Par Atef Gadhoumi
Mais où sont passés les RCDistes ?
Ils étaient, pourtant, nombreux, trop nombreux voire encombrants, un adulte sur quatre, dira-t-on, et partout… dans les entreprises, dans les administrations, dans les milliers d’associations de la société civile … dominants, puissants et au-dessus des lois.
Ils osaient, pourtant, occuper bruyamment l’espace médiatique vénérant le “sauveur de la nation” et véhiculant un tas de messages à sa gloire.
Ils ont, pourtant, infiltré et noyauté le tissu associatif… putschistes et brutaux.
Ils passaient, pourtant, maîtres de la manipulation des élections, des lois, des chiffres, des statistiques et des témoignages “impartiaux” valorisant les “réussites” de l’ère nouvelle.
Ils occupaient, pourtant, sans partage toutes les fonctions de prise de décisions. Ils étaient l’État. L’État était eux.
Et pourtant, aujourd’hui et depuis le début de la révolte, on ne les voit plus. Les déboires de leur parti ne les font pas réagir. Ils se fondent dans la foule, dite, silencieuse et se terrent…
Mais qui sont les RCDistes ?
Ils ne sont, en fait, ni militants endoctrinés ni partisans par conviction. Le RCD est “une véritable coquille vide idéologique” comme l’écrivaient si justement Nicolas Beau et Catherine Graciet les auteurs de la “Régente de Carthage”.
S’agissant de leur rôle, ils ne sont que l’instrument de la propagande et de la désinformation à l’intérieur du pays, au fin fond du pays et à l’extérieur…Leur leitmotiv est le culte de la personnalité de Ben Ali, leur gagne pain…
Avec l’argent qui coule à flots, celui des contribuables, celui détourné, ils redorent le blason du parrain et de sa bande mafieuse.
Les RCDistes sont le premier rideau du régime hideux face à toute voix discordante.
L’appareil policier, répressif, en soutien, épie, intimide et pourchasse les militants qui avaient commis l’irréparable … le crime de lèse-majesté !!!
Les RCDistes sont-ils tous coupables ?
Coupables d’avoir adhéré au Rassemblement Constitutionnel Démocratique ?? L’affirmer serait, à mon avis, expéditif, dogmatique et outrageant pour ceux, résignés, ont désavoué, tout bas, l’hégémonie de leur parti.
La motivation des RCDistes est plurielle. Leur parcours n’est pas souvent le même. Mais tous avaient la carte du parti… un sésame exhaussant leurs intérêts les plus égoïstes ou leurs besoins les plus élémentaires … Ne serait-ce pas trop demandé de culpabiliser ce bon père de famille qui a troqué son alliance contre une bourse d’études pour son enfant ? contre une quelconque aide alimentaire ? ou, pis encore, contre une carte de soins gratuite ?? !!! A ce dernier, à ses semblables, on peut accorder des circonstances atténuantes. Mais il y a les autres.
Ceux qui ont vendu leurs âmes au diable. Conduits par un opportunisme à la hauteur de leurs ambitions, ceux-là ont pris, à bras le corps, le projet de la société tel défini par Ben Ali et ses acolytes. Sans scrupules, ils ont contribué au pillage du pays et à la désertification de la scène politique. Ceux-là : QU’ILS S’EN AILLENT TOUS !!!
La dissolution du RCD est-elle la solution ?
Elle est, à la fois, une demande du peuple et une manœuvre politicienne jouée par le Ministre de l’Intérieur en deux temps, conformément à la loi du 3 mai 1988 sur les partis, gel de ses activités puis recours à la justice.
Le RCD, en tant qu’organe politique, a disparu, par voie de fait, délaissé par ses “militants” le jour où son chef l’a “déserté” selon les propos de Mr Kaid Sebsi, le nouveau premier ministre, le jour où il s’est arrêté de satisfaire les intérêts des rapaces politico-financiers, le jour où il n’accomplit plus le rôle d’ascenseur socio-professionnel. Les RCDistes vont chercher ailleurs mais où ??!!
Pour que cela ne se reproduise plus !!!
L’assainissement du “milieu” politique est la condition sine qua non pour éviter à la Tunisie toute dérive hégémonique ou sectaire d’un parti au nom d’une personne, d’une religion ou d’une idéologie…
La séparation des partis de l’État, la révision des lois régissant la vie politique, le contrôle du financement des partis … sont autant de mesures qui peuvent contribuer, peu soit-il, à l’émergence d’une République irréprochable.
Plus jamais ça mais, en politique, il ne faut jamais dire : jamais …
“Ceux qui ont vendu leur âme au diable par opportunisme”,c’est la majorité d’entre eux malheureusement.
