L’objectif de ces mascarades électorales étant toujours, bien sûr, de rappeler le citoyen à son devoir d’obéissance au pouvoir qui lui a été imposé, de le convaincre qu’il n’a aucun espoir de le changer et qu’il ne lui reste qu’à se soumettre entièrement et définitivement à sa volonté pour préserver sa subsistance. S’il aspire par contre à obtenir quelques privilèges, le citoyen a la possibilité de faire allégeance et de participer à la mascarade.
L’ancien régime du Président Bourguiba justifiait la terreur qu’il exerçait sur le pays et les citoyens par des considérations pratiques, telles que la préservation de l’unité nationale ou le développement et la construction du pays. Il fondait sa politique sur quelques bribes d’une idéologie de gauche, en vogue dans le tiers monde à l’époque, qui ne laissait aucune place aux libertés et les considéraient même comme des revendications bourgeoises et réactionnaires.
Le régime de « l’ère nouvelle » quant à lui, a fondé sa politique sur la lutte contre « le terrorisme » pour justifier sa répression généralisée de tout un peuple et l’empêcher d’exprimer sa volonté.
« La lutte contre le terrorisme » :
Depuis la fin du siècle dernier, la lutte contre le terrorisme constitue le fond de commerce de l’occident et notamment de l’alliance américano- sioniste pour étendre leur domination sur le monde, pour réprimer les peuples, les étrangler et les obliger à se soumettre à leur volonté. Cette guerre, qui est bien antérieure aux événements du 11 septembre 2001, vise tout particulièrement les musulmans et l’islam parce que ce dernier est devenu l’ennemi numéro un, après la chute de l’Union Soviétique et de l’idéologie communiste.
La manière dont, déjà au niveau du vocabulaire, certains traitent de la résistance Palestinienne est à cet égard très révélatrice de ce climat. La résistance Palestinienne est considérée tout simplement comme l’incarnation du terrorisme pour les américains, qui, à ce titre, n’épargnent aucun moyen pour la combattre. Ainsi, ils multiplient les tentatives pour semer la zizanie dans ses rangs, font pression sur la Syrie, Le Liban et l’Iran pour mettre fin à leur soutien et surtout exercent un chantage permanent sur l’autorité Palestinienne pour l’engager à combattre tous les mouvements armés, engagés dans la lutte contre l’occupation sioniste.
Il n’est pas difficile par ailleurs de constater qu’il existe une sorte d’accord tacite, entre les forces pro- sionistes et les régimes arabes, pour réprimer les mouvements islamiques, qualifiés, tous et sans exception, de terroristes ou favorables au terrorisme, même quand leur action opère par des moyens pacifiques.
Ce sont les « intellectuels laïcistes » qui se mobilisent en général, pour donner à la répression violente et brutale, les explications théoriques spécieuses et les justifications politiques absurdes qui confortent les pouvoirs, du genre « séparation la religion de l’Etat » ou « non politisation de la religion », formules plus ambiguës les unes que les autres.
Nous savons, maintenant, par expérience, que « La guerre contre le terrorisme » ne s’improvise pas, mais se prépare longtemps à l’avance et opère selon des procédés bien rodés.
Elle commence par la provocation des musulmans, les attaques ciblées et bien coordonnées contre leur foi, leurs symboles et tout ce qu’ils ont de sacré. Cela fait bouger et réagir les victimes qui en appellent à l’esprit de solidarité de l’Oumma pour résister et se défendre.
C’est alors que l’agresseur se transforme en victime, agressé injustement …par des « terroristes » ! C’est alors aussi que la machine répressive des pouvoirs locaux se déclenche, apportant aide et savoir faire, pour soutenir de toutes leurs forces, les puissances coloniales et participer ainsi à humilier davantage leurs peuples et à écraser leurs concitoyens.
Ce schéma- provocation suivie de résistance, elle-même contrée par la répression d’Etat- est celui auquel nous assistons dans tous les conflits qui se produisent actuellement entre les musulmans et leurs ennemis, un peu partout dans le monde.
Depuis l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak par la coalition occidentale, la guerre contre « le terrorisme » s’étend chaque jour à de nouvelles contrées du monde musulman. Demain le Soudan avec la région de Darfour et le Sahara occidental, en Afrique et, plus tard, le Liban, la Syrie et l’Iran, maintenus sous la menace permanente de l’intervention américano- sioniste.
