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Depuis l’ouverture des inscriptions à l’élection présidentielle, le 2 août 2019, quelque 98 candidats à la candidature ont été enregistrés. Bien que ce chiffre puisse être interprété comme le signe d’une démocratie naissante en bonne santé, le topo réel de la situation, derrière les écrans, est bien différent. Commençons par le commencement. BCE est décédé le 25 juillet, le jour de la fête de la République. C’est dire qu’il a choisi son jour pour quitter le Palais et notre monde. Le 27 juillet, les funérailles présidentielles se sont merveilleusement déroulées. Un vice-président du parlement, devenu président de celui-ci, qui marche solennellement derrière le cortège et un ministre de la Défense qui a suivi le protocole mis en place pour cette situation. Quelques jours après, ces deux personnages publics ont été appelés à se porter candidats à la présidentielle. Surprise : avec toute l’audace et la bêtise du monde, d’autres concurrents se bousculent au portillon de Carthage.

Sur la table du jeu, le flop n’est pas encore tiré que la banque compte déjà ses pertes. Le gros joueur, avec son gang derrière lui, augmente la mise aveuglément. Spécialiste du Poker Face, il ne laisse aucune chance aux petits joueurs. Par contre, ces derniers se croient malins et suivent la mise en croisant les doigts. Les présidentielles ne sont jamais un coup de chance mais un guet-apens bien agencé. Alors que le comptage est interdit, les cartes donnent l’avantage aux gros joueurs. Pas d’alliances possibles à ce stade du jeu.

Parlons un peu des petits joueurs :

  • Il y a les has been qui misent sur leur passé glorieux
  • Il y a les fools qui invoquent les mythologies et les dieux d’une autre époque
  • Il y a les maquereaux qui veulent se faire du pognon
  • Il y a les candides qui croient encore aux valeurs de la république de Platon
  • Il y a les elfes et les ogres qui veulent établir le 5ème royaume
  • Il y a Gollum qui cherche encore celui qui chantera sa gloire
  • Et bien d’autres encore

La politique est un combat de catch dans la boue, tout le monde le sait. Mais sait-on que la politique se joue principalement dans les coulisses ? En réalité, peu importe qui sera élu président. Le plus important sera la combinaison du président de la République avec celui du parlement et du chef du gouvernement. Partons de là, la scène politique actuelle mène à la même fin, quel que soit le jeu de carte dans la main de chacun des joueurs.

Venons-en aux choses sérieuses : le prochain président élu, serait-il capable de sortir le pays du cul-de-sac, en osant affronter les vrais joueurs qui ne sont pas sur, mais sous la table ? Déjà les pronostics émergent dans les cafés aux couleurs des nuits chaudes de cet infernal été, un avant-goût de l’enfer qui nous attend suite aux dérèglements climatiques. Pis encore, nous ne savons encore rien des programmes des candidats que chacun a déjà commencé son cirque.

Entre partis, associations et indépendants, on nage en plein brouillard artistique. Mais les candidats sont-ils même capables de se poser les vraies questions (ne parlons pas d’y trouver des réponses)?

  • Quel plan pour alléger l’endettement public ?
  • Quelles solutions pour améliorer le pouvoir d’achat?
  • Quelles actions pour améliorer le taux de change du dinar ?
  • Quelles solutions pour faire baisser le chômage ?
  • Quel plan pour améliorer les infrastructures nationales?
  • Quelles alliances le candidat est-il prêt à nouer pour gagner ?
  • Qui proposera-t-il comme chef de gouvernement?
  • Sera-t-il prêt à quitter son poste si le peuple le demande ?

Bref, la mort du président et la présidentielle anticipée importent peu pour celui qui galère entre le mouton de l’Aïd et la rentrée scolaire. Finalement, les cafés sont toujours bondés à l’heure d’un match de foot, les mosquées à l’heure de la prière et les bars à l’heure de la débauche.