Remarque : Les faits sont véridiques et vérifiables, des informations publiques jusqu’à la discussion à table, en passant par les rumeurs et autres fables. L’auteur a laissé vagabonder son imagination et son amertume, les extrapolations ne sont que des visions de l’esprit et de sa plume…

Zine El Abidine Ben Ali, l’actuel chef de l’Etat s’est contenté de recevoir, dans son bureau au Palais de Carthage, où il officie, Salwa (Ayyachi Labben), sa Ministre de la femme et de la famille. Peu après il a reçu, dans le petit salon du coin, Aziza (Htira), sa présidente de l’Union nationale de la femme tunisienne. Son actuelle épouse Leila (Trabelsi) a fait le déplacement du Palais de Hammamet, où elle loge avec sa suite, au Centre international de Hammamet, pour inaugurer, seule, une exposition féminine.

Cette mise en scène des activités présidentielles laisse entrevoir un cérémonial en deux temps, dans la séparation, entre le Général-Président, de la République, et la Première Drame de Tunisie, l’actuelle femme de l’actuel Président.

Cela contraste avec les années précédentes où les époux Ben Ali s’affichaient en blanc, gros machmoum de jasmin, à la main, lors d’une “grande récpetion au féminin, donnée à l’honneur des cadrEs de l’Etat, du Parti, des Associations et des épouses du corps diplomatique accrédité sur le sol tunisien”, dit la chanson, de la speakrine à la la télévision.

Ce fut le cas en 2002, avec en prime un grand disocurs présidentiel de la Première Drame, à coté du Drapeau mauve doré de la Présidence, du Pupitre cuir de la Présidence, derrière le Bureau chêne massif de la Présidence, sous l’imposante fresque, grotesque, en marbre, de la Présidence et le regard imposant des Armoiries de la République, oeuvre unique, exposées à la Présidence, dans le salon d’honneur du Palais de la Présidence de la République, où l’actuel Président a l’habitude de discourcir à chaque fois qu’il doit le faire : Colloques, Conférences annuelles du Corps diplomatique, Plenium du Comité Central de son RCD, tous les trois mois et occasions divers…

Certains avaient dit, dejà en 2002, que cette mise en scène est digne d’une prise de pouvoir imminente de la Première Drame, voire d’un partage d’un pouvoir sans partage…

Ce fut le cas aussi en 2003, lorsque “le Président et son épouse ont rencontré des cadres féminins”, selon nos médias officiels de larbins.

2004 a marqué une pause, et pour cause : la conception du petit Princident-héritier Mohamed Zine El Abidine, la vie du couple était alors tout en rose. Cela méritait bien une bien méritée petite pause. La Com (communication) de Carthage a alors trouvé la solution géniale, trois temps d’une parade glaciale : Le Président reçoit sa Ministre de la femme, puis la présidente de son Union de la femme, cette dernière lui envoie, tout de suite après, un télégramme de reconnaissance et de remerciements au nom de toutes les femmes. Et s’en est fini pour les commémorations de la fête de la femme…

L’épouse du chef de l’Etat ayant pris l’habitude depuis 2003, de signer (et pas forcément écrire !) l’Editorial de la revue Femmes, organe de l’Union de la femme.

Après le rétablissement de la maman, l’épouse a repris les devant. On s’attendait à la reprise des réceptions tout en blanc. Mais, pour ce 13 août 2005, quelque chose ne tourne pas rond. Le Président a délaissé ses habits blancs, ainsi que son gros machmoum de jasmin rond, pourtant dans les usages depuis x-temps. Depuis les temps de feu Bourguiba et même des Beys dit-on.

Derrière son bureau, il avait le regard un peu rond. Comme s’il était un peu inquiet ces derniers temps. D’ailleurs, à bien regarder la seule photo dispo, on se demandait lequel des deux était inquiét pour son siège en carton, la Ministre de la femme ou son patron de Président.

