Les Tendances du cybercomportement au Maghreb en général et en Tunisie en particulier

Google vient de révéler au public ce que International Herald Tribune du 13 mai 2006 qualifie de « l’un des secrets les plus gardés » [1] du géant américain : Google Trends , autrement dit Google « tendances ». Ce nouveau moteur de recherche analytique permet de comparer les volumes des requêtes effectuées par les moteurs de recherche Google Search et Google News. En tapant les termes recherchés séparés par des virgules s’affichent des graphiques et des tableaux comparatifs -basés sur la région, la langue et les villes- qui nous dévoilent les secrets des thèmes qui intéressent les plus les nations et les internautes du monde.

Ainsi les Pakistanais apparaissent les rois dans la recherche du terme sex (en anglais) ; alors que nos voisins algériens sont les premiers à rechercher sexe (en français), suivis par les Marocains !

Comme le révèle l’article de IHT , il est surprenant de constater que Paris, la capitale des amoureux, ne figure pas sur le tableau des top 10 des villes cherchant le mot « amour ». Alors que les trois capitales du Maghreb, Tunis, Rabat et Alger occupent les 3 premières places.

Je me suis donc lancé à tricoter et à imaginer des termes et des combinaisons de mots, à la recherche des tendances du cybercomportement des Maghrébins en général et des Tunisiens en particulier face à la machine Google. Et c’est à Google Trends de révéler, à partir des billions de requêtes effectuées sur les moteurs de recherche de la compagnie, les secrets classés dans ses gigantesques bases de données. Cela m’a coûté quelques heures de travail, mais les résultats sont frappants :

Ainsi, on apprend à partir des éléments figurant dans le tableau suivant (1er tableau) que le porno intéresse les Tunisiens plus que leur président Ben Ali. Alors que le thème des libertés est insignifiant.

1er tableau

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Ben Ali-porno-libertés

Dans le tableau suivant (2ème tableau) on voit comment l’intérêt pour le sexe devance l’intérêt pour les études dans le comportement des requêtes de recherche chez les Tunisiens, placés deuxièmes après les Sénégalais. Quant aux libertés, elles sont, anticipons-le, toujours à la dernière place.
Notons quand même que les études intéressent les Tunisiens plus que les Algériens et les Marocains.

Une remarque positive, sur Google News cette fois, (en bas du graphique) les requêtes pour le terme liberté sont largement plus supérieures que les requêtes pour le mot sexe.

2ème tableau

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études-sexe-libertés

L’anecdote tunisienne veut qu’à l’intérieur du cerveau tunisien on trouve un ballon de foot et une femme nue ! Eh bien le 3ème tableau confirme cette tendance !

3ème tableau

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sexe-foot-démocratie

Sur le 4ème tableau on remarque à quel point les rencontres, donc l’amour, sont plus intéressantes que la sexualité et la démocratie partout dans les pays du Maghreb. Cette tendance vient soutenir l’idée véhiculée par nombre d’études publiées ces derniers jours sur le Net traitant ce sujet, comme par exemple « Internet : Web : l’amour plus que la liberté en Tunisie  » ou l’article, en arabe, publié par Al Arabiya تونسيون يبحثون عن الحرية وفتاة احلامهم في غرف الشات
Et si les requêtes pour le terme démocratie sont nettement inférieures par rapport aux autres requêtes sur Google Search, elles se trouvent à la hausse sur le moteur Google News.

4ème tableau

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sexe-rencontres-démocratie

On voit comment le sexe et le foot ont détrôné l’islam sur le 5ème tableau d’où il ressort aussi que le sexe accroche les Algériens plus que le foot.

5ème tableau

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sexe-islam-foot

Au Maghreb : est-ce la revanche des femmes sur le foot et sur Dieu ?!

6ème tableau

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femme-allah-foot

Au foot de s’imposer. Les études au second plan. Quant aux requêtes pour les libertés elles sont bien microscopiques.

7ème tableau

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études-foot-libertés

Partout ailleurs, surtout chez notre voisin algérien, la liberté s’impose devant la sexualité, sauf au Sénégal et… en Tunisie !

8ème tableau

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sexe-liberté

[1] A nation’s interests ? Google tells all, By Anand Giridharadas International Herald Tribune, SATURDAY, MAY 13, 2006.