Sous couvert d’incitation aux réformes politiques, les Etats-Unis exercent un chantage éhonté sur tous les pays musulmans pour les contraindre à modifier leurs programmes scolaires et leurs législations et à les expurger de tout ce qui rappelle, de près ou de loin, la foi et les valeurs religieuses. Ils n’hésitent pas, le cas échéant, à menacer les récalcitrants d’intervention militaire et même à l’entreprendre, au mépris du droit international et des conventions des Nations Unies.
Les troupes Us encerclent tous les lieux Saints de l’Islam et n’hésitent pas à les violer comme cela s’est passé récemment au Nadjaf. Cela entraîne les réactions violentes de larges pans des sociétés musulmanes et même des révoltes armées, comme au Yémen ces derniers mois.
Il est difficile de prévoir ce qui peut arriver un jour prochain, en réaction à la violence sans bornes d’une hyper- puissance, détentrice des armes de destruction les plus sophistiquées et, qui n’hésite pas à les utiliser, en bafouant les droits des peuples, la légitimité internationale et tous les principes qui fondent le monde moderne.
La Tunisie a aussi vécu cette situation au début des années quatre vingt dix, sous la forme d’une répression sophistiquée et implacable qui a tout ravagé sur son chemin : terreur généralisée, ratissages, arrestations massives, torture systématique ayant entraîné la mort d’un grand nombre de détenus, parodies de procès dans lesquels ont été condamnés des milliers de gens et tous les drames et les tragédies qui découlent d’une situation de guerre larvée.
Le plus grave est que nous sommes en train de vivre les prémices d’un renouvellement de cette tragédie qui, Dieu nous en préserve, risque fort d’être encore plus violente et plus destructrice.
Aussi, j’en appelle à tous mes compatriotes, que le sort de notre patrie intéresse, pour qu’ils tirent les leçons de l’histoire et agissent vite et avec sagesse pour éteindre le feu qui couve et épargnent à leur peuple et à leur nation, une catastrophe qui ne profite qu’à leurs ennemis.
Le sommet de la provocation :
En Tunisie, l’islam et les musulmans sont l’objet d’une provocation de tous les instants. Je vois, je constate et je vis cette provocation au quotidien. Les mosquées, en état de siège permanent et, fermées au public en dehors des heures de prière, ne jouent, ni leur rôle social d’orientation et de conscientisation des citoyens, ni leur rôle religieux d’éducation des croyants. Ce n’est pas dans nos mosquées que les gens apprennent à construire leurs solidarités, à consolider leurs fraternités ou à affronter ensemble les défis de l’iniquité et de l’injustice.
Je vois, je constate et je vis cette provocation dans les discours et les prêches des faux imams, qui, se targuant d’être des exégètes, des muftis et même des réformateurs, n’hésitent pas à nous débiter un discours débile qui dépouille l’islam de son essence, c’est-à-dire de sa dimension sociale, culturelle et économique et le réduit à de simples pratiques cultuelles.
Je vois, je constate et je vis cette provocation dans les attaques en règle de certains tunisiens contre tout ce qui relève de l’islam, de l’authenticité de son livre saint à la personnalité de son prophète, en passant par ses symboles les plus sacrés. Et c’est de cette façon qu’il faut comprendre l’initiative de certains, à diffuser, sous forme de pétitions, un texte du Saint Coran expurgé de certains versets.
Mais la provocation ne se limite pas au discours. Elle est aussi et surtout, dans certaines pratiques et certains comportements, dans l’espace public, au café, dans la rue, sur les pages des journaux, sur les écrans de télévision et dans les « festivals de l’inculture » qui polluent l’été tunisien. Elle est dans les boîtes de nuit que les analyses, les explications et les reportages des médias ont fait découvrir aux Tunisiens, cet été, à la veille de la réforme de la loi qui les régit. Dorénavant, les jeunes de moins de dix huit ans, peuvent les fréquenter légalement !
Que l’on ne se méprenne pas sur mes propos et que l’on ne prétende pas que je veuille interdire à quiconque de jouir de sa liberté et de tous ses droits. Je réclame simplement que tous, sans exception, puissent jouir aussi de leur liberté et de tous leurs droits et que l’espace public ne soit pas celui du règne de la médiocrité.
