Imed Tanfouri, le secrétaire général de l’organisation “Journalistes sans entraves”, a confirmé avoir rendu hommage au charlatan marocain, connu sous le nom de Kamel Maghribi, en partenariat avec l'”Initiative de la Fédération nationale des journalistes tunisiens”. Ainsi, selon de nombreuses pages Facebook, Maghribi s’est vu décerner un certificat de “remerciements pour sa coopération dans le développement de la scène médiatique et de la presse, et pour son soutien des radios et télévisions associatives”. Tanfouri a déclaré à Nawaat avoir pris l’initiative de rendre hommage à Maghribi parce qu’il avait recours à ses services quand il était atteint d’une grave maladie. Imed Tanfouri a toutefois avoué commis une erreur en agissant de la sorte.
Le secrétaire général de «Journalistes sans entraves» a déclaré avoir étudié pendant un an à l’Institut de la presse et des sciences de l’information, précisant ne pas exercer actuellement ce métier et ne pas disposer de carte de journaliste professionnel.
En 2013, il avait obtenu une carte de journaliste professionnel alors qu’il travaillait pour un site “Al-Watania Media”, financé à ses dires par le sulfureux homme d’affaires Chafik Jarraya. Quant à l’organisation “Journalistes sans entraves”, elle a été fondée en 2019, a indiqué Tanfouri, relevant qu’elle est présidée par un avocat du nom d’Ahmed Batini.
L’organisation est principalement financée par les cotisations des adhérents, a déclaré Imed Tanfouri, notant qu’il y contribue parfois de sa propre poche.
Le secrétaire général a suscité des soupçons concernant les sources de financement de l’organisation. A cet égard, il a déclaré avoir été interrogé, l’année écoulée, sur la légalité de l’organisation, par une brigade de la Garde Nationale, à Laouina.
J’ai commis une erreur en attribuant une attestation de remerciement à Kamel Maghrebi, car j’étais troublé par ma maladie. Mais je ne me suis pas trompé lorsque j’ai participé à la fondation d’une organisation dans le cadre du droit au pluralisme syndical. Nous avons d’ailleurs fait recours au tribunal administratif pour revendiquer notre droit à être représenté à la Commission nationale d’attribution des cartes de journaliste professionnel,
a affirmé Tanfouri.
L’année dernière, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a déposé trois plaintes pénales contre l’organisation dénommée “Journalistes sans entraves” pour usurpation de la qualité de journaliste et falsification. A noter qu’en arabe “Journalistes sans entraves”, soit «Sahafiyoun bila Qouyoud», a une consonance très proche de Reporters Sans frontières, «sahafiyoun bila houdoud», ce qui est susceptible d’induire en erreur un public pas nécessairement informé.
Wajih Wafi, chargé du règlement intérieur au sein du bureau exécutif du SNJT, a déclaré à Nawaat que le syndicat a poursuivi en justice l’organisation “Journalistes sans entraves”, ainsi que des établissements ayant délivré des certificats de formation de journalistes, à la fin de l’année dernière.
Cet organisme vendait des cartes de presse professionnelles falsifiées à des prix variant entre 120 et 500 dinars. Nous avons donc intenté un procès en justice pour falsification et usurpation d’identité. La seule entité habilitée à attribuer des cartes professionnelles est la Commission d’attribution des cartes de journaliste professionnel, relevant de la Présidence du Gouvernement, et dirigée par un juge administratif. Les journalistes y sont représentés à travers le Syndicat national des journalistes tunisiens, la structure syndicale défendant les journalistes et la presse contre les intrus qui dénaturent la profession par leur irrespect de la déontologie,
a martelé Wajih Wafi.
Wajih Wafi a appelé les autorités à poursuivre les organisations usurpatrices, soulignant que « le SNJT n’est pas tenu de poursuivre tous les établissements qui prétendent appartenir au secteur ou à prodiguer une formation journalistique ».
Le SNJT a dressé un état des lieux de ces centres et organisations en 2021, et l’a a présenté aux autorités compétentes, pour qu’elles prennent les mesures nécessaires.
le 17 septembre 2021, le SNJT avait mis en garde, dans un communiqué, contre les usurpateurs du statut de journaliste, soulignant que la carte nationale de journaliste professionnel et la carte d’accréditation de la presse étrangère sont les deux seuls documents attestant du statut de journaliste professionnel.
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