Une traditionnelle convergence des expressions artistiques marginales, dont le cinéma indépendant et la scène musicale émergente, s’est développé, durant la dernière décennie, assez pour donner vie à des collaborations entre jeunes cinéastes et artistes issus des milieux underground. L’annonce de l’entrée d’« A peine j’ouvre les yeux » en course pour un Oscar nous le rappelle.
Joujma – Ala Hallet Aïni
Récemment pré-sélectionné à la course pour l’Oscar du meilleur long métrage en langue étrangère, A peine j’ouvre les yeux , film multi-récompensé de Leyla Bouzid sorti en 2015, propose une bande originale atypique aux airs aussi rock que maghrébins. Réunie autour du jeune compositeur irakien Khyam Allami, des musiciens tunisiens, convertis en acteurs, ont créé pour l’occasion une formation musicale éphémère baptisée Joujma, faites de personnages centraux du film. Ils sont Montasser Ayari (oud), Deena Abdelwahed (clavier & electronics), Marwen Soltana (bass) et Youssef Soltana (batterie). L’actrice Baya Medhaffar y assure la voix. Les paroles sont signées Ghassen Amami. Une production de Nawa Recordings.
Hamzaoui Med Amine & Crack – Sidi Arbi
Pour habiller en musique l’univers comique délirant de son court-métrage « Ghasra » (2015), le réalisateur Jamil Najjar a fait appel aux phrasés des rappeurs Ahmed Crack et Hamzaoui. D’ailleurs, l’artiste originaire de l’Ariana a déjà prêté ses rimes au réalisateur Mohamed Damak dans Jeudi Après-midi en interprétant le personnage d’un rappeur. D’ailleurs, il est de retour à ses premiers amours en réenfilant la casquette d’acteur dans le cinéma après quelques expériences télévisuelles. Il vient de tourner dans le nouveau long métrage tunisien « Vent du Nord » de Walid Mattar.
Badiaa Bouhrizi – 3al 3zouza el-Hayma
Pour un retour sur la lutte du Bassin Minier en 2008 et sa répression dans le blackout médiatique, le réalisateur Sami Tlili a enrichi les images de son documentaire Maudit soit le phosphate (2012) par un morceau signé Badiaa Bouhrizi en 2009. Fidèle à son approche minimaliste, cette artiste contestataire s’émancipe des diktats de l’orthodoxie musicale pour un monologue suivi par des mélopées vocales. Le propos bascule de la narration satirique à la dénonciation, toujours sur un ton nihiliste.
Bendir Man – Chak Wak
Sorti en 2010, ce morceau a été spécialement composé pour le moyen-métrage éponyme de Nasreddine Shili, avec Atef Ben Hassine, Lamine Nahdi et Fatma Ben Saidane. Ses paroles ont été inspirées par l’histoire du film. « L’imam de la mosquée du village ‘’Chak Wak” est mort. Les responsables ont décidé d’ouvrir un concours pour recruter un nouvel Imam avec des avantages et un salaire alléchant », résume le synopsis de cette critique satirique de la montée du conservatisme religieux. Il s’agit du premier enregistrement studio de Bendir Man, à l’époque artiste dissident contraint à la clandestinité.
Balti – Baltiroshima
Les mésaventures de Sami El Pac dans les ruelles sombres d’un Tunis difficile à vivre carburent au rap de Balti. C’est le choix qu’a fait Mohamed Ali Nahdi pour son premier court-métrage Le Projet (2009). Et il n’est pas le premier à étoffer son film avec la musique du rappeur originaire de Sidi Hsin. Marouane Meddeb avec son film amateur Crocs Urbains (2005) et Mohamed Zran avec son long-métrage Le Prince (2004) l’ont précédé. D’ailleurs, le cinéma a contribué à la croissance de la notoriété de Balti et, plus généralement, à la reconnaissance du rap dans les milieux artistiques en Tunisie.
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