Mohammed Abbou, incarcéré à la prison du Kef, est en grève de la faim depuis le 11 mars dernier. Aujourd’hui, son épouse, Samia, s’est rendue à la prison du Kef accompagnée de la mère de son mari, et de ses trois enfants qui n’avaient pas vu leur père depuis deux mois et demi.

Prison distante de plus de 250 km, trajet pénible, et scolarité obligeant, ces derniers ne peuvent se rendre chaque jeudi au parloir. Ils s’étaient fait une fête de rencontrer leur père en cette première semaine de congés scolaires : fébrilité, habits neufs, espoirs… Or toute la famille a été purement et simplement interdite de visite, sans explications. La déception fut à la hauteur des espérances et les craintes que Mohammed Abbou ne soit dans un état critique les plongea tous les cinq dans un état d’angoisse et de détresse. La seule explication avancée par l’administration fut : « On ne peut rien vous dire, il est puni ».

La semaine passée, c’est la sœur de Mohammed Abbou qui lui rendait visite. Comme il lui demandait où était Samia, cette dernière lui expliqua qu’elle était à Genève. Il a suffi que ce mot soit évoqué pour que sa sœur soit évacuée, au bout de quelques secondes.

Luiza Toscane, 23 mars 2006