Une école à la dérive.]. A preuve la décision de baisser le niveau des examens et de « donner » le baccalauréat pour accroître la popularité de M. Ben Ali.

Sous couvert de l’anonyrnat, un jeune chercheur à la faculté des lettres de La Manouba explique : « II fut un temps ou l’enseignant était un modèle à suivre et où les établissements scolaires offraient aux jeunes non seulement un enseignement de qualité, mais également une formation culturelle, syndicale et politique. Désormais, nous n’avons aucune formation digne de ce nom, il y a une véritable pénurie de débat d’idées et de création, ainsi qu’une poussée inquiétante du trafic d’influence et de l’esprit de démission parmi les enseignants. »

Des procès iniques

L’absence de perspectives pour les jeunes a poussé des milliers d’entre eux à fuire le « miracle tunisien » cher au président français Jacques Chirac. Des dizaines se sont même noyés, au cours des dernières années, essayant d’atteindre les cotes italiennes sur des embarcations de fortune.

Ce que l’on sait moins, c’est que des centaines d’autres purgent de lourdes peines de prison, au terme de procès iniques, condamnés pour constitution de « bande de malfaiteurs » accusés de vouloir commettre des «  actes de terreur ». En réalité, le véritable crime de bon nombre d’entre eux, comme les « jeunes de Zarzis », semble être la navigation sur Internet, où le pouvoir ne cesse de verrouiller les sites et les boites électroniques. Mais la loi « antiterroriste », utilisée pour jeter en prison des jeunes dont le seul crime est de revendiquer la liberté d’expression, a été votée en 2003 pour plaire… à l’administration américaine et à ses alliés européens.

Si le théâtre, avec des créateurs comme Fadhel Jalbi et Jalila Baccar, s’efforce d’évoquer « la violence politique, les intégrismes de gauche ou de droite et les difficultés d’être un homme libre », les autres espaces de libre discussion font cruellement défaut. La dernière production de ces deux artistes, Corps otages, programmée au théâtre de l’Odéon à Paris en juin, raconte l’histoire d’une fille issue d’un milieu aisé qui, proche de la gauche, est séduite pas les slogans de l’islamisme radical. « Je fais ce spectacle pour que ma fille ne soit pas forcée à porter le voile », déclare Fadhel Jaibi, qui avait 10 ans en 1956 et qui, contrairement a sa compagne Jalila, nourrit une méfiance sans bornes a l’égard des islamistes.

La répression a atteint un degré tel, dans ce pays jadis présenté comme « le plus laïque des pays arabes », que des dirigeants situes aux deux extrémités de l’échiquier politique – et qui se vouaient jusqu’a récemment une hostilité légendaire – ont fini par négocier leur participation à une grève de la faim groupant huit personnalités, indépendantes, d’obédience socialiste et islamiste, pour faire pression sur le pouvoir. En plein Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), réuni à Tunis en novembre 2005, cette action a attiré l’attention des medias internationaux, surtout après les agressions perpétrées par des policiers en civil contre des journalistes français et belges, mais aussi la venue de militants des droits humains de stature internationale, telle Mme Chirine Ebadi, lauréate iranienne du prix Nobel de la paix, au cabinet de l’avocat Ayachi Hammami, ou les grévistes de la faim avaient élu domicile. Fin février, M. Ben Ali a fini par annoncer la libération de 1298 détenus, et la mise en liberté surveillée de 359 autres.

Ce rapprochement entre islamistes et personnalités reputées laïques et hostiles aux mouvements islamistes, comme MM. Nejib Chebbi, secrétaire général du Parti démocratique progressiste (PDP), et Hamma Hammami, secrétaire général du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), a suscité une campagne de diffamation de la part du pouvoir et de vives réactions du côté de personnalités indépendantes et d’animateurs de formations d’extrême gauche, réunis autour du mouvement Ettajdid (« Renouvellement »).

