Au bout d’une semaine la Tunisie a fait l’objet du centre d’intérêt de l’actualité internationale en marge de la tenue à Genève de la session préparatoire du sommet mondial sur la société de l’information. Prévu à Tunis en novembre 2005 la tenue de ce sommet à relevé de sérieuses préoccupations sur sa tenue sont apparues à cause du lourd bilan de notre pays dans le domaine des atteintes aux droits de l’homme et des entraves à l’exercice des libertés publiques révélés à cette occasion.
La grève de la faim de A Zouari qui l’a accompagné pour protester contre son bannissement séparé de sa famille à 500km de son domicile après avoir purgé plus de 12 ans de prison pour crime d’opinion et qui a recueillie le soutien unanime des ONG internationales ne fait que la démonstration concrète de cet état de fait. L’impasse est réelle et les dangers se précisent quant à l’opportunité d’une telle manifestation prévue pour constituer un carnaval de relations publiques et de promotion d’un régime en déficit de légitimité. L’annonce inopinée de l’invitation adressée à Ariel Sharon pour effectuer une visite en Tunisie à cette occasion constitue un coup de poker destiné à bouleverser tous les données et à désorienter l’attention internationale de se focaliser sur la situation intérieure en Tunisie ; ainsi elle ne peut être séparée de cet arrière plan général des événements.
Quand on sait la liberté dont bénéficie les ultras nationalistes arabes en contre partie de leur désolidarisation total de l’oppression que subit leur société. Converties en principaux supports du régime actuel en détournant l’opinion publique de ses vrais problèmes par une compagne menée depuis plusieurs années dont le personnage invité constitue le principal argument. Démonisé par tous les organe de presse nationaux dont il ont libre accès et essentiellement le journal Echourouk de crime contre l’humanité comme menant une politique raciste d’extermination du peuple palestinien on ne peut plus douter que l’acte ne constitue plus un simple geste protocolaire d’un pays organisateur d’un sommet sous l’égide des Nations Unies.
Indépendamment de nos ressentiments communs envers l’individu et nos évaluations divergentes quant au processus de paix au proche orient et de la nécessité de normalisation avec l’Etat d’Israél et les signes à adresser aux interpellations pressantes de notre communauté juive exilée de renoué avec sa patrie. Ce geste de haute politique nous interpelle d’un message tacite cruel adressé par ce pouvoir à tout Tunisien et qui veut dire qu’il est prêt à s’entendre avec le pire des ennemis mais pas à céder sur la moindre revendication relative à nos libertés. Le comprendre différemment relève de la démagogie d’un discours passéiste qui ne peut plus produire aujourd’hui que l’opposé de son contenu.
Si le prix de la normalisation doit être payer sur le compte de notre droit à la liberté en manipulant les lobbies pour donner une autre vie à la dictature par l’allégement des pressions internationales pour les réformes nécessaires à l’avenir de notre pays la paix serait alors plus cruelle que la confrontation et la rupture entre nos deux communautés risque d’être définitivement consommé. Les israéliens eux même doivent être conscients de cet aspect de la question s’ils ne veulent pas insulter l’histoire par une percée diplomatique éphémère sans lendemain.
Yahyaoui Mokhtar
Tunis le 27 02 2004
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