Cette dernière a tout vite regagner Hammamet, avec l’escorte présidentielle, celle qui accompagne d’habitude le Président. Elle est arrivée à temps, pour se montrer à temps, avec celle qui deviendra peut être Présidnete ou, qui sait, faiseuse de Présidents.

Et la vox populi d’enchaîner un déluge de rumeurs : La Président se serait séparé de sa femme ou cette dernière de son mari de Président. Dans un café à La Goulette, par une chaleur étouffante sous un ciel gris, une grande dispute éclate entre un supporter Trabelsi et un défenseur Ben Ali. Ces derniers sont acculés à la défensive depuis que les premiers ont pris le contrôle de tout ce qui bouge dans le pays !

La vox populi, à Halq El Ouadi (La Goulette), évoque déjà la garde du Princident-héritier Mohamed Zine El Abidine Ben Zine El Abidine Ben Ali. Ainsi que le partage du Falcon, du Yacht et des deux Palais, celui de Hammamet et de Sidi Bou, plus beau mais plus petit. Les deux supporters des deux camps se disputent de nouveau quant au statut juridiques du Falcon, du Yacht et des deux Palais, symbole du règne Ben Ali. Seraient-ils proriété de l’Etat ou de Ben Ali, lequel devrait tout partager, en cas de divorce, avec les Trablesi.

Intervient alors le jeune serveur du café, qui jusque là, était à coté sans être là. “Mais il faut savoir le statut juridique de leur mariage : communauté des biens ou séparation”, dit-il, avec un air de soupçon. Expérimenté, il lui fallut des heures et des heures chez son avocat pour comprendre cette nouvelle réforme introduite dans les contrats de mariage, grande réformette de l’ère nouvelle, dit-on.

C’est alors qu’un vieux Monsieur habitué du café et qui conaît tout de Halq El Ouadi, avant même l’arrivé des Trabelsi, qui connaît tout sur l’histoire de la Tunisie. “Ecoutez, dit-il, ces gens là se connaissent depuis longtemps déjà. Ils n’ont pas besoin de contrats. Ils n’ont pas besoin d’arrangments à l’amiable, ni d’un avocat. D’aucune médiation, ni de vous de moi. Ils ont leurs méthodes, ils sont grands, gros même, regardez leurs ventres et celles de leurs gorilles et cobras. Même les beaux frères, belles soeurs, les nièces et les neveux, ils ont le ventre si gros, tant il ont avalé tout ce qui bouge, tout le troupeau, tout ce qu’on a de beau”. Avant d’ajouter : “Ils ne pensent qu’à dévorer tout dans leurs esprits, tout, légumes et fruits, commerces et industries. Vous pensez qu’ils vont se séparer comme ça, sur une querelle d’un soir. Attendons voir”.

Le soir même, TV 7 a rediffusé de nouveau le reportage de la veille, montrant la Première Drame à volonté, à dégouter. Elle avait sa broche en mauve de fillette. Elle était tout en blanc, comme un jour de fête. Elle était à l’inauguration de son exposition à Hammamet, non loin de son Palais de Hammamet. Le Président, lui, a été passé aux oubliettes… Mett, Met, Mat, Echec, Echec et Mat…

Du Kafka, mais l’auteur de ses lignes préfère, encore, Prévert :

Ils sont à table
Ils ne mangent pas
Ils ne sont pas dans leur assiette
Et leur assiette se tient toute droite
Verticalament derrière leur tête“
Jacques Prévert, “La Cène”, in : Paroles

Tout jeune Napoléon était très maigre
et officier d’artillerie
plus tard il devint empereur
alors il prit du ventre et beaucoup de pays
et le jour où il mourut il avait encore
du ventre
mail il était devenu plus petit

Jacaues Prévert, “Composition française”, in : Paroles

Paris – Euabonne – Saint Gratien – Enghein les bains
le 15 août 2005
Abdel Wahab Hani

awhani@yahoo.fr