Ce qui est dans notre nature ne change pas comme dit le proverbe arabe.
L’assainissement/contrôle du cadre politique est la seule solution à cet opportunisme ravageur pour le pays.
Il faut qu’ils comprennent que lêcher les bottes et “porter le couffin” n’apporte plus rien…ou du moins tellement moins que ça ne vaudra plus le coup de le faire.
J’attends avec impatience l’installation d’une justice indépendante…
j’espère que cela soit une leçon à tous ceux qui veulent voiler les réalités et sous-estiment la force du peuple!!!
Rien ne se perd tout se transforme.
un DEVOIR Physic?
l’etulite’ de l’Outil et l’etulite’ de l’Uninte’de l’Outil.
faite votre analysation pour la situation acctuel en Tunisie
et comparisez avec la REVOLUTION Francaice et la REV.Bolchevique .
moi je suis contente de la dissolution du RCD parceque je n’ai pas trouvé à qui présenter ma démission
La décision de dissolution du RCD est une excellente nouvelle!
Espérons que les RCD ne vont pas faire appel. Cela ne servira pas à grand chose, de toute façon.
Comme a dit l’avocat Faouzi BEN MRAD, inutile d’essayer de réanimer un organisme qui est déjà mort.
Les Rcdistes…c’est la “majorité silencieuse” de El Menzah de Mohamed Ghannouchi….
Soyons constructifs. Arrêtez de tirer sur les gens et surtout de dire des âneries…
La décision de dissolution du RCD est une bonne nouvelle!
Espérons que les RCD ne vont pas faire appel. De toute façon cela ne servira pas à grand chose.
Comme l’a dit l’avocat Faouzi BEN MRAD, cela ne sert à rien de chercher à réanimer un organisme déjà mort.
Monsieur Le webmaster, que se passe-t-il?
soit le message ne passe pas, soit il passe en double?
Le parti unique, idée unique, mal unique a été officiellement institué en 1963 et enjolivé sous forme PSD puis RCD pour nous servir pendant cinquante ans une dictature faite d’oppression, de suppressions, de compromissions et de mauvaise gestion, au détriment de la majorité des citoyens. Aujourd’hui, nous sommes un peuple meurtri, certes, mais libre et heureux d’avoir vaincu les forces du mal. Heureux aussi de montrer le chemin à d’autres peuples, compagnons d’infortune. Rassemblons-nous, ouvrons-nous bien les yeux et mobilisons-nous contre le retour de toute forme de dictature.
PAR SEIF SOUDANI, 30 ans, assistant universitaire
Le cas Takriz nous interroge plus que jamais sur la question des filiations politiques et des idéologies. Ou plus précisément, comment un apolitisme apparent peut en réalité cacher une idéologie aux contours des plus clairement identifiables. Cet ex groupuscule issu de la mouvance des Ultras des des stades de football (selon le propre aveu de ses leaders) compte aujourd’hui pas moins de 40.000 fans sur sa page Facebook et une capacité de nuisance qui n’est plus à prouver.
Pourquoi Takriz séduit-il tant ?
Au dernier rassemblement sit-in de la Kasbah à Tunis, le mot d’ordre était “pas de politique”. Ainsi “la politique nous diviserait”, or il fallait rester unis dans la contestation, ceux qui ont vainement essayé de distribuer des tracts de partis politiques afin de mieux faire connaitre leurs mouvements l’ont appris à leurs dépens : tracts confisqués. Idem lorsque il s’est agi de procéder à la gigantesque prière de rue ostentatoire aux airs de démonstration de force politique : ceux qui ne participèrent pas au rituel religieux furent parfois montrés du doigt et sentirent même une sans doute une certaine pression tacite de crainte de paraitre suspects. Le soir-même, dans les médias, certains jeunes journalistes proches de milieux de la culture rap / hip-hop présentèrent ce climat de consensus comme une marque de “grande maturité politique”…
Jusqu’où peut aller l’apolitisme et l’inculture politique ? Faut il s’unir main dans la main avec les extrêmes quitte à risquer que ceux-ci ne réclament leur part du gâteau révolutionnaire à l’arrivée ?