Mais la provocation est aussi ailleurs et à des niveaux plus dangereux. Elle est dans cet acharnement à réprimer les islamistes, à les opprimer et à les priver de leurs droits politiques, culturels et sociaux et même de leurs droits à l’éducation, au travail, au déplacement et au voyage. Paradoxalement, mais on n’est pas à un paradoxe près, « l’élite laïciste » soutient inconditionnellement le pouvoir sur ce point, au nom …de la démocratie !
La provocation est aussi dans l’indifférence sadique, du pouvoir et de l’opposition officielle réunis, face au problème des prisonniers politiques islamistes, à leur long calvaire et à tous les crimes perpétrés contre eux et contre leurs familles.
Et voilà qu’aujourd’hui, le pouvoir et son opposition, s’appliquent à détourner l’attention d’un drame qui a trop duré, en nous offrant ce spectacle du 24 octobre.
La provocation est aussi et surtout dans l’humiliation permanente du peuple Tunisien, que le pouvoir et certains partis d’opposition, d’un commun accord, traitent en mineur, en l’appelant à participer à une mascarade électorale aux résultats connus d’avance et, dont l’objectif principal, est de perpétuer le despotisme, la répression et la dépendance.
La provocation est enfin dans ce complot ourdi par cette coalition, pouvoir- opposition, pour garantir l’impunité aux criminels, priver les victimes de leur droit à la justice et exclure arbitrairement de la scène politique, des militants sincères en les maintenant en prison ou en exil.
Provocation certes, mais aussi complicité, des centres de décision occidentaux, avec un régime et son opposition, qu’ils continuent d’appuyer et de soutenir sans compter et qu’ils considèrent exemplaires, dans leur conception de la démocratie et de la modernité et même dans la manière dont ils pillent les rares richesses du pays.
Mais fort heureusement plus personne, pas même en occident, n’est dupe, aucun ne croit plus à ces slogans creux et, encore moins, aux faux prétextes invoqués pour agresser les musulmans et dominer le monde.
Le piège des élections :
De tous les subterfuges utilisés par les puissances impérialistes, pour redorer le blason des régimes despotiques à leur solde, celui des élections est le seul qui continue à faire illusion.
C’est pour cette raison qu’elles recommandent à leurs protégés d’en organiser périodiquement, en prenant soin d’en exclure toutes les forces représentatives, supposées d’avance hostiles à la domination étrangère et d’y associer tous les groupuscules marginaux, opportunistes et favorables aux forces de domination. L’objectif étant bien sûr de donner à ces régimes, la légitimité dont ils sont dénués.
Les élections prévues en Tunisie au mois d’octobre, ne diffèrent pas, par leur objectif, de celles qu’on prépare en Afghanistan à la fin de l’année, en Irak au début de l’année prochaine ou n’importe où ailleurs.
Les élections prévues en Afghanistan, se dérouleront dans un pays occupé et meurtri par une série de guerres coloniales. Elles engageront un peuple fier, attaché à ses structures sociales et à son organisation tribale, profondément hostile à toute présence étrangère sur son sol et à ses représentants fantoches. Ces élections n’ont d’autre but pour les occupants que de donner un semblant de légitimité à « l’homme » qu’ils auraient choisi pour présider aux destinées de l’Afghanistan et aux « représentants » du peuple Afghan qui auraient obtenu leur grâce. Aussi, les Afghans, forts conscients de cette situation, n’ont d’autre préoccupation que celle de libérer leur pays.
Il en est de même des élections prochaines en Irak. Elles sont préparées par un pouvoir fantoche, sans autre légitimité, nationale ou internationale, que celle que lui donnent les forces d’occupation. Ses forces armées, sa police et sa garde nationale ne sont que les supplétifs des forces d’occupation. Ces élections se dérouleront dans un pays dévasté par la guerre mais mobilisé dans une résistance farouche aux nouveaux colonialistes. C’est pour ces raisons que de telles élections ne pourront jamais donner une quelconque légitimité à ceux qui sont illégitimes par essence.
Qu’en est-il de nos « élections », prévues prochainement en Tunisie
Même si leur contexte politique est différent des deux exemples précédents, nos « élections » n’en seront pas plus légitimes, parce qu’elles se feront à l’ombre d’une constitution qui a été très malmenée, dans le but d’abroger la limitation du nombre de mandats présidentiels, d’ouvrir la voie d’une présidence à vie au président actuel et de lui garantir l’impunité totale et à vie. Et aussi, dans le cadre de lois iniques, interdisant tout exercice des libertés fondamentales, sans lesquelles une élection n’a aucun sens.
