Jour de visite aujourd’hui pour Mohammed Abbou, prisonnier d’opinion, enlevé le 1er mars 2005, incarcéré au Kef, et en grève de la faim depuis le 11 mars dernier.

La semaine dernière, soit le 23 mars, Samia Abbou, son épouse, accompagnée de ses trois enfants et de sa belle-mère, n’avait pu rendre visite à son mari, sans que cette interdiction ne lui soit justifiée.

Aujourd’hui, elle s’est rendue à la prison du Kef, accompagnée de son seul fils, Jamaleddine, âgé de treize ans et demi, de la belle-mère de son mari, et d’Abderrazak Kilani, avocat et membre du conseil.
Au terme d’un trajet ponctué de contrôles policiers et d’une arrivée devant une prison encerclée par la police, Samia Abbou a pu voir son mari, très affaibli par sa grève, ne pouvant marcher qu’en prenant appui, ne tenant pas debout.

Le 19 mars dernier, parce qu’il avait demandé son transfert vers une autre cellule et refusé de réintégrer sa cellule où il subit toutes sortes de brimades de la part de ses co-détenus de droit commun, il a été battu, torturé par les agents pénitentiaires ; suite à quoi, il a été obligé de rentrer dans sa cellule où le matelas avait été retiré. Il ne lui reste que la paillasse en fer.

Il a suffit que Mohammed Abbou prononce le mot de « battu », pour que les agents pénitentiaires tirent un rideau le séparant de sa femme et de son fils, les obligeant tous à crier pour se faire entendre. C’est ainsi que s’est déroulée la visite pendant encore cinq minutes jusqu’à ce qu’il perde connaissance et tombe ; elle n’aura pas duré plus de sept à huit minutes…

Mohammed Abbou a demandé avait demandé à consulter un médecin en prison. Ce dernier e ! st bien venu mais ne l’a pas ausculté. Il s’est contenté de dire qu’il pouvait bien marcher. Il ne lui a prescrit aucun médicament et prodigué aucun soin.
Luiza Toscane, 30 mars 2006