Derriére un écran de verre, j’ai suivi une à une les heures qui ont fait ton Histoire.

J’ai vu les pleurs, les cris. J’ai vu le sang couler et les Hommes avancer sur le chemin de leur avenir. Ce même sang qui coule dans mes veines, je l’ai vu se déverser sur les pavés usés par le mécontentement.

Enfermée dans mon éloignement, j’ai pleuré. De joie, de peine, bien souvent de fatigue…

L’horloge s’était arretée. Plus de nuit, plus de jour, mon regard rivé sur les événements, je tentais de t’accompagner. Je ne voulais pas dormir te sachant dans la rue à proteger ma Patrie. Je ne voulais pas, je ne le pouvais pas. Je tendais l’oreille et j’entendais, dans la clameur anonyme de ta masse, ces mots qui se faisaient pour moi pierres à l’edifice d’un lendemain que je n’osais, il y a encore quelques mois, esperer : “liberté” “démocratie” “laïcité”.

Les yeux brillants, embués d’étoiles, j’ai découvert les tiens…

Ennivrée, grisée comme lors d’une premiére rencontre, j’ai frissoné et je t’ai aimé. Passionnement. J’ai aimé tes Hommes, tes Femmes, que je ne connaissais pas. J’ai aimé leur témairité, j’ai aimé leur regard et j’ai aimé leurs larmes.

J’ai aimé chacun de leur geste, chacun de leur pas…comme une ombre, tapie dans leur courage, je les suivais…par Amour pour toi.

Mais comme toute passion, tu m’as détruite… Oh non, je ne t’accuse pas, je t’aime trop aimé pour te jeter la pierre. Je me condamne juste moi même.

Je me condamne d’avoir vu la solidarité dans ton régionalisme. Je me condamne d’avoir cru apercevoir une conscience en éveil quand tu n’étais qu’un instinct primaire de survie.

Où es-tu toi qui a fait battre mon coeur ?

Où sont ces mains unis qui, comme une chaine de chair, faisaient murailles aux assauts du joug ?

Je me condamne oui… et à genoux sur le sol, la peau écorchée de priéres, je te regarde t’en aller…

Amante délaissée par celui qu’elle aimait, je crie ! Je crie de rage, de désespoir…

Je crie et je t’écris dans l’espoir que tu te retournes vers tout ce que tu as fait et qu’aujourd’hui, par confort, par peur, tu abandonnes lâchement…