Elles se feront aussi à un moment où des centaines de prisonniers politiques continuent de subir les affres de la torture dans des prisons qui n’ont rien à envier à la tristement célèbre prison de Abou Gharib et alors que des milliers d’autres ont été contraints à l’exil par suite de la répression et de l’oppression du régime.
Elles se feront aussi en l’absence de véritables partis politiques et dans un contexte d’indifférence générale des citoyens et même de leur désespérance.
Ce sont de telles élections que l’on nous prépare et que de nombreux milieux officiels occidentaux semblent soutenir sans réserve, ce qui ne saurait étonner après leur silence complice sur la réforme de la constitution et sur « le référendum populaire » qui l’avait consacré.
Curieusement, le référendum véritablement populaire, organisé récemment au Venezuela avec la participation massive des citoyens de ce pays, en présence d’observateurs internationaux qui l’ont jugé régulier et transparent, suscite des réserves et même l’hostilité des Usa. Il est vrai qu’il n’a pas profité à leurs amis dans ce pays, mais plutôt au Président Chavez qu’ils ne portent pas dans leur cœur.
Les récents développements politiques au Liban, ont révélé que les pays occidentaux n’hésitent plus à réclamer, sans vergogne, un certain droit de Veto sur tout ce qui touche à l’organisation des élections, à l’élaboration ou aux réformes constitutionnelles dans les pays pauvres.
Ceux qui constituent « la classe politique » chez nous ou s’en réclament, n’ignorent pas cette situation. Bien plus, ils s’en accommodent fort bien. La meilleure illustration en est donnée par le candidat de ce qu’on appelle communément « l’initiative démocratique » à l’élection présidentielle, qui s’est envolé en France pour se concerter avec des membres du Sénat français, au sujet des élections tunisiennes. Et cela bien avant qu’il ne présente officiellement sa candidature. Sûr que dans son for intérieur, le candidat à la présidentielle estime que les « élections tunisiennes » sont avant tout une affaire française. Les prochaines semaines nous révéleront sûrement d’autres exemples de ce comportement de nos « politiques ».
Les faux prétextes :
Pour se donner bonne conscience, les candidats aux prochaines « élections », tout comme leurs collègues aux précédentes, essaient de justifier leur participation à cette mascarade électorale en la présentant comme un acte de militantisme, pour consacrer le multipartisme et consolider la démocratie. Il s’agit là d’un illusionnisme qui ne peut tenir face aux quelques vérités suivantes :
Ce sont les mêmes prétextes fallacieux qui ont été avancés à la veille de toutes les élections au cours des quinze dernières années et qui, au regard des résultats, n’ont ni consacré le multipartisme ni consolidé la démocratie.
Au contraire, la régression a été terrible et à tous les niveaux. Jamais les libertés fondamentales n’ont été bafouées autant que durant cette période, ni la justice autant instrumentalisé pour réprimer les opposants politiques. Jamais non plus, la constitution n’a été autant violée et mise au service conjoint, des ambitions d’un homme et des intérêts étrangers, que durant ces quinze dernières années.
Il est de notoriété publique que toutes les ressources du pays sont entre les mains de clans mafieux qui échappent à tout contrôle et jouissent d’une impunité totale. Situation que reconnaissent même certains de ceux qui appellent à la participation à la mascarade électorale.
On ne peut sérieusement parler de démocratie et de multipartisme à l’ombre d’un régime qui fonde sa politique sur la répression et l’exclusion de ses adversaires politiques, sur la violation systématique des libertés d’expression et d’association et sur l’interdiction de toute forme de manifestation pacifique. Aussi, prétendre « consacrer le multipartisme » et « consolider la démocratie » en participant à cette mascarade, relèverait au mieux de la logomachie et au pire de l’imposture.
Cette participation vise, entre autres objectifs, à consacrer l’exclusion des courants islamiques (qui, rappelons le, ont payé le prix fort pour la liberté et la dignité des tunisiens et pour s’opposer au despotisme et résister à la répression) ce qui constitue un soutien manifeste à la politique répressive du régime. Une telle attitude ne peut, en aucun cas, être acceptée. Mais elle a au moins l’avantage de réduire les prétentions de ses tenants à « militer pour la démocratie », à un slogan creux, sinon à une imposture.