L’un des partisans d’une coopération avec le mouvement Ennahdha, qu’il considère comme « centriste », est M. Moncef Marzouki, qui anime aussi le Congres pour la République (CPR, non reconnu par le pouvoir). Il appelle à la construction d’un « front démocratique » qui exclurait seulement de ses rangs les « islamistes qui sont pour la violence, pour l’application de la charia et contre l’égalité de l’homme et de la femme ». La principale tache de ce front, selon lui, serait de préparer le terrain à « une révolution pacifique à l’ukrainienne ou à la géorgienne ».

La déliquescence de l’Etat et la dégradation de son image dans le pays et à l’étranger ont aussi incité d’anciens proches collaborateurs de M. Bourguiba à briser le silence. «  S’il n’y a pas de règles démocratiques, de débat public, l’indépendance elle-même n’a pas réellement de sens », estime M. Mohamed Sayah, historiographe, ministre et directeur du parti du « Combattant suprême », que beaucoup présentaient comme adversaire absolu de la démocratisation.

Une grande question hante beaucoup de monde : que faire concrètement pour éviter que le pays ne s’enfonce encore davantage dans l’autoritarisme, la corruption, le népotisme [6], et pour redonner espoir aux jeunes, dont une part croissante, désespérée, s’en remet à la violence ou à l’islamisme ?

L’élargissement, ces dernières années, du cercle des Tunisiens décidés à exercer malgré tout leur droit à la liberté d’expression et d’association est un signe qui ne trompe pas. C’est pourquoi l’historien Raouf Hamza recommande la construction de «  petits espaces de réflexion » pour analyser les problèmes de société et les mécanismes de résistance au changement.

Le mouvement issu de la grève de la faim, qualifié de « nouvelle naissance » de l’opposition par le cheikh Ghannouchi, pourrait contribuer a limiter l’érosion des acquis sociaux mis en place des les premières années de l’indépendance (éducation, santé, émancipation de la femme et égalité des chances en matière d’emploi). Encore faudrait-il que ses animateurs démontrent très vite leur capacité à se hisser au-dessus des considérations partisanes et des querelles de personne, donnant ainsi la preuve de leur attachement aux principes de démocratie, de transparence et de travail en commun. Ils gagneraient aussi à mettre au point un programme commun pour la construction d’un Etat de droit, mobilisateur pour la société et qui contraindrait les partenaires occidentaux de M. Ben Ali à prendre au sérieux l’existence d’une véritable stratégie pour se libérer de la dictature.

Source de l’article : Le Monde diplomatique | mars 2006.

[1] Sur la dégradation continue de l’état des libertés, voir les deux rapports de mission de l’International Freedom of Expression Exchange (IFEX) en 2005 : www.ifex.org

[2] Des intellectuels comme Tahar Haddad (1899-1935), réformateur et partisan de l’émancipation de la femme, et le poète Abou Kacem Chebbi (1909-1934) ont marqué des générations, avant et après l’indépendance.

[3] Cf les témoignages de l’ancien ministre Ahmed Ben Salah et de l’ancier secrétaire général de l’UGTT Taieb Baccouche publiés par la Fondation Temimi pour la recherche scientifique et l’information, dont le travail est entravé par la censure : www.tn.refer.org/hebergement/temimi

[4] Cf Olfa Lamloum et Bernard Ravenel (sous la dir. de), La Tunisie de Ben Ali, L’Harmattan, Paris, 2002. Lire également Michel Camau et Vincent Geisser, Le Syndrome autoritaire, Presses de Sciences Po, Paris, 2003 ; et Sihem Ben Sedrine et Omar Mestiri, L’Europe et ses despotes, La Découverte, Paris, 2004.

[5] Loi 2005-88 du 27 septembre 2005 « relative aux avantages alloués aux présidents de la République dès la cessation de leurs fonctions  », publiée avec une rapidité étonnante au Journal officiel fin septembre 2005.

[6] La Tunisie passe de la 39e place en 2004 a la 43e en 2005 dans le classement de la corruption dans le monde établi par Transparency International : www.transparency.org