Il faut le reconnaitre, l’entité Takriz a constitué l’une des premières formes de cyber dissidences au sein de l’opposition tunisienne, œuvrant depuis 1998 sous forme d’une simple mailing list. Depuis un site assez actif fut construit et a permis de fédérer très tôt nombre de jeunes militants, des 18-25 ans essentiellement. Il faut dire que les deux membres fondateurs, “Foetus” (un expatrié vivant entre Paris, Londres et Tunis) et “Waterman” (proche des milieux identitaires islamistes et admirateur de Tariq Ramadan) font preuve d’un prosélytisme assez acharné (spam, etc.). Mais le succès relatif de Takriz est avant tout populaire : le groupe trouve une assise populaire auprès des jeunes de quartiers souvent défavorisés qui se reconnaissent dans certains traits ouvertement populistes de ses leaders : langage ordurier (dès le nom délibérément grossier du mouvement) et aspect rentre-dedans conjugué au sensationnel d’actions chocs et d’opérations coup de poing.
Plus facile dans ces conditions d’adhérer, de s’identifier à un discours qui flatte les instincts les plus primaires, que de se reconnaitre en les élites politiques du pays.
D’où la rhétorique sciemment anti-intellectualiste du mouvement qui ne manque aucune occasion de dénoncer les intellectuels engagés qu’ils méprise au motif qu’ils ne sauraient pas faire du terrain et sont donc “inefficaces”. “ACAB”, acronyme de “All Cops Are Bastards”, le genre de slogans omniprésents qui annoncent la couleur chez Takriz.
Autre pierre angulaire du mouvement : le culte de l’anonymat le plus strict. Tous les membres sont invités à agir derrière des pseudonymes. Néanmoins, là où cela pouvait apparaître comme légitime et de bonne guerre du temps de la lutte anti Ben Ali, le fait que l’anonymat ait survécu à la chute du régime a de quoi laisser dubitatif quant aux intentions futures du groupe, lui qui craint visiblement de tomber dans le chômage technique de facto. Alors même que la tension semblait être retombée, la poursuite de l’action systématiquement violente, cherchant à tout prix l’affrontement avec les forces de l’ordre quitte à le provoquer, trouve une autre explication dans le fait que le championnat de football tunisien soit suspendu depuis bientôt 3 mois, de quoi vous affoler un Ultra en manque de chahut et de casse.
Aussi la dernière sortie des deux protagonistes est une vidéo fleuve de 40 minutes à l’occasion de laquelle ils réaffirment leur appartenance aux Ultras des stades. Il convient de rappeler pour les plus novices à ce sujet que l’équivalent en Occident de cette catégorie particulière de supporters est parmi les rassemblements les plus racistes et décomplexés d’exaltation de pulsions fachisantes et identitaires, n’hésitant pas à arborer des croix celtiques (le logo de Takriz n’est d’ailleurs pas sans rappeler une référence à ces croix) et faire le salut nazi entre autres appels à la haine dans les stades européens, comme en voit plus fréquemment dans ceux du club de la Lazio de Rome. Un fléau donc combattu mais qui contient de sévir dans des démocraties pourtant des plus exemplaires. Une preuve en soi de la non interdépendance de cette forme de violence avec le régime politique quel qu’il soit, contrairement à ce que prétendent les gens de Takriz.
Ainsi, la vidéo a aussi fait la part belle au sarcasme anti laïcité, qualifiant de stupides ceux qui formulent des gages en faveur d’une gouvernance laïque alors que l’on est selon Takriz toujours sous une dictature invisible. Or, il suffit d’un peu de bon sens pour comprendre qu’au contraire, démocratiser sans séculariser au préalable conduit immanquablement au risque élevé de voir précisément l’avènement au pouvoir d’un parti religieux et fasciste.
Cela m’amène à une anecdote plus personnelle, lorsque dès l’été 2010, Fœtus, le numéro 1 du mouvement pris contact avec moi en vue d’intégrer l’équipe dirigeante. Lorsque, prudent, je demandai naturellement des garanties quant à la laïcité et aux principes anti fascistes du groupe, celui-ci a émis une fin de non recevoir après consultation avec l’influent Waterman, fermement opposé à toute distanciation vis-à-vis de l’islamisme dont il pense qu’il n’est qu’une invention du pouvoir pour se maintenir en place. Cela signa par conséquent la fin de mon contact avec eux, d’autant qu’ils faisaient déjà preuve d’un silence pour le moins suspect vis-à-vis des agissements d’Ennahdha et plus généralement de tout fondamentalisme ou danger intégriste en Tunisie, si ce n’est pour en nier catégoriquement toute existence. Ennahdha avec lequel, détail édifiant, ils partagent du reste la même base arrière légale : Londres, connu pour sa protection à l’anglo-saxonne des plus communautaristes des mouvements au nom du sacro-saint “freedom of speech”. Autre point commun avec le parti islamiste, l’argent ne semble pas être un problème et les moyens ne manquent pas même en période de crise.