En accordant 20% des sièges du parlement aux opposants, le code électoral tunisien passe pour être unique au monde. C’est aussi un code corrupteur, puisqu’il coupe les opposants du peuple, les met sous la coupe directe du pouvoir et crée, entre les partis et à l’intérieur de chacun d’entre eux, une concurrence féroce pour l’obtention du siège parlementaire. C’est une situation que nous connaissons parfaitement bien depuis les élections de 1994, date de mise en vigueur de ce code.
Aussi les 20% de sièges, accordés à des partis, incapables, ni de les obtenir par eux-mêmes- puisqu’ils récoltent tous réunis, 3% des voix des électeurs- ni même de surveiller le scrutin et de connaître ses résultats effectifs, ne sont en fait, qu’un moyen de les corrompre et de les inciter à participer à cette mascarade. C’est le prix, de l’éminent service qu’ils rendent au régime répressif, en lui accordant un semblant de légitimité.
Mais en plus des motifs incitant à la participation, liés à la part du gâteau que constituent les 20% de sièges, il y a aussi l’appât du financement public octroyé aux partis légaux. Et il importe peu que cela se fasse aux dépends de la dignité du peuple et des individus !
Mais, disons le franchement. Les partis qui ne participeraient aux élections que pour ces intérêts bassement matériels, quoique condamnables pour le tort qu’ils occasionnent au trésor public, sont infiniment moins dangereux que ceux en intelligence avec des puissances étrangères, auprès desquelles ils n’hésitent pas à tout négocier, de l’avenir du peuple tunisien et de son identité, à leur propre statut futur !
L’unique choix : le boycott
Les vrais opposants, ceux qui refusent que la situation catastrophique actuelle s’aggrave et mette en péril l’avenir de la Tunisie, n’ont d’autre choix que de boycotter et d’appeler à boycotter une nouvelle mascarade électorale, qui enchaîne un peu plus les tunisiens et pollue davantage le climat politique.
Une position aussi courageuse peut coûter très cher. Mais c’est toujours le prix de la liberté !
Il est réconfortant de constater que, malgré la persistance de la peur, héritée des années de terreur et qu’explique aussi la permanence de la répression, de nombreux tunisiens commencent à prôner le boycott.
D’autre part, les composantes politiques crédibles et représentatives sur la scène tunisienne, ont adopté cette position de refus et nous espérons que d’autres s’y joignent pour constituer dans un proche avenir, un « Front démocratique et populaire de résistance pacifique », qui appellera à de véritables élections libres et conduira la lutte pour la liberté et la démocratie.
Pour conclure, nous dirons que tout est parfaitement clair et qu’il est inutile de continuer à tromper les tunisiens à coup de slogans creux et d’analyses obsolètes, que dément chaque jour la réalité du terrain.
« Les élections » qui se dérouleront en Tunisie le 24 octobre prochain, dans les conditions que nous connaissons tous, aux plans local, régional et international, n’ont d’autre objectif que de donner un semblant de légitimité au régime actuel pour pouvoir le présenter comme modèle pour tous les pays choisis par l’occident pour exécuter sa politique de lutte contre le terrorisme. Cela veut dire tout simplement que notre pays va se transformer en base avancée de la coalition américano- sioniste pour élargir son expansion et étendre sa domination du monde. Le peuple tunisien et les peuples voisins seront les premières victimes d’une telle politique d’agression.
Pas besoin non plus, d’attendre les résultats du scrutin, qui sont connus d’avance et ne dépendent que de la qualité des services rendus au régime et à ses services de sécurité, par les divers candidats, qu’ils soient du Rcd ou des autres « formations de l’opposition ». Cette distinction entre les deux camps, n’a aucun sens dans la réalité, puisqu’il n’y a, ni parti au pouvoir ni partis d’opposition, mais seulement un pouvoir qui distribue les rôles. Et les futurs députés, censés représenter le peuple, ne seront en fait que ceux du pouvoir, entièrement coupés de leur peuple.
Quant au véritable dépouillement des voix, il se fera avant le scrutin et non après et, départagera d’un côté, les patriotes sincères qui luttent pour les grands principes humanistes, la liberté et la dignité de leur peuple et de leur nation arabe et musulmane et, de l’autre, ceux qui ont fait de l’action politique, un gagne pain et un moyen de servir les puissances étrangères.
La version arabe de cet article est parue sur tunisnews, en date du 06/ 09/ 04.
Traduit de l’arabe par Ahmed MANAÏ
Comité Tunisien d’Appel à la Démission de Ben Ali
Fondé en janvier 1993.
E-mail : demission.benali@laposte.net
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