Les accords dits «open sky» désignent les accords d’ouverture du marché des transports aériens, anciennement régulés par des accords bilatéraux entre Etats. Historiquement, le nombre et la fréquence des lignes aériennes étaient fixée par les Etats, qui cherchaient naturellement à avantager ou protéger leurs compagnies nationales respectives. Dans une logique de mise en concurrence «libre et non-faussée» des acteurs du secteur, l’Union européenne a créé dans les années 2000 un «ciel unique», sorte de marché commun du trafic aérien, qui s’est substitué aux accords bilatéraux entre Etats membres. D’autres pays, comme les Etats-Unis, et plus récemment le Maroc, ont également signé des accords open sky avec l’UE.

Le 11 décembre dernier, Tunis et Bruxelles ont à leur tour clôturé les négociations, entamées en 2007. Mais l’accord n’a pas encore été signé. Le texte doit auparavant suivre des procédures de ratifications internes en Tunisie et en Europe. «Etant donné que les procédures de ratification d’un accord international sont longues dans les Etats membres, l’accord sera appliqué sur un plan administratif dès la notification de la ratification de  l’accord par la Tunisie», précise un responsable de l’Union européenne, contacté par CheckNews.

L’Opensky permettra à de nouvelles compagnies aériennes de travailler en Tunisie. Des vols low-cost, notamment, devraient faire leur apparition sur le marché. L’accord «offrira un choix plus large et des tarifs moins élevés, et devrait se traduire par 800 000 passagers supplémentaires sur une période de cinq ans», estime la Commission européenne dans un communiqué. «On estime que l’accord pourrait générer 2,7 % de croissance du PIB liée aux voyages et au tourisme, et accroître le trafic annuel de près de 13 % par an». Les compagnies historiques, comme Tunisair et Air France, devraient en souffrir. Mais le secteur du tourisme tunisien, sinistré, a désespérément besoin de visiteurs.

Pour protéger Tunis Air (dont l’Etat tunisien est l’actionnaire majoritaire), l’accord prévoit cependant que l’aéroport de la capitale, «Tunis-Carthage», sera exclu de l’open sky pendant une période de cinq ans, jusqu’à «l’achèvement de réformes», selon le ministère du Tourisme.