Mais c’était sans compter le fonctionnement en parfait parasite du même Foetus qui entre temps puisa sans mon autorisation dans les plus “high profile” de mes contacts occidentaux (figures influentes du web) pour les convertir à sa cause en pleine période Wikileaks et opération Anonymous, en se faisant passer pour un proche d’Assange. C’est que derrière le prétendu désintéressement politique, les leaders takrizards nourrissent des ambitions pour le moins mégalomaniaques. Ce besoin de reconnaissance est même allé jusqu’à une certaine recherche de gloire politique en revendiquant plus récemment à eux-seuls le départ de l’ex premier ministre M. Ghannouchi que l’un de leurs gourous revendiqués de la première heure, Jalel Brick, un souverainiste obsédé par “l’ingérence étrangère”, menaça “d’égorger” en cas de non démission après ultimatum. La violence de leurs hordes de casseurs aux ordres lâchées au centre-ville qu’ils ont pillé ayant achevé selon eux de faire le reste. Mais ne comptant pas en rester là, nos deux amis footeux entendent “mettre au pas” la police nationale qu’ils jurent “d’humilier durablement”… Qu’importe le chaos sécuritaire ainsi que ce qu’ils appellent les “quelques dégâts matériels contingents” (entendez le saccage méthodique et criminel des infrastructures du pays).
Par ailleurs, et selon une parfaite logique “rouge-brune”, le groupe fait la part belle aux vidéos de propagande d’anarchistes d’extrême gauche (leaders du PCOT en tête), le dénominateur commun étant la radicalité du propos. Chose que le principal protagoniste agitateur, Fœtus, se garde bien de mettre en avant à l’occasion de ses interviews dans des médias français (radios, presse et sites web), où son français presque parfait en fait un client idéal pour parler d’une révolution qu’il salit pourtant davantage qu’il ne la instiguée. Récemment encore, l’intéressé s’est offert une page de plébiscite dans le site de Michel Collon, figure connue de l’antisionisme et proche de milieux antisémites et conspirationnistes comme le réseau Voltaire.
Récapitulons donc : Hooliganisme, anti intellectualisme, discipline rigoureuse, sens de l’organisation en réseaux occultes, culte de la personnalité, anti laïcité, autoritarisme, penchant pour la lutte violente, goût prononcé pour la provocation et l’injure, bellicisme, conspirationnisme, sexisme, conservatisme identitaire, etc. L’ensemble porte un nom en politique : ce sont là autant de valeurs propres à l’extrême droite la plus fondamentalement violente et primitive.
L’épisode Takriz et notamment les nombreuses défections et départs des plus naïfs de leurs éléments qui ont succédé aux violences de la fin du mois de février, doit donc servir de leçon à ceux qui ont ne serait-ce qu’un semblant de culture politique la plus élémentaire : Avant de cautionner un mouvement, quand bien même celui-ci se présenterait comme apolitique, pour éviter escroqueries et désillusions, il est nécessaire de se renseigner minutieusement sur les orientations politico-idéologiques des uns et des autres, sachant que la barbarie originelle est bien d’extrême droite, et que l’absence de tout projet politique, et surtout la prétendue non appartenance au clivage gauche / droite (leit motiv des partis populistes), cachent bien souvent un positionnement tellement à l’extrême droite que la grille de lecture politique traditionnelle ne sert pas ses intérêts de propagande. Démocrates et républicains doivent savoir que les alliances stratégiques même dans l’adversité ont leurs limites. Celles-ci commencent généralement avec les anti démocrates avec lesquels on ne saurait composer au risque de le regretter.
Enfin, ne jamais se fier aux seuls slogans grandiloquents de “Liberté”, “anti censure” et autres formules pompeuses que l’extrême droite affectionne généralement pour mieux noyer le poisson et brouiller les pistes. Les slogans et effets d’annonce ayant décidément bon dos, l’un des sites néo fascistes les plus populaires en France et alliés à Takriz pousse même le vice jusqu’à s’appeler “Égalité et Réconciliation”. Tout un programme.
Takriz a certes été anti Ben Ali, pour autant il n’a jamais été pro Tunisie.
Crédit Photo : Zied Ben Miled
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Seif Soudani
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letaiefhind Nous ne voulons pas de fachisme en Tunisie, nous devons proteger notre revolution contre ce mouvement barbare
Publié sur 10/03/11 21:26.
Merci M Soudani pour cet article que je qualifierais de « dépolluant » nécessaire pour introduire le débat sur l’importance – pour ne pas dire l’urgence – de l’engagement politique dans la Tunisie
post-dictature…